Mitsubishi Motors : le meilleur est-il à venir?

Publié le 25 janvier 2019 dans Blogue par Michel Deslauriers

Établie en 1917, Mitsubishi Motors a traversé beaucoup d’épreuves au cours du dernier siècle. La dernière décennie a été particulièrement difficile, mais si l’on se fie à Vincent Cobee, directeur mondial de la planification chez Mitsubishi Motors, on verra bientôt des véhicules drôlement intéressants arriver chez les concessionnaires de la marque.

Aux côtés du président et chef de la direction Tony Laframboise, M. Cobee a présenté le Mitsubishi e-EVOLUTION Concept aux médias au Salon de l’auto de Montréal la semaine dernière. Un VUS de performance 100% électrique qui inspirera un modèle de production bientôt dévoilé – probablement au prochain Salon de l’auto de Genève.

De plus, Mitsubishi du Canada a connu une année de ventes record en 2018, grâce en large partie au VUS Outlander PHEV arrivé chez vous il y moins d’un an. Plus de 5 000 unités de cette variante hybride rechargeable ont trouvé preneur au Canada, 47% d’entre elles au Québec. En fait, le Canada est rapidement devenu le troisième marché en importance pour l’Outlander PHEV, tout juste derrière le Royaume-Uni et le Japon. Évidemment, les rabais provinciaux à l’achat de véhicules verts au Québec et en Colombie-Britannique ont aidé la cause.

Photo: Michel Deslauriers

C’est une bonne nouvelle, puisque les divisions nord-américaines de Mitsubishi Motors ont eu droit à très peu de nouveaux produits ces dernières années. Du moins, jusqu’à l’introduction de l’Eclipse Cross et du Outlander PHEV.

Le curriculum vitae de Vincent Cobee est impressionnant. Avant son arrivée chez Mitsubishi en 2016, il a travaillé pour Nissan durant une quinzaine d’années. Durant ce temps, il a relancé la marque Datsun (dans d’autres marchés) et a également siégé au conseil d’administration d’AvtoVAZ (manufacturier de la marque russe Lada). Il a étudié à l’université Harvard à Boston et à l’école Polytechnique en France, et a résidé dans plusieurs pays, dont les États-Unis et la France, mais aussi le Canada, la Russie et les Philippines. Il est actuellement basé au Japon.

Mais surtout, il n’a pas la langue dans sa poche, et détonne des habituels cadres d’entreprise entraînés pour ne rien divulguer aux journalistes, ou qui se limitent à mémoriser un interminable discours de marketing.

Un avenir électrifié

Mitsubishi Motors annonce clairement la direction dans laquelle elle se dirige au chapitre des nouveaux produits : dès 2020, tous les modèles « fondamentaux » offriront une forme d’électrification. Ce qui signifie que la Mirage sous-compacte sera bientôt retirée, ou qu’elle n’est simplement pas considérée comme un modèle fondamental sur notre marché.

Photo: Mitsubishi Motors

Un deuxième véhicule hybride rechargeable sera ajouté à la gamme d’ici deux ans, et d’ici 2023 ou 2024, la marque proposera une gamme de sept modèles électrifiés. De plus, un tout nouveau Outlander sera introduit en 2021.

Mitsubishi a récemment annoncé qu’elle concentrait ses efforts sur les VUS et les multisegments, une décision tout à fait logique puisque c’est ce que les consommateurs nord-américains recherchent de toute façon. Est-ce qu’on pourrait aussi voir apparaître une voiture ou deux au sein de cette gamme de sept modèles? Ou même des modèles de performance? Possible, mais Cobee était clair à ce sujet : on s’occupera de renouveler la flotte de VUS, ensuite on commencera à rêver de voitures sport.

Pourquoi pas une camionnette? Après tout, le segment des intermédiaires reprend vie au Canada et aux États-Unis avec l’arrivée du Ford Ranger et l’éventuelle introduction d’un modèle équivalent chez la marque Ram. Et Mitsubishi vend déjà le L200/Triton dans d’autres marchés.

Photo: Mitsubishi Motors

Malheureusement, ceux qui attendent impatiemment le retour d’un pickup Mitsubishi en Amérique du Nord – le marché étasunien avait droit au compact Mighty Max dans les années 80 et à l’intermédiaire Raider entre 2005 et 2009 – seront déçus d’apprendre qu’il n’y a aucun plan pour un tel modèle. Les frais reliés à la certification d’une camionnette sont trop élevés, et selon Cobee, il serait trop risqué pour Mitsubishi de lancer une camionnette là où le prix fluctuant de l’essence affecte grandement les ventes de camions.

Puisque de plus en plus de consommateurs sont friands de nouvelles technologies – surtout les Canadiens, dit Cobee –, Mitsubishi planche sur l’intelligence artificielle, le coaching de conduite et la connectivité entre le véhicule et la maison. De la technologie figurant à bord du e-EVOLUTION Concept, ou du moins, c’est ce que l’on prétend.

Photo: Mitsubishi Motors

La force de l’alliance

Le groupe Renault-Nissan a acquis 34% des actions de Mitsubishi en 2016, après la chute de la valeur boursière de ce dernier qui avait admis publiquement avoir falsifié des cotes de consommation de ses minivoitures vendues au Japon.

À l’époque, on se demandait ce qui adviendrait des opérations nord-américaines de la marque. Mitsubishi était – et est encore – un joueur important dans des marchés émergents, mais avec une gamme si petite sur notre marché par rapport à celle de Nissan, la disparition de la marque en Amérique du Nord semblait plausible.

On n’a pas encore vu de nouveaux produits développés à travers l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi – l’Outlander PHEV était déjà en vente en Europe et l’Eclipse Cross a été conçu avant l’acquisition –, mais Vincent Cobee a précisé que tant et aussi longtemps que Mitsubishi demeure profitable dans un marché donné, on continuera à l’exploiter. Même si Renault ou Nissan ont une plus grande part du marché.

Photo: Mitsubishi

Une compagnie peut-elle emprunter motorisations, plateformes et technologies au sein de l’alliance afin de les utiliser dans leurs propres produits? Absolument. Alors, pourquoi Nissan n’a-t-elle pas déjà pris la motorisation hybride rechargeable de l’Outlander pour l’installer dans le Rogue? Selon Cobee, Nissan n’est pas intéressée à cette technologie, préférant s’investir dans les motorisations 100% électriques. De plus, elle possède déjà sa technologie hybride e-POWER. Les futurs produits de Mitsubishi pourraient donc être construits sur des plateformes Nissan et Renault.

En ce moment, Mitsubishi Motors clame haut et fort que son Outlander PHEV est le VUS rechargeable le plus vendu au monde. Difficile à croire que depuis son introduction sur d’autres marchés en 2013, aucun autre manufacturier n’ait commercialisé un utilitaire hybride rechargeable abordable pour en guise de riposte – mis à part une ou deux marques chinoises pour des ventes locales. Cela ne saurait tarder.

Au Canada, Mitsubishi demeure un petit joueur sur le marché automobile. Par contre, s’il tient sa promesse de nous proposer une gamme de sept véhicules au cours des prochaines années, de motorisations électrifiées innovatrices et – on le souhaite – un agrément de conduite qui a longtemps été sa marque de commerce, ses parts de marché augmenteront indéniablement. Et avec des gens passionnés tels que Vincent Cobee à bord, on ne peut que constater que la marque est entre bonnes mains.

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