Abarth, cette grande oubliée

Publié le 31 octobre 2018 dans Blogue par Frédéric Mercier

L’Italie ne manque pas de représentants en matière de voitures de performance.

Lamborghini, Ferrari, Maserati. La liste est longue.

Et puis il y a Abarth. Celle à laquelle personne ne pense.

Abarth ne construit pas ses propres voitures. Filiale de Fiat Chrysler Automobiles (FCA), il s’agit plutôt d’une division performance de Fiat, iconique marque italienne dont le retour sur nos routes tarde à attirer les foules.

Voiture ou pas, l’histoire d’Abarth mérite un peu plus de reconnaissance. Son fondateur, Karl Abarth, était si passionné par l’automobile qu’il a quitté son Autriche natale pour s’installer en Italie. C’est là où ça se passait.

Peu de temps après la fondation de son entreprise en 1949, Karl Abarth entama son association avec Fiat quelques années plus tard. Elle construisait alors la sublime Abarth 1500 Biposto, animée par une mécanique empruntée à Fiat. On était en 1952.

Quelques années plus tard, l’entreprise de Karl Abarth devint populaire pour ses modifications à l’iconique Fiat 500. D’une petite voiture pensée pour la ville, Abarth réussit à développer un véritable monstre. Un go-kart légal sur la route aussi joli à regarder qu’agréable à piloter.

Rapidement, le nom d’Abarth devint intrinsèquement associé à celui de Fiat. Tellement qu’en 1971, Fiat en fit l’acquisition. Abarth devenait alors la division performance officielle de l’entreprise turinoise.

Photo: FCA

Une histoire qui perdure

Presque 50 ans plus tard, Abarth est toujours bien en selle.

Le retour de Fiat sur les routes nord-américaines, par contre, commence à avoir des odeurs de flop. Les ventes sont en chute libre cette année au Canada et rien n’indique que ça s’améliorera de sitôt.

De ce sombre paysage, la performance des modèles Abarth est l’un des rares points positifs. Aux États-Unis, les versions Abarth des Fiat 500 et 124 Spider représentent 40% de ventes totales de ces modèles. C’est énorme.

Le traitement Abarth est appliqué à la 500 depuis plusieurs années déjà. Et quand Fiat a ressuscité la 124 Spider, l’intégration d’une telle version n’était même pas une question.

Nous voilà donc avec deux modèles Abarth chez Fiat. Et on les a conduits tous les deux sur une piste, question de voir de quoi ils étaient capables. Après tout, c’est pour ça que ces voitures ont été construites!

Deux poids, deux mesures

La 124 Spider est construite au Japon à partir du châssis d’une Mazda MX-5. Un peu décevant, c’est vrai. Mais en même temps, Fiat n’aurait pas pu trouver meilleur partenaire pour rendre hommage à l’iconique Spider, petit joyau des années 60 et 70.

Légère, maniable et franchement jolie, la 124 Spider se dissocie toutefois de Mazda du point de vue mécanique. On y retrouve un moteur turbocompressé de 1,4 litre signé Fiat d’une puissance de 160 chevaux et d’un couple de 184 livres-pied.

Dans sa variante Abarth, le roadster italo-japonais fait passer la puissance de cette même mécanique à 164 chevaux, un maigre gain de quatre petits poneys. Très timide.

Heureusement, la 124 Abarth jouit également d’une suspension raffermie qui la rend plus habile. On l’habille aussi d’une devanture plus agressive intégrant le fameux logo de scorpion d’Abarth ainsi que de sublimes roues en aluminium de 17 pouces. Pour les 1 500 $ de supplément que l’on en demande par rapport à la version Lusso, la 124 Spider Abarth en vaut franchement la peine.

Sur le circuit de Willow Springs, en Californie, le roadster s’est montré étonnamment agile. On aurait pris un peu plus de puissance, mais la précision de la boîte manuelle à six rapports du bolide compensait cette légère carence. À 35 995 $, la 124 Spider Abarth mérite assurément un meilleur sort.

On aimerait en dire autant de la 500.

En passant de la 124 Spider à la 500 Abarth, c’est comme si la piste de Willow Springs était soudainement devenue plus ardue, plus dangereuse même.

La petite 500, bien que très jolie, n’a pas les aptitudes d’une voiture sport. Abarth ou pas, elle est trahie par sa configuration à roues motrices avant et par une position de conduite beaucoup trop haute.

Puis, la boîte manuelle à cinq rapports qui est couplée à son moteur de 160 chevaux est désuète. La Fiat 500 n’a à peu près pas changé depuis son arrivée chez nous en 2011, et ça commence cruellement à paraître.

Elle est encore très jolie, par contre, et c’est encore plus vrai avec la version Abarth. La sonorité de cette dernière demeure elle aussi enchanteresse, mais au chapitre des performances, Abarth ne peut tout simplement pas faire de miracles.

Un futur pour Abarth?

On le disait un peu plus haut, les ventes de Fiat sont en chute libre au Canada. En date du 1er octobre, le constructeur n’avait vendu que 232 unités de la 500 et 235 de la 124 Spider.

À ce rythme, les coupures viendront tôt ou tard. Et quand ce sera le cas, c’est dans de jolies folies comme les versions Abarth que Fiat pourrait décider de passer la hache.

Pour mousser son image encore défaillante en Amérique du Nord, FCA pourrait aussi emprunter une stratégie entièrement différente et favoriser davantage de projets d’Abarth. Tant qu’à jaser, on pourrait même faire d’Abarth une marque à part entière. FCA nous a déjà fait le coup avec SRT, après tout.

Chose certaine, Abarth mérite un meilleur sort que ce qui lui est réservé actuellement. Et si Fiat ne réussit pas à séduire les automobilistes de chez nous, peut-être que l’entreprise au logo de scorpion pourrait mieux s’y prendre.

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