Chevrolet, de la Classic Six à la Corvette C8

Publié le 16 août 2018 dans Voitures anciennes par Alain Morin

En 1908, William C. Durant, aussi connu sous le nom de Billy Durant, fonde la General Motors. Hommes d’affaires charismatique et visionnaire, Durant a toutefois la mauvaise habitude de voir trop grand, achetant entreprise après entreprise; Buick, Oldsmobile, Cadillac, Oakland qui deviendra Pontiac, Cadillac, Cartercar et Reliance Motor Truck pour ne nommer que celles-là. Dès 1910, Durant perd la direction de GM, les créanciers étant effrayés devant le taux d’endettement occasionné par ses achats compulsifs.

Le 3 novembre 1911, remis de ses émotions, Durant fonde la marque Chevrolet. Le nom Chevrolet, un nom à la consonance bien peu américaine, n’est pas choisi au hasard. À ce moment, le Français Louis Chevrolet est un pilote de course connu, mieux, reconnu. Durant s’associe sans doute davantage au nom qu’à l’homme pour créer la marque éponyme. Il y a aussi fort à parier qu’il la fonde plus pour regagner le contrôle de la General Motors que pour faire plaisir à Louis Chevrolet!

La première voiture qui naît de cette union est la Series C Classic Six, construite en 1913 et 1914. Cette voiture devait affronter la Ford Model T, bien que cette dernière soit moins bien finie et moins puissante. La Classic Six a droit à un six cylindres en ligne de 40 chevaux.

Un nœud papillon pour faire chic

C’est en 1914 que le logo au nœud de papillon est associé à la marque Chevrolet, logo qui est encore utilisé. Selon la légende, Durant aurait vu cette image sur la tapisserie d’un hôtel parisien et l’aurait reprise pour représenter Chevrolet. La réalité semble moins poétique… le 12 novembre 1911, neuf jours après la fondation de Chevrolet, The Constitution, un journal d’Atlanta en Georgie, publie une publicité de briquettes de charbon. Dans cette publicité, on retrouve, parait-il, un logo étrangement semblable à celui qui sera utilisé sur les modèles Chevrolet. Du plagiat dans le domaine de l’automobile naissante? Impossible…

Photo: Chevrolet

Quoi qu’il en soit, il n’est pas long que des différends opposent Louis Chevrolet et Billy Durant. Dès 1914, ce dernier achète les parts de l’autre. Chevrolet reprend sa carrière de pilote automobile et fonde la Frontenac Motor Corporation. À ne pas confondre avec la marque créée par Ford Canada en 1960! La Frontenac de Louis Chevrolet réfère plutôt à des voitures de course de haut niveau. Ruiné par la crise économique des années 30, Louis Chevrolet retourne comme simple mécano à Detroit et s’éteint en 1941.

Durant reprend le contrôle de la General Motors et lance les hostilités

Les succès de la marque Chevrolet permettent à Durant de reprendre le contrôle de la General Motors en 1917 et, depuis ce moment, Chevrolet, Chevy pour les intimes, fait partie du géant américain.

En passant, la guerre Ford – Chevrolet daterait de 1924 alors que William Knudsen, un haut dirigeant de Ford, fait défection et se retrouve chez Chevrolet. Le vieil Henry n’aurait pas digéré l’affront, d’autant plus que son Model T commençait à connaître un peu moins de succès et que Chevrolet devenait de plus en plus populaire. À partir de ce moment, chaque fois que Chevrolet lance un modèle, Ford réplique avec un produit généralement plus abouti. Et vice-versa.

Il serait fastidieux d’énumérer les différents véhicules fabriqués par Chevrolet au fil des années. Soulignons que cette marque représente, depuis 1917, la porte d’entrée dans la famille General Motors en offrant des modèles souvent moins dispendieux que les Pontiac ou Oldsmobile de l’époque ou que les Buick actuelles.

Corvette, Bel Air et Corvair

Malgré tout, cela n’a pas empêché Chevrolet de présenter quelques modèles qui se sont démarqués… Comme la Corvette, apparue en 1953 et qui allait révolutionner le monde de la voiture sport (et pas juste aux États-Unis!). La Bel Air 1957, boudée à l’époque car considérée comme trop ostentatoire avec ses décorations de capot en forme d’obus et ses ailes arrière en aluminium anodisé, figure désormais parmi les voitures anciennes les plus prisées.

La Corvair de son côté, se voulait une sorte de Volkswagen Beetle à l’américaine avec son moteur arrière. Poussée dans ses derniers retranchements, la Corvair avait tendance à survirer, quelquefois brusquement, ce qui lui valut une mauvaise publicité, amplifiée par l’avocat Ralph Nader dans son livre polémique Unsafe at any speed (traduction libre : Non sécuritaire peu importe la vitesse). L’aventure de la Corvair dure de 1960 à 1969. Une fourgonnette et une camionnette excentriques en sont même tirées (Greenbrier et Rampside / Loadside respectivement).

Sport et environnement… mais pas en même temps!

La Camaro, la réponse de Chevrolet à la populaire Ford Mustang, n’a jamais connu le succès de cette dernière, mais elle (et sa comparse de chez Pontiac, la Firebird) a toujours représenté une option de choix. Il n’est donc pas surprenant qu’elle se soit frayé un chemin jusqu’à aujourd’hui, après avoir été un temps construite à Boisbriand, au Québec. Enfin, comment passer sous silence la récente Volt, une réussite technique indéniable qui influence encore l’industrie automobile mondiale, tout comme la Bolt EV, une voiture 100% électrique abordable et dotée d’une excellente autonomie.

Photo: Chevrolet

Chevrolet, c’est aussi des camions

Du petit pick-up S-10 des années 80 au gros Silverado Duramax contemporain en passant par le bizarre SSR ou le VUS Blazer (et son frérot le GMC Jimmy) et la fabuleuse El Camino, une auto avec une boîte de camionnette, Chevrolet a toujours laissé sa marque dans le domaine du camion, sans toutefois prétendre à la popularité des produits Ford.

SS et Small Block

Dresser une liste, même parfaitement incomplète des Chevrolet d’importance, sans effleurer les modèles SS serait une véritable honte. Si l’appellation a quelquefois été galvaudée dans l’histoire récente de Chevrolet, ces deux lettres font aujourd’hui des voitures qui les portent d’authentiques icônes, surtout lorsqu’elles sont associées au V8 de 396 pouces cubes. Il faut aussi absolument parler de l’exceptionnel Small Block. De 265 pouces cubes en 1955, cette increvable mécanique a évolué jusqu’à 400 pouces cubes (1970 – 1981). Mais c’est surtout sous les cylindrées 350 pouces cubes, puis 305, qu’il a été le plus populaire.

Chevrolet a des usines aux États-Unis, au Canada (Ingersoll et Oshawa), au Brésil, en Chine, en Russie, au Mexique, en Colombie, en Inde, au Kazakhstan et au Mexique. Plus de quatre millions de Chevrolet sont vendus chaque année. Pas trop mal pour une marque d’entrée de gamme… qui s’apprête à mettre en marché la Corvette C8 à moteur central, capable d’en découdre avec les bagnoles exotiques les mieux cotées!

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