Audi A1 Sportback : la jolie petite qui ne viendra pas

Publié le 26 novembre 2018 dans Blogue par Marc Lachapelle

MALAGA, Espagne – Surprise, en sortant de l’aéroport, sac au dos et valise à la traîne : alors que je m’attendais à conduire une fringante R8, je me retrouve plutôt face à une demi-douzaine de sous-compactes. C’est qu’Audi a choisi de présenter sa nouvelle A1 Sportback en même temps que sa nouvelle grande voiture sport. Question d’être efficace un max, bien sûr.

Mais puisque l’on va conduire la R8 uniquement sur le circuit Ascari, je préfère largement m’y rendre au volant d’une A1 plutôt qu’assis dans un fourgon. Je l’ai choisie grise ou vert pâle, je ne suis pas sûr. Les rouges étaient déjà prises.

Le relationniste d’Audi Canada s’empresse de dire que cette deuxième génération de la plus petite des voitures de la marque ne sera pas vendue chez nous. Pas plus que la première, lancée en 2010. Cette A1 Sportback avec hayon serait construite sur une version de l’architecture adaptable MQB du groupe Volkswagen qui sous-tend déjà la Polo et quelques cousines.

Photo: Marc Lachapelle

À contre-courant ou pas?

Cette A1 Sportback « à cinq portières » est plus longue de 56 mm que la précédente et Audi insiste sur sa ressemblance avec les illustres aïeules que sont les Ur-quattro et Sport quattro, vue de profil. Je veux bien, s’ils insistent. C’est une jolie voiture, particulièrement avec sa calandre plus découpée qui évoque d’ailleurs celle de la nouvelle R8, surplombée par les trois mêmes fentes horizontales qui sont un clin d’œil voulu à la mythique Sport quattro.

Sans avoir posé la question, je devine que l’on me répondra que la nouvelle A1 ne viendra pas chez nous pour une histoire de sous. Les coûts d’adaptation et d’homologation seraient sans doute trop élevés pour les ventes que l’on pourrait espérer faire sur le marché canadien. D’autant plus que nos voisins américains ne sont pas aussi friands que nous de voitures à hayon, encore moins sous-compactes.

N’empêche que la marque MINI connaît toujours un succès appréciable avec ses Cooper et Cooper S, pour la grande rivale BMW. Sans compter que Mercedes-Benz nous offre cette année une nouvelle Classe A, primée par le Guide de l’auto de « meilleure sous-compacte de luxe » devant les Audi A3 et BMW Série 2. Cette Classe A est plus longue que la nouvelle A1 Sportback d’environ 40 mm et un peu plus large, alors que la MINI est de taille quasi identique.

Audi devrait sans doute réussir de petits miracles et dépenser une fortune pour tricoter une A1 Sportback compétitive. Surtout qu’elle est plus chère que ses rivales en Europe et qu’Audi ne la propose pas en version à rouage intégral, étonnamment. En fort contraste, la Classe A est livrable chez nous en version 4MATIC, animée par un quatre cylindres turbo de 2,0 litres et 221 chevaux. En Europe, la A1 Sportback la plus sportive est propulsée par un quatre cylindres turbo de 2,0 litres et 197 chevaux, mais c’est encore une traction.

Comment blâmer Audi Canada de se garder une petite gêne avec ses A1 alors que ses VUS compacts et sous-compacts de luxe Q5 et Q3 sont les meneurs de leur catégorie respective, dans un marché dont l’appétit pour ce type de véhicule semble présentement insatiable?

Celle qui fait plus avec moins

Ma première monture, pour la centaine de kilomètres entre l’aéroport et le circuit Ascari, était dotée d’un quatre cylindres turbo de 1,5 litre et 147 chevaux, lequel est jumelé à une boîte de vitesses à double embrayage et sept rapports. Une petite voiture confortable et correcte, qui ne donnait toutefois pas l’impression d’avoir le nerf qu’il faut pour livrer le sprint 0-100 km/h en 7,7 secondes, comme le promet le communiqué officiel.

Par chance, je me suis présenté assez tôt, le lendemain, pour sauter dans une A1 Sportback rouge en vue du retour au même aéroport. Celle-là était équipée d’un tricylindre nettement plus agréable et amusant, malgré sa cylindrée de seulement 1,0 litre et ses 114 chevaux. D’abord parce que ce moteur était jumelé à une boîte manuelle à six rapports très correcte. Ensuite parce que sa plus grande légèreté profitait à l’agilité tout en rendant la direction plus fine et sensible.

Petite voiture amusante, jolie et bien finie, donc, qui se ferait cependant rosser en performance et en comportement par des rivales telles que MINI Cooper S ou Honda Civic Si, au prix où Audi devrait logiquement la vendre.

J’en conclus que les constructeurs qui ont le plus succès sont ceux qui choisissent leurs batailles. À première vue, Audi est sage de réserver cette nouvelle A1 Sportback et ses sœurs aux Européens, quitte à ne pas affronter ses grandes rivales allemandes directement, dans tous les créneaux imaginables, si minuscules qu’ils soient. Ce qui semble certainement être encore leur grande stratégie, si coûteuse et irrationnelle qu’elle puisse paraître. On verra peut-être bientôt qui a raison.

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×