Volkswagen s’inspire de l’audace de Tesla pour l’avenir de ses véhicules électriques

Publié le 26 février 2019 dans Événements spéciaux par David Miller

TORONTO, Ontario – Si vous faites défiler la liste des modèles sur le site web de Volkswagen Canada, vous allez voir une panoplie de berlines et de VUS propulsés par des moteurs à essence. Le seul véhicule entièrement électrique actuellement disponible, la e-Golf, se retrouve tout en bas de la liste, à côté des véhicules concepts de la famille I.D. (VIZZION, CROZZ, BUZZ et I.D.).

Toutefois, cela n’est pas représentatif de ce que Volkswagen a en tête pour le futur. Dans le cadre de son forum sur le leadership tenu au Salon de l’auto de Toronto, le président-directeur général du Groupe Volkswagen Canada, Daniel Weissland, a expliqué que l’entreprise s’apprêtait à prendre un virage à 180°.

« Ce n’est qu’une question de temps avant que le prix des batteries diminue, expliquait Weissland, probablement une dizaine d’années. À ce moment-là, nous allons voir la balance pencher des moteurs à combustion interne vers les moteurs électriques, ce qui créera un équilibre entre les deux types de motorisation. Et à partir de là, les véhicules électriques deviendront éventuellement plus économiques à produire. »

Cette affirmation peut sembler audacieuse, mais elle est solidement appuyée par les gestes concrets du grand conglomérat allemand. En effet, Volkswagen prévoit présenter 50 véhicules électriques à l’échelle mondiale d’ici 2025 en faisant appel à sa plateforme modulaire entièrement électrique MEB. On prévoit que 20% de ces véhicules trouveront leur chemin vers le Canada par l’entremise du concept I.D. CROZZ, qui entrera en production d’ici 2021.

Photo: Volkswagen Canada

L’annonce d’une telle quantité de nouveaux produits pour l’avenir n’est pas une nouveauté pour l’industrie. De plus en plus, les manufacturiers présentent leurs plans pour les cinq à dix années à venir. Mercedes-Benz a dévoilé son VUS EQC, le premier d’une série de 10 véhicules entièrement électriques prévus d’ici 2022 à l’échelle mondiale (50 électrifiés au programme). Infiniti prévoit que toute sa gamme sera électrifiée d’ici 2025. BMW offrira 25 véhicules électrifiés d’ici 2025, dont près de la moitié à motorisation purement électrique. Cadillac a une toute nouvelle architecture de batterie et la marque sera bientôt chef de file des véhicules électriques chez General Motors.

Au total, le groupe Volkswagen réalise un investissement de 45 milliards $ CA dans le secteur des véhicules électriques. C’est beaucoup d’argent pour une solution de mobilité alternative qui pourrait, au final, ne pas être adoptée par le public ou s’avérer non viable financièrement.

« Parfois, il faut que des leaders posent des gestes audacieux et soient prêts à perdre de l’argent, réplique Weissland. C’est ce qu’a fait Elon Musk avec Tesla, et c’est maintenant la marque haut de gamme numéro un en Californie. Il faut sortir de notre zone de confort et ébranler l’industrie pour définir la mobilité durable. »

L’éloge des grands investissements et de l’approche audacieuse adoptée par Musk a attiré l’attention de différentes industries et généré des commentaires que l’on n’avait jamais entendus il y a dix, ou même cinq ans. La volatilité financière et les ruptures de stock ont toujours été un sujet de préoccupation à propos de Tesla, et c’est là un aspect que Volkswagen, un joueur beaucoup plus gros, entend maîtriser par le biais de l’extensibilité.

Photo: David Miller

« Ça fait toute la différence, explique Weissland. La plateforme MEB sur laquelle on construira la famille de véhicules I.D. sera partagée par tout le Groupe Volkswagen afin d’obtenir une synergie et une économie d’échelle. Sinon, ce ne serait pas réalisable d’un point de vue financier. »

Cela dit, il faut plus qu’une plateforme et un grand volume potentiel pour définir l’avenir des véhicules tout électrique. Il faut aussi une solide collaboration. Les chefs de file de l’industrie des secteurs privé et public doivent travailler de concert pour élaborer la planification de villes et d’infrastructures centrées sur les transports collectifs, le conavettage et le covoiturage. Il s’agit là d’une approche qui va à l’encontre du modèle d’affaires traditionnel de l’industrie automobile, surtout centré sur la possession de véhicules personnels.

« Le changement est déjà amorcé en ce qui concerne l’utilisation personnelle des automobiles, explique Yvonne René de Cotret, codirectrice de l’initiative L’avenir de la mobilité chez Deloitte Canada. On voit que les jeunes générations commencent à adopter l’économie de partage; le secteur de l’automobile réagit à ces défis en établissant différents partenariats, notamment dans le domaine des services de conavettage. »

Compte tenu de l’ampleur des problèmes d’embouteillages et de circulation, le conavettage n’est plus un concept uniquement réservé aux autobus, aux taxis ou aux entreprises comme Uber ou Lyft. Volkswagen agit de façon proactive pour élaborer différentes stratégies et scénarios avec des centaines d’entreprises autour du globe.

« Nous n’envisageons pas de diminution des automobiles, car le besoin de mobilité est en hausse constante, mais simplement de nouvelles façons de posséder les véhicules, précise Weissland.. Il est important que nous établissions des partenariats avec certaines entreprises parce que, de nos jours, il est impossible de tout faire nous-mêmes. Pour continuer à avancer, nous devons apprendre et travailler les uns avec les autres. »

Mais jusqu’à quel point, voilà la question. Entre-temps, ce qui ressort clairement de ce forum sur le leadership et du plan d’attaque énergique de Volkswagen dans le secteur des voitures électriques, c’est que l’époque où une seule entreprise, ou même une seule industrie, pouvait définir l’avenir de la mobilité est révolue.

Les modes de transport et les groupes motopropulseurs alternatifs apportent toujours plus de questions que de réponses, mais ces nouvelles approches ont au moins le mérite de lancer une discussion entre différentes industries et agences gouvernementales tout en donnant l’occasion au Groupe Volkswagen de faire partie de la solution.

D’immenses sommes d’argent seront dépensées dans ce secteur. Le temps nous dira si le fabricant allemand, comme plusieurs autres, a visé juste quant à l’avenir de la mobilité.

Weissland comprend bien les incertitudes, les risques et les contradictions liés à cette situation. Mais, de manière très similaire à Musk, il croit que « parfois il faut investir d’abord pour voir comment ça fonctionne, puis avoir assez de flexibilité pour réagir de façon appropriée dans les années qui suivent ».

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