Jeep Grand Cherokee Trackhawk 2018 : le VUS du diable

Publié le 2 octobre 2018 dans Essais par Michel Deslauriers

Lorsqu’il a été lancé en 2006, le Jeep Grand Cherokee SRT8 a été consacré « Porsche Cayenne Turbo des pauvres », arborant sous son capot un V8 HEMI de 6,1 litres avec 425 chevaux et une sonorité à nous faire dresser les poils sur le torse. Il était rapide, relativement abordable – par rapport au Cayenne – et très populaire.

La génération actuelle du Grand Cherokee SRT, introduit en 2014, a relevé la barre de performances d’un autre cran via un V8 HEMI de 6,4 litres et 475 chevaux, en plus d’être capable de tirer une remorque – ce que le premier SRT8 ne pouvait pas faire.

Il semble toutefois que les clients en veulent encore plus. En tout cas, s’ils ne l’ont pas demandé, FCA leur donne quand même avec le Jeep Grand Cherokee Trackhawk 2018. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette bête à tirage limité (selon FCA), sachez qu’il est équipé du même moteur que la Dodge Challenger SRT Hellcat et la Charger SRT Hellcat.

Eh oui, on peut maintenant se procurer un Jeep directement chez le concessionnaire avec un rutilant V8 suralimenté de 6,2 litres, bon pour 707 chevaux et un couple de 645 livres-pied, jumelé à une boîte automatique à huit rapports avec sélecteurs montés au volant. Aucun autre VUS de production ne peut concurrencer la puissance du Trackhawk, et on parle d’artillerie lourde telle que le Porsche Cayenne Turbo (541 chevaux), le Rolls-Royce Cullinan (563 chevaux), les BMW X5 M et X6 M (567 chevaux), le Range Rover Sport SVR (575 chevaux), les Mercedes-AMG GLE 63 S et GLS 63 (577 chevaux), le Bentley Bentayga (600 chevaux) et le Lamborghini Urus (650 chevaux). Malade.

FCA indique un 0-96 km/h (0-60 mi/h) de seulement 3,5 secondes, grâce au rouage à quatre roues motrices, au mode de conduite Track et au système de départ-canon du Trackhawk. Il peut aussi franchir le quart de mille en 11,6 secondes et atteindre une vitesse de pointe de 290 km/h. Nous avons enregistré une moyenne de 16,0 L/100 km lors de notre essai. Le constructeur lève son doigt d’honneur aux environnementalistes tout en baissant son pantalon pour leur montrer son derrière.

Photo: Michel Deslauriers

Un Grand Cherokee SRT en pleine accélération est déjà assez mélodieux, mais le Trackhawk en ajoute une couche avec le hurlement du compresseur volumétrique, produisant une expérience auditive indescriptible. On ne se lasse pas de faire des tours avec amis, famille et voisins à son bord, qui seront sidérés par les performances explosives du Jeep Grand Cherokee Trackhawk 2018. La suspension à calibrage sport avec amortisseurs Bilstein et le système de freinage avec disques massifs (400 mm à l’avant, 350 mm à l’arrière) et étriers Brembo peints en jaune nous aideront à garder le contrôle du VUS si jamais on appuie un peu trop longtemps sur l’accélérateur.

Pourtant, malgré la brutalité et la sonorité du moteur Hellcat, il peut être étonnamment doux et civilisé en conduite normale. On peut donc être un douchebag si l’on en a envie, mais c’est bon de savoir que l’on n’est pas obligé d’en être un 24/7.

S’il y a une chose qui manque au Trackhawk – ce qui est à la fois bon et mauvais –, c’est un peu de distinction visuelle par rapport au SRT. Outre des écussons SUPERCHARGED sur les portes et quatre embouts d’échappement, il y a peu de choses pour démontrer que l’on est au volant du Jeep le plus démentiel sur le marché.

Le reste est du pur Grand Cherokee, avec ses bons coups et ses lacunes. Les sièges en cuir nappa et en suède noir peuvent être troqués pour une sellerie sépia, ou pour un ensemble tout en cuir Laguna Rouge foudroyant – ce dernier faisant partie d’un groupe d’options de 6 995 $ habillant l’habitacle en cuir et le rehaussant de ceintures de sécurité rouges. Notre véhicule d’essai était fort attrayant avec cette option, malgré son tarif supplémentaire élevé.

Comme d’habitude, le système multimédia Uconnect est facile à utiliser, avec de grosses zones de boutons et un écran tactile très réactif, mais FCA a pensé de laisser des commandes rotatives pour le volume et la syntonisation de la radio ainsi que pour l’intensité du système de ventilation. Des sièges chauffants et ventilés ainsi qu’un volant chauffant figurent de série, et bien que l’on doive les activer à l’écran, on peut les programmer pour s’allumer automatiquement selon la température extérieure, ce qui est pratique.

En revanche, les garnitures reluisantes en fausse fibre de carbone ne font pas très chics, et l’on ne devrait pas retrouver des garnitures en plastique argenté sur le volant et la console centrale dans un véhicule de ce prix... Le couvercle du compartiment de rangement en dessous des commandes de climatisation s’aligne si mal avec l’encadrement du levier de vitesses et des porte-gobelets qu’on le laisserait toujours ouvert. Les portes se ferment avec la sensation de solidité et la sonorité auxquelles on s’attend d’une sous-compacte, mais pas d’un VUS de luxe... Ce sont des compromis à faire pour choisir un Grand Cherokee au lieu d’un Cayenne ou d’un X5 M.

Photo: Michel Deslauriers

La polyvalence n’est toutefois aucunement affectée par la motorisation Hellcat et les composants hautes performances. L’espace de chargement est adéquat : 1 028 litres derrière les sièges, et un volume maximal de 1 934 litres avec les dossiers rabattus, alors que la capacité de remorquage maximale est toujours fixée à 3 265 kilogrammes (7 200 livres).

Le prix de base pour un Jeep Grand Cherokee Trackhawk 2018 est de 110 845 $ avant les frais de transport et de préparation, une somme assez élevée, et notre véhicule à l’essai incluait environ 13 k$ en options. En comparaison, une Cayenne Turbo de base se détaille à 139 700 $, alors qu’un Range Rover Sport SVR ouvre la mise à 133 000 $.

C’est un choix déchirant. On est fasciné par la puissance du moteur Hellcat et le cri de son compresseur ainsi que par la polyvalence au quotidien de ce Jeep, mais le prix est difficile à justifier. Et puisque la majorité des gens croiront que l’on roule en SRT « ordinaire », on pourrait croire que les 38 000 $ supplémentaires exigés pourraient être mieux dépensés ailleurs. D’un autre côté, s’il n’y aura pas beaucoup de Trackhawk sur le marché, il pourrait s’agir d’un éventuel modèle de collection.

Une chose est sûre, toutefois : c’est l’un des VUS les plus rapides, les plus sonores et les plus excitants sur le marché, ce qui pourrait être suffisant pour le considérer comme une aubaine.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Jeep Grand Cherokee 2018
Version à l'essai Trackhawk
Fourchette de prix 110 845 $ – 126 200 $
Prix du modèle à l'essai 125 500 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 20,5 / 14,2 / 16,0 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Volvo XC90, Volkswagen Touareg, Toyota 4Runner, Nissan Pathfinder, Mercedes-Benz GLE, Lexus RX, Kia Sorento, Infiniti QX70, Hyundai Santa Fe, Ford Explorer, BMW X5, Audi Q7, Acura MDX
Points forts
  • Puissance et couple ahurissants
  • Sonorité du moteur et de l’échappement enivrante
  • Aussi polyvalent et convivial qu’un Grand Cherokee ordinaire
Points faibles
  • Siphonne de l’essence, évidemment
  • Prix élevé
  • Finition intérieure bon marché
Fiche d'appréciation
Consommation 2.5/5 Devrait être terrible, mais en conduite relaxe, ce n’est pas si pire.
Confort 3.5/5 Outre le roulement ferme, le Trackhawk propose des sièges dotés d’un bon soutien et beaucoup d’espace.
Performances 5.0/5 0-96 km/h en 3,5 secondes. Dans un VUS de 2 450 kilogrammes.
Système multimédia 4.0/5 L’interface Uconnect figure parmi les meilleures de l’industrie.
Agrément de conduite 4.0/5 Un Jeep conçu pour une piste de course.
Appréciation générale 4.0/5 Un Jeep de 60 000 $ avec un moteur de 50 000 $.
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