Mercedes-Benz Classe S, courbettes haut de gamme

Publié le 7 juillet 2009 dans 2010 par Alain Morin

Tâchez d’y comprendre quelque chose… Un manufacturier comme Hyundai propose une Accent à moins de 10 000$ et offre aussi une Genesis à près de 40 000$. D’un autre côté, une firme sérieuse comme Mercedes-Benz tente de joindre le plus de consommateurs possible en proposant une Classe B dont le prix de départ se situe aux alentours de 30 000$. Si Hyundai doit continuer à offrir des petites voitures pour survivre, Mercedes doit persister à peaufiner son haut de gamme pour conserver son public.

Le haut de gamme pour Mercedes-Benz, c’est la Classe S. Cette dernière avait été entièrement revue en 2007. Trois années plus tard, le temps d’un petit rafraîchissement est venu. Puisque le châssis est demeuré le même, il ne faut pas se surprendre que les dimensions n’aient pas changé. On note quelques millimètres de plus ou de moins ici et là, mais ce n’est rien pour écrire au Père Noël. Les changements les plus significatifs se situent au niveau des phares, qui ont été redessinés. Ils adoptent maintenant une bande de lumières LED du plus bel effet. Si j’étais mauvaise langue, je dirais que Mercedes a copié Audi, mais je suis bien trop poli pour ça… La grille a été revue et on retrouve une plaque de plastique en son centre inférieur. Cette plaque, qui a pour mission de protéger une caméra aux multiples fonctions, semble avoir été ajoutée à la hâte. C’est indigne de Mercedes. Les feux arrière aussi sont nouveaux, de même que le boîtier des rétroviseurs qui présente une sorte de V incluant des feux de position. Le tableau de bord a aussi connu quelques modifications subtiles.

Mais en n’apportant que des changements de détails à sa Classe S, Mercedes-Benz risquait de se faire damer le pion par BMW, l’infâme ennemi, qui a récemment dévoilé une nouvelle Série 7, par Lexus, qui propose une LS techniquement fort réussie et par Audi avec sa réussie A8. Alors que faire pour ne pas perdre la face? Présenter un moteur hybride? Oui monsieur! Remarquez que c’est moi qui avance ceci, puisqu’on ne m’a pas invité dans les discussions préparatoires de la Classe S 2010. Il est facile de penser que dans le fond, Mercedes doit se foutre pas mal de l’hybridation de ses moteurs, elle qui possède dans sa gamme des moteurs diesel parmi les mieux cotés au monde. Mais les marchés principaux ressentent une petite vibration fort agréable chaque fois que le mot « hybride » est prononcé. Mercedes n’étant pas vraiment une entreprise à but non lucratif, il devient plus aisé de comprendre sa décision.

La S400 HYBRID

Lorsqu’on lit la fiche technique de la S400 HYBRID, on est un peu déçu du peu. La motorisation n’a rien d’extraordinaire même si le niveau de sophistication de tout moteur hybride est passablement relevé. Ce qui est extraordinaire, c’est le fait qu’il s’agit de la première voiture de série hybride de Mercedes-Benz. Et sur une Classe S, la gamme ultime en plus! Les ingénieurs ont marié le V6 3,5 litres de la S350, un modèle qui ne figure pas au catalogue canadien, à un moteur électrique à aimant permanent. Ce moteur en forme de disque est également utilisé comme démarreur et alternateur. Il aide le moteur conventionnel lorsque le besoin de puissance se fait sentir. Par contre, il n’est pas possible de faire rouler la voiture sur ce seul moteur électrique. Dès que la voiture est immobilisée, le moteur à essence cesse de fonctionner. Comme dans toute bonne motorisation hybride, l’énergie dégagée par les freins est récupérée.

C’est bien davantage l’ensemble de batteries qui retient l’attention. Et là, on n’y est pas allé mollo! Plutôt que de concevoir des batteries au métal-nickel hydrure comme c’est la mode, les ingénieurs de Mercedes ont plutôt choisi le lithium-ion, une première dans un véhicule de série. Cet ensemble de batteries est incroyablement compact (à peu près les mêmes dimensions qu’une batterie conventionnelle) et léger. Il est refroidi grâce au liquide du système de climatisation au lieu de l’être par air, ce qui demande beaucoup moins d’espace. Cet ensemble de batteries loge même dans le compartiment moteur. Pour cela, il a fallu reléguer la batterie conventionnelle dans le coffre. On ne peut pas tout avoir! Ce moteur est marié à une transmission automatique à sept rapports modifiée dans le but d’intégrer le module hybride.

Outre quelques badges ici et là, il serait bien difficile de savoir si on a affaire à un hybride. Même en conduisant, il est à peu près impossible de faire la différence, l’apport du moteur électrique se faisant de façon tout à fait imperceptible. Dans sa documentation de presse, Mercedes-Benz parle d’une consommation d’environ 8,1 litres aux cent, ce qui nous semble assez optimiste. Probablement qu’en conduite normale au Québec on pourra atteindre 10,0 litres, ce qui, encore là, est épatant compte tenu que la S400 pèse tout de même 2000 kilos.

Les autres Classe S

Même si l’Europe a droit à une panoplie de modèles dans la gamme S, seulement quelques-uns sont offerts au Canda. Il y a tout d’abord la placide mais tout de même très bien fignolée S450 4Matic, puis la très rapide S550 4Matic, l’hyperpuissante S600 et les démentielles sportives S63 AMG et S65 AMG. De toute évidence, la première (S450 4Matic) s’avère la plus terre-à-terre de sa classe même si ses performances ne sont pas à dédaigner. Après tout, un V8 de 4,7 litres de 340 chevaux, ce n’est pas rien. De son côté, la S550 4Matic est sans doute la S la plus équilibrée. Son puissant V8 de 5,5 litres développe la bagatelle de 388 chevaux, ce qui lui assure des prestations très relevées. S’il est un modèle qui n’a pas d’affaires chez nous, c’est bien la S600. Cette propulsion dotée d’un V12 de 5,5 litres développant 517 chevaux est plutôt conçue pour les longues autobahn allemandes, là où il n’existe pas de limites de vitesse. Un coup d’accélérateur et hop!, sans qu’on ne s’en soit rendu compte, l’aiguille de l’indicateur de vitesse affiche un bon 180 km/h et on sent qu’il est loin de vouloir s’essouffler. Dans un contexte de répression policière sur des routes défoncées, une telle voiture fait un peu figure de mitraillette AK-47 dans une chasse aux maringouins…

D’un autre côté, les deux modèles AMG (63 et 65) n’ont aucune difficulté à se faire justice. Tout comme la S600, ils sont intensivement rapides, mais leurs suspensions plus fermes et leurs réglages différents axés sur la tenue de route les rendent incroyablement désirables. Leur prix, toutefois, a de quoi refroidir les désirs les plus ardents…

Princes et rois, votre voiture est prête

Peu importe le modèle de la Classe S, il y a des choses immuables. Tout d’abord, l’espace dans l’habitacle. Plusieurs versions sont proposées en modèle allongé, mais même les livrées de base se montrent très généreuses de leur habitacle. Et puis il y a le silence de roulement, peu importe le type de revêtement, et le confort, peu importe le type de route. Il faut aussi parler de la qualité des matériaux, tout simplement sublime. Les cuirs, les boiseries, les chromes et même les plastiques, quand on en trouve, sont dignes de la famille royale. Pour faire bonne mesure, leur assemblage est parfait. Quant au coffre, ses dimensions et sa finition amèneraient un philosophe à se dire que bien des gens sur terre seraient prêts à échanger leur bicoque pour cet espace douillet…

Et que dire du niveau de sécurité, autant active que passive. La nomenclature de tous les systèmes électroniques suffirait à créer un Guide de l’auto tome II. Disons simplement que le propriétaire d’une Classe S a plus de chances d’être blessé en jouant aux cartes qu’au volant de sa voiture…

La Mercedes-Benz Classe S côtoie l’élite mondiale et ne souffre d’aucun complexe vis-à-vis de ses concurrentes qui se nomment BMW Série 7, Lexus LS et Audi A8. Il y a cependant un prix à payer pour avoir droit à l’excellence. Par exemple, la valeur de revente déprécie rapidement tandis que les coûts d’entretien sont à la hauteur de la facture d’achat. Mais j’imagine que quand on débourse entre 100 000$ et 250 000$ pour une voiture neuve, on se fout pas mal de ce qui va lui arriver quand la location sera terminée dans trois ans…

Feu vert

Mécaniques nobles
Confort suprême
Versions AMG sublimes
S400 HYBRID économe
Niveau de sécurité très élevé

Feu rouge

Conduite peu inspirée (sauf AMG)
Voiture très lourde
Pas de diesel, dommage!
Prix indécents
Coûts d’entretien

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