Mitsubishi Lancer 2018: Comme une main qui sort de terre dans un cimetière…

Publié le 1er janvier 2018 dans 2018 par Alain Morin

La Lancer n’est plus. Celle qui a donné au monde du rallye de très beaux moments, celle qui a fait rêver une génération d’ados avec ses démentes EVO, celle qui a trimballé des centaines de milliers de personnes désirant un moyen de transport honnête et peu dispendieux prend sa retraite, presque en pleine gloire. Si les ventes canadiennes et québécoises se maintenaient, aux États-Unis, c’était une autre histoire. Plutôt que de donner à sa (encore) jolie compacte les outils pour se battre, Mitsubishi a simplement décidé de la retirer du marché.

Sans doute pour remercier le Canada de son assiduité envers sa vieillissante Lancer, Mitsubishi va continuer à l’offrir jusqu’aux premiers mois de 2018, toujours en tant que modèle 2017 par contre. Une édition commémorative devrait aussi être offerte. Bien que cette ultime itération se vendra sans doute plus cher, je serais surpris qu’elle devienne un objet de collection dans 50 ans.

Ridée, et pas déridante

La Lancer actuelle a commencé sa carrière en 2008 et onze ans plus tard, elle n’a guère changé. Signe qu’elle était bien née, son style est encore d’actualité et ses mécaniques ne donnent pas l’impression qu’on conduit un tracteur. S’il y a un endroit où elle accuse son âge, c’est dans l’habitacle. Le design du tableau de bord a quelque peu évolué avec le temps, mais pas suffisamment. On peut certes se passer du style pour aller du point A au point B, mais dans la Lancer, il faut aussi composer avec des plastiques cheap qui siéraient mieux à un Nova 1973. Bon sang que c’est noir dans l’habitacle d’une Lancer! Quant au système multimédia, il répond aux normes actuelles, sans plus.

Les sièges avant sont passablement confortables, même après de longues heures de route. À l’arrière, on ne peut en dire autant, et les gens mesurant six pieds risquent de ressortir de la voiture avec un peu moins de cheveux. Le coffre, déjà l’un des plus petits de la catégorie, se voit en plus amputé de précieux litres, lorsque le système audio Rockford-Fosgate optionnel est choisi, puisqu’il amène un gros « sub » dans le côté gauche. Il y a aussi la version Sportback, une Lancer à hayon, beaucoup plus polyvalente.

Le moteur de base de la Lancer demeure le même bon vieux 2,0 litres de 2008. À l’époque, il livrait 152 chevaux et un couple de 146 livres-pied. Avec les années, ces données ont été revues à la baisse et il développe maintenant 148 chevaux et 145 livres-pied. En réalité, il développe beaucoup plus de décibels que de chevaux… Au moins, il est fiable. Une boîte manuelle à cinq rapports et une boîte à rapports continus (CVT) optionnelle sont au programme. Inutile de vous le cacher, ce moteur n’est intéressant que dans la mesure où il permet d’obtenir une Lancer à bas prix.

L’autre moteur est beaucoup plus intéressant. Excusez, je reprends ma phrase. L’autre moteur est intéressant. Il s’agit d’un 2,4 litres déployant 20 chevaux et 22 livres-pied de plus que le 2,0 litres. Cela n’en fait pas un moteur digne de la feue EVO mais, au moins, on ressent un début d’agrément de conduite au volant. Sauf qu’il y a la boîte CVT, mal adaptée à ce moteur, qui donne l’impression de bouffer la moitié de son écurie, même si elle simule huit rapports qu’on peut passer grâce à des palettes au volant. D’office, les roues avant sont motrices et certaines versions reçoivent le rouage intégral. Ce rouage est étonnamment efficace et il y a même la possibilité de verrouiller le boîtier de transfert, ce qui en fait un véritable tracteur dans la neige. Pour certains, il pourrait s’agir d’une alternative à la Subaru Impreza.

Qualifier le comportement routier de la Lancer de raffiné serait grandement exagéré. Toutefois, ce n’est pas la catastrophe anticipée, merci à la plateforme très rigide. La suspension autorise un bon niveau de confort tout en contrôlant bien le transfert des masses dans les courbes.

Si l'on pouvait refaire le passé…

La Lancer est dépassée. Sauf que pour une majorité de gens, elle représente un très bon moyen de transport, relativement peu coûteux à l’achat, fiable et soutenu par une excellente garantie.

La Lancer nous quittera sous peu, après quelques mois de sursis. Il aurait été intéressant de voir ce qu’elle aurait pu devenir si Mitsubishi lui avait donné les moyens de se battre. N’oublions pas que, à l’image de Suzuki, dont la division automobile n’a plus pignon sur rue au Canada, Mitsubishi est une immense corporation ayant des ramifications dans une foule de domaines et l’automobile ne représente qu’une partie de ses activités. Et l’Amérique ne semble pas compter beaucoup dans cette partie. Outre la dérisoire Mirage, Mitsubishi n’offrira plus que des VUS, la Lancer et la i-MiEV étant retirées du catalogue 2018. Dommage.

Feu vert

Feu rouge

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×