BMW Série 7, d'inspiration québécoise
Par une très belle mais très froide journée du printemps 2006, le montréalais Karim Habib s’est retrouvé parmi ses collègues du département du design de BMW, aux abords d’un aéroport militaire aujourd’hui déserté. La haute direction du constructeur bavarois venait tout juste de quitter les lieux après avoir assisté à une présentation menée par les responsables du design Chris Bangle et Adrian Van Hoyndoonk portant sur les deux maquettes pleine grandeur qui étaient alors les propositions finales de la nouvelle Série 7.
Le conseil de direction avait fixé son choix et Chris Bangle s’apprêtait à annoncer à ses troupes lequel des deux designs avait été retenu. « Lorsque Chris Bangle nous a dit que la haute direction avait choisi mon design, je me suis senti comme un enfant qui avait réalisé son rêve. J’ai eu quelques larmes d’émotion, tous mes collègues sont venus me serrer la main et me féliciter, et j’ai appelé ma copine sur mon portable ». La nouvelle Série 7, dévoilée au Mondial de l’Automobile de Paris en 2008, est donc l’œuvre d’un designer montréalais, et Karim Habib appartient maintenant à un groupe sélect de designers qui peuvent réclamer la paternité d’une voiture de série.
Karim Habib est né au Liban, mais il est arrivé au Québec avec sa famille à l’âge de dix ans. Au cours de son adolescence, il se retrouvait constamment en train d’observer et de dessiner non seulement des voitures mais également des chaises et du mobilier, le design devenant alors sa passion. Après avoir terminé des études en génie mécanique à l’Université McGill à Montréal et en design au Art Center College of Design à Pasadena en Californie, il est recruté par BMW en 1997 où il travaille sur plusieurs projets, notamment la voiture-concept CS avant d’élaborer le design de l’actuelle Série 7.
Un design plus classique
Même si la filiation avec le modèle précédent demeure encore évidente, force est d’admettre que la nouvelle Série 7 adopte une allure plus classique qui évoque une élégance précise ainsi qu’un brin de sportivité comme en témoigne l’agrandissement des naseaux de la calandre et le fait que la voiture est à la fois plus basse et plus longue que l’ancien modèle. La présentation intérieure reprend un thème qui a longtemps été utilisé chez BMW à savoir un habitacle agencé en fonction du conducteur, comme en témoigne l’orientation de la console centrale ainsi que le retour d’un levier de vitesses électronique à sa base. Le système de télématique iDrive a été revu et présente maintenant quatre boutons permettant d’accéder plus directement à certaines fonctions comme la radio, le lecteur CD, le téléphone et le système de navigation, BMW reprenant à sa manière un concept similaire à celui du système de télématique MMI de Audi qui est plus facile d’opération. De plus, la nouvelle mouture du iDrive permet au conducteur de programmer lui-même huit boutons pour retrouver rapidement une station de radio préférée, une destination fréquente ou un numéro de téléphone important.
Tout comme la Classe S chez Mercedes-Benz, la Série 7 représente en quelque sorte la vitrine technologique du constructeur bavarois, et c’est pourquoi la nouvelle berline de luxe peut être équipée de plusieurs options qui demeurent chères, dans tous les sens du terme, à BMW. Par exemple, l’ajout du groupe « Executive » commande un déboursé de 7 700 dollars pour lesquels on obtient notamment un dispositif de visualisation « tête haute » qui projette à la base du pare-brise les indications du système de navigation et la vitesse du véhicule. De plus, BMW a choisi d’y intégrer un dispositif développé pour la Rolls-Royce Phantom, soit un ensemble de caméras nichées à l’avant et sur les côtés de la voiture qui permettent au conducteur de voir l’état de la circulation avant de s’y engager. Le groupe Technologie (5 500 $) ajoute le régulateur de vitesse intelligent qui fait usage d’un radar ainsi que d’un système de vision nocturne avec détection de la présence de piétons en bordure de la route, le groupe Sport (4 500 $) vous fera rouler sur des jantes de 20 pouces et le groupe Multimedia (3 500 $) permet aux passagers arrière de visionner des DVD au moyen du lecteur de six disques. Et c’est sans parler de toute une série d’autres options qui permettent d’adapter la Série 7 aux goûts de l’acheteur.
Un comportement routier dynamique
Pour ce qui est des liaisons au sol, la Série 7 est la première voiture de la marque à faire appel à une suspension avant multibras avec doubles leviers triangulés, que l’on retrouve présentement sur les véhicules sport-utilitaires de BMW, ainsi qu’à une suspension arrière dont plusieurs éléments sont réalisés en aluminium afin d’en réduire le poids. L’amortissement de ces nouvelles suspensions est calibré électroniquement selon les paramètres retenus par l’un des quatre modes (Confort, Normal, Sport et Sport Plus) sélectionné par le conducteur, et l’effet des changements apportés par la sélection de l’un ou l’autre de ces modes se fait immédiatement ressentir. J’ai particulièrement apprécié le mode Sport Plus qui désactive les aides électroniques au pilotage et qui permet de provoquer de belles glissades du train arrière en sortie de virage lors de la conduite sur circuit. Évidemment, les acheteurs de ce type de véhicule ne la conduiront jamais de façon aussi enthousiaste, mais il est agréable de constater que les ingénieurs de BMW y ont pensé. De plus, la nouvelle 7 peut être équipée en option d’une direction active qui agit non seulement sur les roues avant mais également sur les roues arrière. Ainsi, à basse vitesse, les roues arrière pivotent dans le sens contraire des roues avant jusqu’à 3 degrés, pour faciliter les manœuvres de stationnement, alors qu’elles pivoteront dans le même sens que les roues avant quand le véhicule roule à plus haute vitesse afin d’améliorer la stabilité pendant les changements de voie sur autoroute. Sur la route, la Série 7 impressionne par ses qualités dynamiques et l’ajout des systèmes précités fait qu’elle adopte un comportement routier résolument sportif qui autorise une conduite plus directe et plus vive que ses rivales immédiates que sont les Mercedes-Benz de Classe S, Audi A8 et Lexus LS, entre autres. Bref, voici une berline de grand luxe qui est aussi agréable, sinon plus, à conduire que lorsque l’on se laisse conduire. Le confort demeure correct en toute occasion sauf lors de la conduite sur des tronçons d’autoroute en béton où les pneus de type runflat s’avèrent un peu bruyants.
V12, traction intégrale et technologie hybride
Pour 2010, BMW continuera d’offrir le V8 biturbo mais ajoute également le moteur V12 biturbo de 6,0 litres qui livre 536 chevaux et 553 livres-pied de couple au catalogue de la Série 7. Ce moteur sera jumelé à une toute nouvelle boîte automatique qui compte 8 rapports et que l’on retrouvera aussi sur la prochaine Audi A8 puisqu’elle a été développée par le spécialiste de transmission ZF qui la fournira à la fois à BMW et Audi. Le nouveau V12 biturbo sera doté d’un système d’échappement comportant des clapets qui assureront une présence discrète à bas régime et permettront au V12 d’exprimer toute sa sonorité aux régimes-moteur plus élevés. Les rumeurs font également état du développement possible d’une version M de la Série 7, histoire de concurrencer directement la S65 AMG de Mercedes-Benz dont le V12 biturbo déploie la bagatelle de 604 chevaux. Compte tenu du fait que BMW a dévoilé des versions M de son X6 en 2009, l’hypothèse d’une version semblable de la Série 7 devient beaucoup plus plausible. Par ailleurs, les modèles 2010 de la Série 7 proposeront la traction intégrale en option, ce qui représente une première pour le constructeur bavarois dont l’offre se limitait jusqu’à présent à la simple propulsion. Voilà qui devrait permettre à BMW de faire jeu égal avec Mercedes-Benz, dont la majorité des Classe S vendues en sol canadien sont équipées du rouage intégral 4Matic, ainsi qu’avec l’Audi A8 et son système quattro. Et pour rester dans le jeu des comparaisons directes, précisons que BMW lancera une version à motorisation hybride de la Série 7 au Salon de l’auto de Francfort en réplique à l’actuelle Lexus LS600h. Cette nouvelle variante fera appel au V8 biturbo secondé par un moteur électrique ainsi qu’à la boîte automatique à huit rapports.
Avec tous ses ajouts à la gamme, la Série 7 joue maintenant sur tous les tableaux et offre une alternative de vocation sportive aux plus sédentaires Lexus, Mercedes-Benz et Audi de cette catégorie des berlines de grand luxe.
Feu vert
Design plus classique
Disponibilité de la traction intégrale
Tenue de route surprenante
Technologie de pointe
Modèle hybride à venir
Feu rouge
Prix très élevés
Coût des options
Dimensions encombrantes
Certaines commandes peu intuitives