Enzo Ferrari, l’homme qui a créé le rêve automobile

Publié le 28 novembre 2018 dans Voitures anciennes par Alain Morin

L’histoire de Ferrari est fabuleuse et riche. Il y a l’histoire de son créateur, celle des voitures de route, celle des voitures de course, celle des légendaires pilotes qui les ont amenées à la marche la plus haute de tous les podiums et celle de son influence colossale sur l’industrie. Toutes ces histoires se chevauchent, s’entremêlent et se complètent...

Ferrari, c’est d’abord un homme. Enzo Anselmo Giuseppe Maria Ferrari, naît le 18 février 1898 à Modène en Italie. L’époque n’est pas banale. L’électricité, le téléphone, la photographie et l’automobile, entre autres, sont en train de changer irrémédiablement la face de la société. Enzo grandit dans le petit atelier d’entretien mécanique de son père, Alfredo. En 1908, ce dernier l’amène au circuit de Bologne où il assiste à sa première course automobile. C’est le coup de foudre. La passion de la compétition automobile ne quittera jamais Enzo.

Photo: Ferrari

Bon pilote… mais pas exceptionnel

Le jeune Enzo commence sa carrière en tant que pilote en 1919 chez CMN (Costruzioni Meccaniche Nazionali) et dès l’année suivante, il est engagé par Alfa Romeo. Il poursuit sa carrière jusqu’en 1931, année où il prend la décision irrévocable d’accrocher ses clés. En passant, le mot « irrévocable » accompagnera toutes les décisions d’Enzo, et ce, jusqu’à son décès en 1988. Revenir sur ses décisions… très peu pour lui!

Durant sa carrière de pilote, Enzo Ferrari a certes démontré un coup de volant sérieux, mais pas transcendant. C’est davantage en tant que directeur sportif d’Alfa Romeo qu’il se distinguera. Le 1er février 1929, il fonde la Società Anonima Scuderia Ferrari, la division course d’Alfa Romeo.

L’origine du cheval cabré

C’est en 1932 que le cheval cabré apparaît pour la première fois sur une Ferrari. Durant les années 20, Enzo rencontre les parents de Francesco Baracca, un héros de l’Italian Air Force de la Première Guerre mondiale (1914-1918), abattu en plein vol. Sur les côtés de son avion, il avait dessiné un cheval cabré. Selon la légende, la mère de Baracca aurait dit à Ferrari que s’il utilisait ce symbole sur ses voitures, la chance lui sourirait. Et comment!

Photo: Gabriel Gélinas

Aujourd’hui, tout le monde connait le Cavalino Rampante. Même Porsche a un cheval cabré dans ses armoiries… Quant au rouge que l’on associe invariablement aux carrosseries des Ferrari, il provient de la couleur que portaient les voitures de course italiennes dans les premières années du XXe siècle, un peu comme le vert identifiait les équipes anglaises.

Ferrari quitte Alfa Romeo

Durant les années 30, Alfa Romeo ne domine plus la course automobile comme avant, Bugatti, Maserati, Mercedes et Auto Union étant de plus en plus performants. Le torchon brûle entre Ferrari et Alfa. En 1939, Enzo part. Il fonde alors l’Auto Avio Costruzioni.

La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) vient bousculer les plans de Ferrari qui doit se consacrer à la production de machines-outils. Il faut attendre 1947 avant de voir une première Ferrari, la 125 Sport dont le V12 de 1,5 litre a été élaboré avec Gioacchino Colombo, un nom extrêmement respecté dans le sport automobile. Immédiatement, les Ferrari s’imposent sur les circuits.

La 250 GTO et Mauro

Les années 50 sont fastes pour Ferrari, malgré la compétition de plus en plus féroce et des guerres internes. Les fabuleuses 250 GTO, dont chaque exemplaire vaut aujourd’hui des dizaines sinon des centaines de millions, sont développées alors qu’une importante crise interne se joue au sein de la Scuderia, Enzo ayant décidé de virer tous ceux qui eurent l’imprudence de demander le retrait de son épouse, Laura, dans les affaires de l’entreprise. En même temps, Jaguar écume les circuits avec ses sublimes Type E. La GTO (Gran Turismo Omologato) sera néanmoins une éclatante réussite grâce à un jeune ingénieur, Mauro Forghieri qui, un jour, dessinera les 312 (F1) et qui travaillera avec un certain Gilles Villeneuve.

Le vide d’une vie

Mais tout n’est pas rose pour Enzo Ferrari qui, en 1956, perd son fils Alfredo, surnommé Dino. Ce dernier rend l’âme à 24 ans, après avoir été affecté par la dystrophie musculaire de Duchenne, une maladie dégénérative. À la suite de ce décès, Enzo se renfermera de plus en plus, jusqu’à ne plus sortir de ses bureaux. Alors qu’il travaillait chez Ferrari, Dino avait contribué à créer un V6 1,5 litre. En 1968, Enzo dévoile la superbe Ferrari Dino, dotée d’un V6, en hommage à ce fils décédé trop tôt. Avec sa maîtresse Lina Lardi, Enzo a aussi un second fils, Piero, né en 1945 et toujours vivant en 2018.

Durant les années 60, Ferrari prend ombrage des succès en course de Ford (GT40) et de Porsche. Quant aux voitures de route, elles voient leur aura faiblir devant les spectaculaires Lamborghini. Ferrari doit s’ajuster constamment et chaque fois, souvent après une période d’hésitation, il remonte au seul endroit où doit se trouver une Ferrari selon Enzo, soit sur la marche la plus haute du podium.

Ferrari passe à Fiat

Les années 60 sont aussi celles qui marquent l’arrivée de Fiat dans l’univers Ferrari. En effet, le 21 juin 1969, la marque italienne s’approprie 50% des parts de Ferrari dont les coffres, soudainement, se retrouvent bien garnis.

Ce geste d’éclat de la part d’Enzo n’est pas un coup de tête. Depuis une dizaine d’années, notre homme réalise qu’il en coûte de plus en plus cher pour développer des voitures de course, particulièrement en formule 1, et des voitures de route. Une première et surprenante tentative de fusion avait échoué entre Ferrari et Ford. C’est à ce moment que, pour assurer la pérennité de son entreprise, Ferrari décide de « se donner » à Fiat.

Photo: Ferrari

Les années Villeneuve

Les années 70 seront fastes pour Ferrari en formule 1 avec les titres de Niki Lauda (deux fois) et de Jody Scheckter. Mais c’est le p’tit Québécois Gilles Villeneuve qui attire les foules par son style de pilotage peu orthodoxe et spectaculaire! C’est aussi durant cette décennie qu’Enzo décide de construire la piste de Fiorano, un circuit de 3 021 mètres situé à deux pas de l’usine et qui servira de piste d’essai pour ses voitures.

De fabuleuses routières

Bien qu’il préférait superviser le travail des équipes de course, Enzo avait tout de même quelques idées sur les voitures de route. De la 125S de 1947 à la Testarossa des années 80 en passant par les GTO, Daytona 308 et 328, toutes ont une part d’Enzo. La dernière voiture dont il supervise le développement est la F40, baptisée ainsi pour commémorer les 40 ans de Ferrari en 1987.

Enzo décède le 14 août 1988, à 90 ans. En 2002, pour rendre hommage à son créateur, la marque Ferrari dévoile la Enzo, une sportive superlative et sans compromis… comme Enzo.

Ferrari, la plus importante marque automobile au monde

Lorsque les générations du futur étudieront l’influence de l’automobile sur la société du XXe et du XXIe siècle, elles ne pourront faire autrement que se pencher longuement sur la marque Ferrari et sur son mythique créateur. Car à sa façon, Enzo Ferrari a changé le monde. Pour le mieux.

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