Bentley Arnage / Azure / Brooklands, la fin d'une époque
Lorsque, en 1998, au terme d’une saga judiciaire incroyable, Rolls-Royce s’est retrouvée sous le giron de BMW et Bentley sous l’aile de Volkswagen, les deux prestigieuses marques anglaises avaient dévoilé leurs nouvelles berlines. Il s’agissait de la Rolls-Royce Silver Seraph et de la Bentley Arnage, partageant la plupart de leurs caractéristiques. Depuis, Rolls-Royce a présenté sa très moderne Phantom. Aux côtés de la populaire série Continental, Bentley poursuit la production de l’Arnage, une voiture qui accuse de plus en plus son âge.
L’Arnage sera bientôt remplacée par une toute nouvelle voiture, encore plus luxueuse. Mais en attendant cette nouvelle venue, qui devrait arriver, au mieux, qu’à la fin de 2010, c’est le statu quo. Un statu quo de prestige, tout de même ! Le catalogue de Bentley propose encore plusieurs versions de l’Arnage, une berline aussi raffinée qu’immense. Il y a l’Azure, un cabriolet tout ce qu’il y a de plus exclusif et la Brooklands, un coupé aux dimensions superlatives mais aux lignes divines, toutes deux directement dérivées de l’Arnage.
Question de barèmes, tout simplement !
Si le style extérieur d’une de ces dignes anglaises ne laisse planer aucun doute sur les moyens financiers de son propriétaire, l’habitacle laisse pantois même le plus blasé des millionnaires. Les cuirs les plus fins côtoient les boiseries exclusives et d’autres matériaux d’une noblesse indiscutable. Pour trouver du plastique, il faut chercher longtemps ! Mentionnons que le design de la planche de bord rappelle les créations passées de la marque de Crewe en Angleterre tout en cédant, peu à peu et avec réticence, aux exigences modernes. Il faut manipuler ces petits boutons chromés, consulter les cadrans aux allures rétro et vivre avec l’ergonomie quelquefois décalée de l’ensemble pour apprécier l’expérience de vie à bord d’une Arnage. Puis, il y a la finition, qui s’est incroyablement améliorée depuis quelques années. Presque entièrement fait main, une Arnage, ou une Azure ou une Brooklands cela va de soi, assure à son propriétaire une exclusivité bienvenue. Il ne faut surtout pas évaluer une telle voiture selon les barèmes utilisés pour de vulgaires véhicules ne possédant aucun pedigree social. Il faut passer outre une couture ici un peu croche, une moulure un tantinet mal alignée ou un bout de tapis relevé. C’est le prix à payer quand on accepte de payer près d’un demi-million de dollars pour avoir droit à l’exclusivité. Mais, au risque de me répéter, la qualité de la finition est passablement relevée, beaucoup plus qu’auparavant.
Une Arnage a beau être de dimensions exceptionnelles et, accessoirement, impitoyablement lourde, il n’en demeure pas moins qu’on l’a dotée d’une mécanique à la hauteur, à défaut d’être très noble. Croyez-le ou non, le moteur qui loge sous le long capot de la digne anglaise est directement dérivé de celui qui, il y a cinquante ans cette année, se retrouvait, pour la première fois, dans une Bentley ! Ce 6,7 litres développe aujourd’hui 450 chevaux dans sa version la plus retenue ! La consommation d’essence de ce mastodonte mérite tous les superlatifs mais si cela heurte votre conscience verte, sachez que la plupart de ces paquebots de la route ne parcourent pas beaucoup de kilomètres dans une année. La transmission, une automatique ZF à six rapports, a pour mission de diriger la cavalerie royale vers les roues arrière.
Vaut mieux trop que pas assez
Si une Arnage R de base (Bentley sait qu’il y a des pauvres partout, même chez les multimillionnaires et que, altruisme oblige, il faut bien avoir un petit quelque chose à leur proposer !), je disais donc que si une Arnage R n’avait que peu d’intérêt pour vous, il y a toujours la RL, une version allongée ou la puissante T. Peu importe le modèle, le V8 garantit des accélérations phénoménales. Et quand on sait que l’Arnage la moins lourde pèse 2 585 kilos, effectuer le 0-100 km/h en 5,5 secondes tient du phénomène surnaturel. Même le cabriolet Azure, dont le poids s’évalue en termes ferroviaires, assure des performances très, très relevées. Il faut dire qu’avec un couple d’au moins 645 livres-pied, dès les 1 800 tours/minute, on ne risque pas de se faire damer le pion par une smart….
Pour célébrer la fin de la série Arnage, Bentley a dévoilé l’Arnage Final Series où le luxe ne souffre d’aucune comparaison. Alliant la puissance de la T et le luxe de la R elle se distingue de la masse (!) grâce à ses différents badges, ses roues exclusives et un avant repris de la Brooklands. Et ce n’est qu’une partie des douceurs que cette Arnage ultime propose. Bien entendu, la chaîne audio Naim est offerte, en option toutefois, ce qui est un peu surprenant. Au moins, chaque voiture compte quatre parapluies exclusifs à Bentley avec poignée en bois (n’ayez crainte, il ne s’agit pas de pin acheté chez Rona…). En passant, cette voiture n’a été produite qu’à 150 exemplaires, ce qui augmente l’exclusivité autant que le prix demandé.
La prochaine Arnage n’est pas encore été dévoilée mais il n’est pas interdit d’y aller de quelques prédictions. Bentley fait partie, comme Audi, du conglomérat Volkswagen et il y a fort à parier qu’elle partagera certains éléments avec ses germaniques consœurs. Mais, prestige oblige, son châssis et ses principaux organes mécaniques seraient 100 % Bentley, si on se fie à quelques sites Internet très sérieux. Le moteur choisi serait un V10 ou un V12 tandis que la transmission serait une automatique à sept rapports à double embrayage. La propulsion (roues arrière motrices) serait de retour, l’intégrale étant réservée à la série Continental. Quoi qu’il en soit, il est d’ores et déjà prévu que la nouvelle Arnage fasse la vie dure à la série Phantom de Rolls-Royce. Dire que pendant de nombreuses années, les Bentley n’étaient que des Rolls un peu plus sportives. On se crêpe le chignon, même chez les aristocrates !
Feu vert
Prestige indécent
Confort fabuleux
Puissance phénoménale
Exclusivité totale
Matériaux exceptionnels
Feu rouge
Consommation extrême
Poids colossal
Prix délirants
Coûts d’entretiens déments
Dimensions insensées