Lincoln Town Car, la retraite approche
Votre vie professionnelle a été bien remplie et c’est avec le sentiment du devoir accompli que vous prendrez bientôt votre retraite. Il y a de fortes chances que vous profitiez de ce moment important pour renouveler votre voiture. Si la Mazda MX-5 ne vous dit rien, il est probable qu’un véhicule comme la Lincoln Town Car vous interpelle davantage. Vous serez fait pour bien vous entendre ! Car la Town Car aussi pourrait prendre sa retraite bientôt !
En juillet dernier, lors d’un entretien avec quelques journalistes québécois, Mark Fields, le numéro deux de Ford, n’a pas voulu élaborer, ne serait-ce qu’un peu, sur le futur de la Town Car, répétant, laconiquement « Aucune décision n’a encore été prise ». Pourtant, son avenir semble improbable (celui de la Town Car, pas celui de Fields !). L’usine de Wixom au Michigan qui fabrique cette voiture fermera ses portes l’été prochain... Il aurait donc été logique que la production soit transférée à celle de St-Thomas, en Ontario, où les chaînes de montage sont déjà prêtes pour ce type de véhicule puisqu’elles fabriquent déjà les Ford Crown Victoria et Mercury Grand Marquis, deux propulsions. Mais non ! Ford restructure présentement ses activités selon le plan « Way Forward » (droit devant) et il se pourrait que la Lincoln Town Car n’y ait pas sa place. Il s’agit pourtant d’une sacrée bonne voiture, quasiment unique en son genre. Mais attendons, on ne sait jamais ! Peut-être que Ford lui offrira un nouveau poste, l’obligeant ainsi à faire quelques années supplémentaires.
C’est long longtemps
Soixante pour cent des Lincoln Town Car sont achetées par des flottes de taxi, des agences spécialisées dans le transport de dignitaires, des salons funéraires ou des firmes qui n’hésiteront pas à couper la voiture pour lui ajouter plusieurs centimètres supplémentaires et ainsi en faire une limousine. Mais pour monsieur ou madame Tout-le-Monde, la version courante avec ses 299 cm et, mieux, la version allongée de 314 cm, devrait faire amplement l’affaire. Les flottes de limousines ou de voituriers ont droit aux modèles Executive et Executive L, tandis que les particuliers ont le choix entre le Signature Limited, Signature L (allongé) et Designer Series.
Curieusement, si l’on se fie au site Internet de Ford, les livrées Signature Limited et Designers Series ne diffèrent que par des roues chromées, optionnelles dans le premier cas et de série dans l’autre. La Signature L, par contre, se distingue par sa préoccupation envers les occupants des places arrière puisqu’elle leur offre des commandes pour le système audio ainsi que pour la climatisation et le chauffage, des sièges chauffants, des miroirs avec lumière et un appuie-bras avec espace de rangement. Ceci en plus d’offrir pratiquement autant d’espace qu’un autobus dont on aurait gardé que les sièges de la dernière rangée et de la première! Car, bien qu’on soit porté à l’oublier, on retrouve aussi des sièges à l’avant. Pardon, une banquette. Car la Town Car est une six places. Lorsque la place centrale avant n’est pas prise, on y retrouve un large appuie-bras. Le cuir des sièges, tout comme l’ensemble des matériaux de l’habitacle, est d’une excellente qualité.
Pour le style, par contre, on repassera... D’un autre côté, la mode étant ce qui se démode le plus, on peut affirmer que l’habitacle de la Town Car est à la fine pointe de la mode puisqu’il ne l’a jamais été... Je me comprends. Le tableau de bord, par exemple, est d’une simplicité à en émouvoir un volontaire. À tout le moins, il s’avère fonctionnel en dépit d’une pléthore de commandes, et est de nature à plaire aux gens en âge de s’acheter une telle voiture. Quant au coffre, ses dimensions rappellent celles d’un avion-cargo malgré un design torturé. Il est, bien entendu, à ouverture et à fermeture électrique.
Puisqu’il faut en parler…
Le moteur, un V8 de 4,6 litres, développe 239 chevaux et un honorable 287 livres-pied de couple. D’une douceur incomparable et isolé du reste de la voiture, ce moteur, très fiable, est tributaire de belles accélérations. Une seule transmission est offerte et il s’agit d’une automatique (le mot « manuel » est banni du lexique de la Town Car !) à quatre rapports seulement. Mais puisque son fonctionnement ne cause aucun souci, nous ne mentionnerons pas que nous préférerions deux rapports supplémentaires, question d’économiser de l’essence. Ce n’est pas notre genre.
Les suspensions (ça, ça vous allume, hein ?) sont, évidemment, axées sur le confort plutôt que sur la tenue de route. À l’avant, on retrouve une suspension indépendante tandis que celle située à l’arrière est à essieu rigide, une solution technique dépassée mais qui permet d’obtenir un grand coffre. La direction, à défaut de se montrer très dégourdie, représente une nette amélioration sur celle qui officiait il y a cinq ou six ans. Quant aux freins, Ford leur a confié une mission quasiment impossible. Ralentir 2 000 kilos de 100 km/h à un arrêt complet demande un certain sang-froid de la part du conducteur. Même au chapitre de la sécurité, la Town Car semble un peu en retrait de la concurrence avec seulement quatre coussins gonflables pour les passagers avant et son contrôle de traction. Pourtant, cette voiture rafle constamment le maximum d’étoiles lors de tests de collision. C’est que, quoi qu’on dise, la grosseur a toujours une importance…
Il est fort possible que la Town Car nous quitte bientôt. Malgré de bonnes ventes, et peut-être à cause de ces bonnes ventes, la Town Car empêche la marque Lincoln de rajeunir son image. De plus, après 27 années de loyaux services, elle est sans doute mûre pour une retraite bien méritée.
feu vert
Espace intérieur impressionnant
Confort certifié
Excellente fiabilité
Coffre énorme
Matériaux de qualité
feu rouge
Dimensions gênantes
Sportivité nulle
Agrément de conduite très mitigé
Design d’une autre époque
Forte dépréciation