Exclusif Jeep Gladiator 2020 : nous en avons discuté avec Scott Tallon, le grand directeur de Jeep

Publié le 4 décembre 2018 dans Los Angeles par William Clavey

L’une des grandes vedettes du Salon de l’auto de Los Angeles 2018 fut inévitablement la toute nouvelle camionnette Jeep, celle qui réincarne le nom Gladiator, un nom qui a vécu ses moments de gloire dans les années 60 et 70.

Bien entendu, suite à son dévoilement spectaculaire, qui s’est déroulé dans une tente sous la trame sonore d’un film du même nom, nous avions une tonne de questions au sujet de ce nouveau jouet qui risque, sans surprise, de générer des chiffres de ventes imposants.

Surtout, ce qu’on voulait savoir, c’est comment FCA voit l’arrivée d’un autre camion en plein centre d’une crise environnementale globale? Un échange avec Scott Tallon, le directeur de la marque Jeep, nous a permis d’en savoir davantage.

Développer un pick-up dès le début

Au premier regard, le Gladiator semble être un Wrangler auquel on a greffé une caisse, mais la réalité est tout le contraire. Selon Tallon, lors du dévoilement du présent Jeep Wrangler JL, les ingénieurs avaient déjà une camionnette en tête. Même les véhicules de tests que l’on nomme « mule », ceux qui ont parcouru les quelque 35 km du sentier Rubicon, au lac Tahoe, afin de mériter l’honorable écusson « Trail Rated », comprenaient un pick-up dans leur flotte.

Tallon déclare que le châssis du Wrangler est en réalité celui du Gladiator, qui a ensuite été raccourci pour les bienfaits de la cause. Or, le Gladiator, plus long, plus large et dont le châssis et la suspension sont fortifiés par rapport à son confrère, est apte à remorquer jusqu’à 7 600 lb (3 447 kg), et de supporter une charge utile de 1 600 lb (725 kg), tout en demeurant un fidèle bolide hors route digne de la marque Jeep.

Bien entendu, FCA, qui ne dispose que d’une camionnette pleine grandeur – le RAM 1500 – tentera, avec son Gladiator, de venir voler une part de marché du segment des camionnettes intermédiaires, qui jouit d’une remontée en popularité remarquable avec des véhicules comme le Honda Ridgeline, le Toyota Tacoma, les Chevrolet Colorado / GMC Canyon et le nouveau Ford Ranger.

Photo: William Clavey

Pas de quatre cylindres

Côté motorisation, Tallon a été ferme en stipulant que le quatre cylindres de 2,0 litres ne sera pas proposé pour le Gladiator, du moins, pas pour le moment. « Ceci est un camion qui doit remorquer des charges lourdes. Il doit être alimenté par un bon moteur V6 fiable ».

Là-dessus, il n’a pas tord, car le moteur Pentastar de 3,6 litres livre une costaude plage de puissance et de couple (285 ch / 260 lb-pi), et il a aussi fait ses preuves en matière de fiabilité dans des véhicules comme le Wrangler, le Jeep Grand Cherokee, la Chrysler 300, la Chrysler Pacifica ainsi que les Dodge Charger et Challenger.

Et n’oublions surtout pas le moteur diesel, un autre six cylindres de 3,0 litres, qui génèrera 442 lb-pi, tout en réduisant considérablement la consommation d’essence du camion.

Pas de déclinaison deux portes non plus. Selon Tallon, une telle variante ne risque pas d’être populaire auprès des consommateurs. Il est donc « peu probable que l’on en voit un dans un avenir rapproché », dit-il. C’est dommage, car à nos yeux, un Gladiator décapotable à deux portes, avec boîte manuelle, serait sans aucun doute la camionnette la plus désirable du segment!

Photo: William Clavey

La question qui tue

Le camion Jeep est sans contredit très cool, et les consommateurs semblent déjà l’adorer, car il a été un des dévoilements les plus consultés sur le site du Guide de l’auto.

Cependant, nous devions poser « la question qui tue » à Scott : le Gladiator aura-t-il sa propre déclinaison électrifiée? Après tout, le constructeur dispose déjà d’une motorisation hybride rechargeable, dans la Chrysler Pacifica hybride, ainsi que du système eTorque qui équipe à la fois le RAM 1500 et le Wrangler quatre cylindres. En 2020, ça prend quelque chose d’électrique, surtout dans le segment des camionnettes. À L.A., il y a un nouveau constructeur nommé Rivian qui propose justement cela, un camion entièrement électrique. Et Ford l’a également compris avec l’introduction d’un F-150 hybride rechargeable, prévu pour l’année prochaine.

Tallon fut bref à ce propos. Pour le moment, rien n’est promis au sujet de l’intégration d’une forme d’électrification à son pick-up. Selon lui, le segment ne l’exige pas, et lorsque confronté à la question, il répliqua tout simplement : « nous apportons aux consommateurs ce qu’ils nous demandent ».

Mais Scott a aussi avoué que Jeep doit d’abord justifier l’existence du Gladiator en mesurant ses ventes. Après, si le constructeur constate que le véhicule a du potentiel lucratif, il y intègrera sans doute des variantes électriques. Mais rien n’est officiel au moment d’écrire ces lignes.

On constate donc que le Gladiator est le fruit d’un projet dont les ingénieurs Jeep, passionnés de hors route, rêvaient depuis longtemps; un nouveau jouet qui a été proposé aux hauts dirigeants de l’entreprise, pour ensuite être approuvé sous des conditions et un budget limité, ce qui explique l’unique configuration de carrosserie et de motorisation.

Chose certaine, malgré le fait que notre conscience environnementale soit fâchée de voir apparaître un autre soulon à pétrole sur la scène automobile, notre cœur de passionnés ne peut s’empêcher de battre fort devant le Gladiator. C’est du marketing pur et dur, et malheureusement, c’est ce qui semble primer aux yeux des consommateurs nord-américains.

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