Quand Mazda crie au loup, c’est la voiture autonome qui souffre

Publié le 31 mai 2018 dans Technologie par Alain McKenna

Passer derrière le volant d’un véhicule Mazda doté du système de surveillance des angles morts, c’est se faire avertir sans arrêt pour rien. À quoi bon?

En matière de technologie automobile, on peut dire que Mazda fait les choses à sa façon. Le petit constructeur japonais n’a pas succombé aux sirènes de la turbocompression, ne croit toujours pas à l’électrification (mais ça s’en vient…), et n’a certainement pas le goût d’être la première marque à mettre en marché une voiture entièrement autonome.

Quand ton slogan a été, pendant plus d’une génération, « Vroum-Vroum », c’est que tu juges prioritaire de garder les mains sur le volant. Mais en matière de conduite autonome, pour paraphraser son tout nouveau slogan publicitaire, l’industrie automobile, elle, « elle est rendue là ».

Mazda, qui voit bien l’effet positif des systèmes d’assistance à la conduite sur le bilan routier, ne peut pas rester les bras croisés. C’est pourquoi ses véhicules, même s’ils sont loin de se conduire tout seuls (grand bien leur fasse), manifestent tout de même connaître leur désaccord si l’on décide de changer de voie en catimini, ou si l’on risque de frôler de trop près un autre véhicule.

La nouvelle Mazda6 2018 est un exemple d’intégration de ces technologies. On y trouve notamment les Smart City Brake Support et Smart Brake Support (SCBS et SBS), qui préviennent les collisions frontales. Il y a aussi le Lane Keep Assist System (LKAS), qui retient un peu la direction si la voiture semble vouloir changer de voie sans le signaler d’abord.

Et il y a ensuite le système Blind Spot Monitoring, ou BSM.

Bi-bi-BIP!

Le Guide de l’auto le constate depuis des années, les véhicules Mazda sont raffinés, et savent atteindre cet équilibre entre confort et agrément de conduite. Ces dernières années, des améliorations technologiques ont permis d’en faire la gamme affichant la meilleure amélioration du bilan énergétique en Amérique du Nord, leur consommation moyenne de carburant ayant sensiblement baissé, au fil de renouvellement des modèles au catalogue.

Bref, tout baigne, chez Mazda. Sauf une chose : cette alerte fort agaçante qui retentit dès la moindre activation du clignotant, quand on désire changer de voie, ou quand on tourne à une intersection. En principe, celle-ci doit avertir d’un véhicule dans l’angle mort que l’on risque fort de percuter en changeant de voie. L’idée est d’ajouter une certaine « intelligence » à la voiture, qui assiste ainsi une conduite jugée erratique.

Mais quand la voiture dans l’angle mort est, en réalité, loin dans le rétroviseur, le triple bip de cette alerte est inutile. À la longue, il devient fort irritant. Surtout que la voiture ne peut distinguer un virage à un feu rouge (auquel cas on doit aussi utiliser le clignotant) d’un changement de voie, sur l’autoroute. Si on a le malheur d’être sur une route à deux voies, devinez ce qui se fait entendre, pour aucune raison valable?

Oui, l’alerte à l’angle mort.

Que fait-on pour corriger le problème? C’est simple : on désactive cette assistance à la conduite, ce qui se fait dans les réglages de sécurité, à l’écran du système multimédia de la voiture. Dans le même menu figurent également les réglages des autres aides à la conduite, comme le freinage intelligent.

Dans ce cas, Mazda laisse le conducteur choisir la distance qu’il souhaite laisser entre lui et le véhicule qui le précède, avant que le système ne s’engage.

On se demande pourquoi ce même réglage n’est pas offert pour laisser au conducteur le soin de déterminer l’ampleur de son angle mort.

Parce qu’en criant au loup, comme dans la fable, ce système ne sert à rien pour protéger d’une éventuelle collision, puisqu’on ne lui accorde rapidement plus aucune importance.

Et on voit mal comment un tel dispositif, sur lequel reposent les autres technologies qui mèneront éventuellement à une conduite autonome sans intervention du conducteur, peut rassurer sur l’avenir de l’intelligence automobile.

En d’autres mots, quand Mazda crie au loup, c’est la voiture autonome qui en paie le prix.

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