Subaru Forester 2019 : la faute de l’Oncle Sam

Publié le 28 septembre 2018 dans Premiers contacts par Antoine Joubert

En partageant une première image du Subaru Forester 2019 sur mon compte Facebook (Antoine Joubert – Chroniqueur Auto), une pléiade de commentaires ont défilé. Non, personne ne commentait l’arrivée d’une version Sport ornée d’artifices orangés qui, lorsque vêtue d’une carrosserie noire, donne l’impression d’une édition Harley-Davidson. En fait, les commentaires concernaient plutôt la disparition de la version XT et, par conséquent, du moteur turbo, ainsi que de la boîte manuelle. Il faut dire que les amateurs de voitures, qui se lassent de voir débarquer des dizaines de nouveaux VUS tous identiques chaque année, appréciaient l’audace de Subaru qui, à contre-courant, considérait toujours l’importance d’un certain plaisir au volant.

Il faut hélas croire que le marché a eu raison des bonnes intentions de Subaru, ce qui explique la disparition de la boîte manuelle par la trop faible demande : à peine 5% sur le marché canadien. D’ailleurs, du côté des États-Unis, cette option était déjà disparue du catalogue depuis quelques années. Or, on dit que 15% des acheteurs canadiens optaient pour la version XT, laquelle n’était ironiquement pas offerte avec la boîte manuelle. Cette dernière faisait plutôt appel à une version dégonflée du quatre cylindres turbo de l’actuelle WRX, réalisant des performances et procurant des sensations incomparables dans le segment.

En gros, 15% signifiaient autour de 2 000 unités, puisqu’environ 13 500 Forester ont été vendus l’an dernier au pays. Malheureusement, parce que nos voisins du Sud n’appréciaient guère cette version (vendue là-bas à 5%), mais aussi parce que Subaru Canada n’a peut-être pas les reins assez solides pour tenir tête aux Américains, on a choisi de plier et d’abandonner celui qui pouvait être qualifié de VUS compact le plus amusant à conduire du marché. Dommage…

La faute revient donc à l’Oncle Sam si cette cinquième et nouvelle génération du Forester ne se distingue plus autant que par le passé. Évidemment, elle conserve son caractère. Un style évolutif face au modèle que l’on remplace, avec des lignes angulaires, pas vraiment jolies, caractérisées par une immense surface vitrée. D’ailleurs, on peut encore considérer le Forester comme étant l’utilitaire offrant de loin la meilleure visibilité du marché.

Plus de versions, moins d’options

Pour 2019, on abandonne donc la version XT et son moteur turbo. Et on abandonne aussi les groupes d’options jadis offerts pour débarquer avec six versions : base, Commodité, Tourisme, Sport, Limited et Premier. Six versions, avec comme seule option l’ensemble EyeSight sur le modèle Commodité.

De ces versions, deux sont totalement nouvelles. La Sport, affichant un habillage exempt de garnitures chromées, où le noir lustré est omniprésent, jusqu’au niveau des jantes d’alliage. Cette mouture se distingue aussi par des garnitures décoratives orangées, franchement jolies, apportant un dynamisme qui ne se reflète certainement pas dans les lignes du produit. On dit d’ailleurs chez Subaru que la version Sport risque non seulement d’interpeller une nouvelle clientèle, mais aussi celle qui jusqu’ici se procurait la version XT. Alors ça, j’en doute…

La version Premier joue pour sa part la carte du luxe. Les garnitures chromées qui revêtent plusieurs éléments de la carrosserie lui permettent de se différencier du lot, tout comme ces jantes de 18 pouces qui, entre vous et moi, ne sont pas très élégantes. À croire que les stylistes ont fait appel aux services des designers de Honda pour celles-ci.

Photo: Antoine Joubert

Cette version se démarque également par une présentation intérieure beaucoup plus soignée, principalement en raison de sa sellerie en cuir brun, riche et élégante, et qui se marie à merveille avec la plupart des teintes de carrosseries offertes. On y intègre de surcroît une nouvelle technologie baptisée DriverFocus, laquelle peut être considérée comme un détecteur de distractions au volant. Vous avez sommeil, vous quittez la route des yeux ou pire, vous textez? Le système, grâce à des capteurs de reconnaissance de vos pupilles, vous indiquera alors via un témoin sonore et lumineux, de vous concentrer sur votre conduite.

Fait intéressant, ce système est également relié à la mémorisation de la position du siège et des rétroviseurs, ce qui signifie qu’on les repositionnera au besoin, à la lecture de votre regard. Pour déjouer le système, vous pourriez certes opter pour des verres polarisés. Or, il vous sera encore plus facile de le faire en le désactivant au moyen d’un simple bouton!

Beaucoup de nouveau, malgré les apparences

Vous dire que la puissance du nouveau moteur à plat de 2,5 litres est nettement supérieure à celle de son prédécesseur serait exagéré. On dénote une puissance plus linéaire et un couple mieux réparti, ainsi qu’un meilleur rendement de la boîte CVT. Or, ce n’est certainement pas la douzaine de chevaux supplémentaire qui vous procurera de fortes sensations.

Au mieux, vous aurez droit à des performances comparables avec ce que la concurrence propose, mais dans un véhicule qui se distingue toujours par un comportement plus dynamique et qui se rapproche davantage de celui d’une voiture. Meilleure tenue de route, meilleures sensations au chapitre de la direction ainsi qu’une surprenante maniabilité, permettent au Forester de se singulariser face à la grande majorité de ses concurrents. On lui donnerait même l’avantage face au Mazda CX-5, reconnu pour sa conduite plus dynamique.

Plus confortable et bénéficiant d’un châssis plus moderne, le Forester s’équipe d’une nouvelle suspension favorisant la stabilité et le confort. À certaines reprises lors de notre essai, le sautillement du train arrière était légèrement perceptible. Un facteur qui serait normalement inacceptable, mais qui, curieusement, permet au Forester de demeurer mieux ancré au sol. Cela s’explique sans doute par cette nouvelle géométrie de la suspension arrière, ainsi que par un empattement allongé de 30 mm.

Évidemment, inutile de mentionner que le rouage intégral demeure de série. Le système X-Mode avec contrôle de descente en pente est d’ailleurs offert sur toutes les déclinaisons, ce dernier favorisant la traction dans la neige et dans la boue. Une nouveauté toutefois, la fonction X-Mode bimode qui sur les modèles Sport, Limited et Premier, permet de modifier la gestion de couple tout en désactivant le système antipatinage, pour une traction encore plus agressive. Vous utiliseriez par exemple cette fonction pour vous sortir d’un banc de neige ou encore pour circuler sur un chemin extrêmement boueux, où les risques d’enlisements sont élevés.

Photo: Antoine Joubert

L’amélioration significative de la puissance de freinage fait honneur à un constructeur déterminé à se démarquer au chapitre de la sécurité. En présentation, Subaru ne cessait d’ailleurs de s’envoyer des fleurs en divulguant les résultats obtenus aux tests de collision de l’IIHS, mentionnant du coup les améliorations apportées au Forester 2019, au chapitre des impacts latéraux.

Applaudissons aussi les efforts effectués en matière d’insonorisation, puisque le Forester 2019 effectue un pas de géant à ce niveau. Puis, côté espace et facilité de chargement, on a fait tout ce qui était possible afin de faire de ce véhicule un utilitaire des plus polyvalents. Par exemple, on a grandement élargi l’ouverture du hayon qui atteint désormais 1 300 mm. Ce hayon motorisé s’ouvre et se referme à une vitesse nettement plus adéquate.

Dans la mire de l’Outback?

Parce que plus volumineux, confortable, spacieux, mais aussi parce qu’il bénéficie de nouvelles technologies absentes dans l’Outback, on peut s’attendre à ce que les parts de marché du Forester au sein de la famille Subaru grimpent radicalement cette année. Certains acheteurs attirés par l’Outback pourraient changer leur fusil d’épaule. Maintenant, il faut s’attendre à ce que l’Outback soit complètement remaniée pour l’an prochain. Et soyez-en certain, il profitera aussi de ce nouveau moteur quatre cylindres, du système DriverFocus, et sera sans doute également proposé en version Premier. Attendez-vous même à ce que l’Outback cède son six cylindres actuel pour le moteur turbocompressé de 2,4 litres qui siège actuellement sous le capot de l’Ascent, ce nouvel utilitaire intermédiaire récemment introduit par Subaru.

Alors oui, le Forester attirera davantage de gens. On perdra certainement quelques adeptes au passage, qui pleureront le départ de la version XT. Mais en fin de compte, celui qui se positionnait déjà comme le meilleur vendeur du constructeur gagnera en popularité. Le Forester constitue donc le modèle de conquête. Celui qui en 2019 attirera aussi des acheteurs provenant d’ailleurs, et qui n’auraient jamais considéré Subaru dans le passé. Espérons seulement que la fiabilité du nouveau moteur de 2,5 litres, profitant de 90% de nouvelles composantes (bloc, culasse, vilebrequin, etc.), soit plus fiable. Car l’acheteur d’un produit Subaru, aussi fidèle soit-il, est analytique. Et il n’accepte pas de devoir effectuer des visites répétées chez le concessionnaire.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Subaru Forester 2019
Version à l'essai n.d.
Fourchette de prix 27 995 $ – 39 495 $
Prix du modèle à l'essai n.d.
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 9.0 / 7.2 / 7.8 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Chevrolet Equinox, Dodge Journey, Ford Escape, GMC Terrain, Honda CR-V, Hyundai Tucson, Jeep Cherokee, Kia Sportage, Mazda CX-5, Mitsubishi Outlander, Nissan Rogue, Toyota RAV4, Volkswagen Tiguan
Points forts
  • Comportement routier
  • Plus d'espace intérieur
  • Excellent rouage intégral
  • Consommation étonnante
  • Très bonne valeur de revente
Points faibles
  • Abandon du moteur turbo
  • Design quelconque
  • Fiabilité du nouveau moteur 2,5 litres à prouver
Fiche d'appréciation
Consommation 4.5/5 Franchement surprenante. Sous la barre de plusieurs rivaux, même à deux roues motrices.
Confort 4.0/5 Les sièges sont plus confortables, la suspension aussi, et la cabine est mieux insonorisée.
Performances 3.0/5 Les performances routières sont excellentes, y compris la puissance des freins. Mais le moteur manque de souffle et il s'agit désormais de la seule option disponible.
Système multimédia 4.5/5 Excellent. Simple, efficace, et doté de Apple CarPlay / Android Auto. La sonorité du système audio est toutefois ordinaire.
Agrément de conduite 4.0/5 Certainement l'un des plus dynamiques du segment. Malgré son manque de puissance, et malgré la présence d'une boîte CVT.
Appréciation générale 4.0/5 Un succès assuré, et un véhicule fidèle à ce qu'il a toujours été. Juste dommage qu'on perdre des éléments qui permettaient de le différencier.
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