Nissan Titan, cuisant échec

Publié le 7 juillet 2009 dans 2010 par Denis Duquet

Les ambitions de la compagnie Nissan lors de son arrivée dans la catégorie des grosses camionnettes étaient très élevées. Et elles étaient également justifiées puisque le Frontier de catégorie intermédiaire était apprécié et relativement populaire. Bref, on s’est retroussé les manches et on a dessiné un véhicule en mesure de répondre aux attentes des consommateurs nord-américains. On a même érigé une méga-usine à Canton dans le Mississippi pour y assembler le Titan. Selon Carlos Ghosn, le produit ne pouvait pas être raté.

Mais, pour une fois, il s’est trompé car le Titan a été un cuisant échec commercial. On pourrait tenter de se remonter le moral en soulignant que les Nissan Armada et Infiniti QX56 sont des versions étroitement dérivées de la camionnette. Malheureusement, ces deux modèles sont loin d’avoir connu le succès escompté. Le projet a été mal barré et le public n’a pas suivi.

Style ravageur

Il semble que les stylistes de chez Nissan ont voulu mettre en évidence le caractère de dur à cuire des camionnettes en donnant des allures de baroudeur au Titan. Ici pas de subtilité, la grille de calandre lance un message clair avec ses larges éléments chromés en forme de V surplombant une prise d’air chromée elle aussi et placée en plein centre du pare-chocs. Ce dernier est également large et la partie centrale chromée le fait paraître encore plus gros qu’il ne l’est en réalité. Toujours pour accentuer cette impression de gros travailleur aux larges épaules, les parois latérales de la caisse de chargement sont bombées afin d’augmenter l’impact visuel de ce véhicule. La silhouette est donc réussie car pour bien figurer dans la catégorie des costauds, il faut l’être soi-même.

De nos jours, la tendance est de concevoir des cabines dont le confort et le raffinement n’ont rien à envier aux berlines. D’outil de travail, la camionnette de grande taille peut presque devenir un véhicule de luxe par le biais des modèles et des options. À ce propos, le Titan ne propose pas le même raffinement que le nouveau Dodge Ram, mais le tableau de bord ressemble de beaucoup à celui d’une automobile aussi bien en raison des commandes très design que des appliques en bois, du volant de type sport et de l’écran à affichage par cristaux liquides trônant dans la partie supérieure centrale de la planche de bord. 

Grâce à des dimensions quasiment hors-normes, la cabine est très spacieuse et très confortable. Les occupants des places avant ont tout l’espace désiré tandis que la banquette arrière peut accueillir trois adultes sans problème. Même les limousines à empattement allongé n’offrent pas autant de place.

Un seul moteur, mais tout un

Puisque, à ses débuts, le premier Tundra de Toyota avait paru bien malingre face à ses concurrents américains, les ingénieurs de Nissan n’ont pas pris le risque que leur Titan soit accusé de mauviette. En tout premier lieu, ils ont développé un châssis de type échelle et à poutre fermée capable de résister aux pires tortures.

Avec un tel châssis, il faut un moteur qui soit lui aussi à la hauteur. Pour ce faire, on a monté un gros moteur V8 de 5,6 litres d’une puissance de 317 chevaux et de 385 lb-pi de couple. Il est couplé à une boîte automatique à cinq rapports pouvant remorquer une charge de 4 414 kg. Comme vous le voyez, on a pris les moyens pour ne pas être laissé de côté. En plus, il est possible de commander une version avec boîte de transfert et rouage intégral. Mentionnons également que la transmission, comme sur tous les modèles concurrents, est dotée d’un mode remorquage qui désactive la surmultipliée et évite ainsi que la transmission passe les rapports inutilement.

Pourquoi ?

À ce jour, le bilan est positif, du moins en théorie. Il semble bien que le cahier de charges ait été correctement établi et que les ingénieurs aient respecté toutes les données exigées. Pourtant, les chances de croiser un Titan sur la route sont aussi rares que de rencontrer Shasquash dans la forêt. Les ventes sont tellement confidentielles que Nissan avait même songé à s’associer à la division.

Une fois qu’on a réussi à grimper dans la cabine, on est quelque peu intimidé par les dimensions hors tout de ce véhicule. Puis, heureuse surprise, on est tout aussi étonné par l’agilité et la maniabilité de ce Nissan musclé. En effet, les manœuvres de stationnement s’effectuent sans problème, la direction est précise et la visibilité très bonne. Cette dernière qualité est bien évidente : quand on conduit pratiquement assis en haut d’une échelle, on voit tout. Et puis la tenue de route n’est pas vilaine non plus.

Par la suite, il suffit de rouler davantage pour découvrir pourquoi les acheteurs se font tirer l’oreille. Il y a tout d’abord la consommation de carburant qui est ahurissante. Lors de mon essai, j’étais presque toujours seul à bord, c’était en été, je n’ai rien remorqué et ma consommation moyenne a dépassé les 18 litres aux 100 km. Quelques semaines plus tard, je me retrouvais au volant d’un GMC Sierra quasiment de même gabarit et avec moteur V8 6,0 litres, et ce moteur consommait 2,5 litres de moins aux 100 km ! Par ailleurs, il suffit de charger de peu le Titan pour que sa consommation approche des 20 litres aux 100 km. Je n’ose même pas penser ce que cela pourrait être avec une roulotte accrochée à l’arrière... En plus d’une consommation à faire peur, de certains aménagements plus ou moins réussis, de manquer de caractère et de ne pas être en mesure de toucher la corde sensible des acheteurs, le Titan commence à prendre des rides. Depuis sont lancement en 2004 toutes les autres camionnettes de la catégorie ont été modifiées ou complètement transformées : elles ont connu une révision de leur silhouette, leur habitacle est plus moderne et leur comportement routier amélioré. En plus, elles renferment toutes — sauf le Toyota Tundra — des moteurs moins assoiffés. Et ce n’est pas avec la crise économique que Nissan va trouver les fonds pour développer un produit plus compétitif.

Feu vert

Silhouette appropriée
Moteur puissant
Habitabilité démesurée
Agilité remarquable
Excellente visibilité

Feu rouge

Consommation élevée
Finition perfectible
Diffusion confidentielle
Avenir incertain

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