Lincoln MKZ 2018: À la recherche du temps perdu
Ce n’est pas d’hier que Lincoln tente de rivaliser avec les géants de l’industrie et les efforts déployés n’ont pas manqué au fil des ans. Pourtant, les résultats n’ont pas été toujours probants. La plus récente version de la MKZ permettra-t-elle à la marque de luxe de Ford d’enfin se démarquer?
Tout d’abord, il convient de rappeler qu’après des années de vains essais, Lincoln ne tente plus de battre les pinacles de dynamisme que sont les Mercedes-Benz, BMW et Audi. Durant ce temps, elle a perdu son identité. Avant de régler un problème, il faut d’abord le reconnaître. Et c’est ce qu’a fait Lincoln avec la MKZ. La nouvelle Continental et le Navigator profitent de ce renouveau et, comme la MKZ, s’adressent désormais aux acheteurs de Buick, d’Acura ou de Lexus.
Arrêter à mi-chemin
L’an dernier, Ford a donné un bon coup de barre en apportant moult modifications à sa MKZ. Tout d’abord, les designers ont entièrement revu la partie avant, éliminant enfin l’affreuse grille qui ressemblait «au filtre à plancton d’une baleine», dixit notre collègue Marc-André Gauthier dans le Guide 2017. L’ensemble est maintenant beaucoup plus moderne. Cependant, la partie arrière est demeurée inchangée. Allez savoir pourquoi! Le nouveau look est réussi, mais juste à moitié…
Dans l’habitacle, plusieurs améliorations ont aussi été apportées lors du grand changement de 2017. Outre plusieurs détails de présentation, c’est surtout le retour des commandes rotatives qu’il convient de souligner. Adieu, bandes à effleurement qui faisaient sacrer à coup sûr! Souhaitons que l’ensemble de la planète automobile abandonne ces abominations qui obligent le conducteur à toujours quitter la route des yeux.
Quand vient le temps de magasiner une MKZ, il faut faire ses devoirs quant au choix des différentes motorisations proposées. L’offre commence avec un quatre cylindres 2,0 litres turbo (2.0T) développant 245 chevaux. Les performances de ce moteur sont satisfaisantes pour quiconque n’a pas de grandes attentes dynamiques. Si l’on n’est pas trop vilain avec l’accélérateur, il est possible de s’en tirer sous les 10 litres/100 km. Le moteur optionnel est nettement plus déluré. Il s’agit d’un V6 de 3,0 litres biturbo (3.0T) déballant 400 chevaux et autant de couple. Et là, ça avance! Mais en engloutissant facilement un ou deux litres de plus tous les cent kilomètres.
Ces deux moteurs sont séparés du rouage intégral par une boîte de vitesse à six rapports. Cette boîte est à l’image de Lincoln, effacée. Elle fait parfaitement son boulot et il est possible de manier les rapports soi-même, même si l’ordinateur n’hésite pas à reprendre les choses en main quand ça lui chante. Aussi, comme mentionné, le rouage intégral arrive de série, ce qui est une excellente chose, compte tenu de notre climat.
Sportive de salon
La MKZ propose d’ailleurs, en option, trois modes de conduite, ce qui permet au conducteur de sélectionner les fonctions CONFORT, NORMAL ou SPORT. Dans ce dernier mode, la boîte automatique pousse les révolutions du moteur un peu plus vers la ligne rouge. Mais sans la brutalité, ni la symphonie qui l’accompagne, du V8 surcompressé de la Shelby GT350 poussé à ses limites. La suspension et le volant deviennent en outre un peu plus rigides, ce qui améliore les sensations sur la route. Encore une fois, toute comparaison avec la GT350 est superflue… On aura compris que la conduite d’une MKZ ne procure pas de véritable émotion.
La MKZ se décline aussi en version hybride, fort intéressante. Son quatre cylindres 2,0 litres de 141 chevaux est marié à un moteur électrique de 118 chevaux. Ensemble, ils totalisent 188 chevaux. Rien pour arracher le bitume quand le feu passe au vert mais, justement parce que cet ensemble est vert, il n’y a pas de quoi voir rouge. La batterie lithium-ion de 1,4 kWh permet au moteur électrique d’assister le moteur à essence, sans plus. Cette MKZ Hybrid est... un hybride, donc sans aucune autonomie électrique. Cependant, alors que les autres MKZ lèvent facilement le coude (pour autant qu’une voiture ait un coude!), celle-ci autorise une consommation très retenue.
La Lincoln MKZ a beau représenter le premier (et intéressant) jalon de la nième renaissance de Lincoln, elle n’a toujours pas atteint le niveau de ses nouvelles concurrentes, ne serait-ce qu’au chapitre de l’identité. Buick, par exemple, ne l’a pas eu facile depuis vingt ans, mais elle a su conserver son public. Pendant ce temps, Lincoln tirait sur tout et ratait ses cibles. Il reste encore à la marque de luxe de Ford beaucoup de chemin à faire…
Feu vert
- Style enfin moderne
- Performances très correctes (V6)
- Économie d’essence notable (hybride)
- Rouage intégral de série (sauf hybride)
- Voiture très confortable
Feu rouge
- Crise identitaire pas encore terminée
- Conduite sans âme
- Certaines versions très chères
- Pas de rouage intégral pour l’hybride
- Voiture trop lourde