Nissan Maxima, trop, c’est comme pas assez

Publié le 21 juillet 2009 dans 2010 par Alain Morin

On a beau aimer les produits Nissan, il faut bien avouer que l’entreprise nippone, autrefois connue sous le nom Datsun, a souvent joué à la roulette russe. Pour chaque coup d’éclat (Skyline, King Cab, 240Z), on retrouve au moins une bourde, que ce soit sur le plan technique ou marketing (Pulsar, Quest, Infiniti Q45). À cette liste, on peut ajouter la nouvelle Maxima! Oh, ce n’est pas une mauvaise voiture. Disons, pour être poli, qu’elle en fait trop.

L’avant-dernière génération de la Maxima (2004-2008) en avait déçu plusieurs qui ne retrouvaient plus la luxueuse et dynamique Maxima d’antan. Alors pour la nouvelle Maxima, lancée l’année dernière, les ingénieurs de Nissan ont dû se dire : « Ce coup-ci, on va leur en donner pour leur argent! » Et on en a certes pour notre argent. Même qu’il reste du change…

Entre deux chaises

La Maxima est devenue une grosse voiture qui évolue dans un monde quasiment exempt de concurrence, même si elle se frotte à certains égards aux bien nanties Lexus ES, Lincoln MKZ et Volkswagen Passat. Depuis l’année dernière, la Maxima joue le jeu du luxe, se colletant ainsi à la très bien née Infiniti G37. Le problème, c’est que la G37 fait partie de la même famille, Infiniti étant la marque de prestige de Nissan. D’un autre côté, dans ses livrées moins huppées, elle se retrouve dans les plates-bandes d’une certaine Altima, de Nissan aussi…

Même si le design de la nouvelle Maxima n’a rien de transcendant, il y a tout de même certaines astuces qui accrochent l’œil. Tout d’abord, les phares au design vraiment particulier et qui fera école, le capot bombé emprunté à Infiniti et les ailes arrière aux épaulements généreux. L’habitacle est vaste, mais le fait que le noir prédomine le rend un peu moins agréable à vivre. On retrouve bien des appliques de simili bois ici et là, mais comme ces dernières sont foncées, cela n’aide pas vraiment. La disposition des commandes du tableau de bord ne prête pas à confusion et l’assemblage de même que la finition sont très professionnels. La partie centrale du tableau de bord provient de chez Infiniti, ce qui constitue une bonne nouvelle!

Le volant se prend bien en main mais, contrairement au collègue Sylvain Raymond qui avait évalué la Maxima dans le Guide 2009, j’ai eu énormément de difficultés à trouver une bonne position de conduite, malgré le volant réglable en hauteur et en profondeur. Quoi qu’il en soit, les sièges avant font preuve de confort. Par ailleurs, les rétroviseurs m’ont semblé trop petits pour la grosseur de la voiture. Quant au coffre, on aurait tort de penser qu’à cause de la carrosserie imposante, ses dimensions le sont d’autant; les tourelles de suspensions empiètent allègrement dans l’espace de chargement. En plus, l’ouverture est très petite, un mal qui se généralise dans l’industrie, et les dossiers de la banquette arrière ne s’abaissent pas. On retrouve seulement une trappe à skis.

Wow les moteurs!

Un seul moteur trouve refuge sous le capot de la Maxima. Il s’agit du célébrissime V6 3,5 litres de Nissan, par ailleurs excellent et maintes fois primé. Dans le cas qui nous intéresse, il fait près de 300 chevaux qui ne se font jamais prier pour galoper. La transmission est une CVT au rendement irréprochable. S’il est un domaine où Nissan règne en maître, c’est bien celui des transmissions CVT! Et celle-ci possède même un mode manuel. Durant un essai hivernal, notre Maxima a consommé 11,2 litres aux 100 km, une excellente moyenne, compte tenu du temps plutôt frisquet. Notre parcours comprenait environ 50 % d’autoroutes, 30 % de routes secondaires et le reste était en ville.

Un bon moteur, une bonne transmission, alors, comme disent les lutteurs, l’affaire est ketchup. Eh bien, non! La Maxima est une traction (roues avant motrices) et près de 300 chevaux sur les seules roues avant, c’est beaucoup trop. En accélération vive, on ressent un important effet de couple dans le volant, c'est-à-dire qu’il tire d’un bord et de l’autre. Remarquez qu’il est beaucoup moins prononcé que sur la génération précédente, où il fallait carrément se battre avec le volant! Ce n’est pas pour rien que les voitures très puissantes sont soit des propulsions, soit des intégrales…

Sur la route, outre ce damné effet de couple dans le volant, la Maxima se comporte très bien. Les suspensions sont fermes, quelquefois trop, mais elles assurent une tenue de route de haut calibre. D’ailleurs, le roulis est très bien maîtrisé. Les roues de 18 pouces de notre modèle d’essai étaient très bien adaptées à la voiture, mais celles de 19 pouces – offertes dans un groupe d’options – sont inutilement grandes, en plus de demander plusieurs $$$$ pour leur remplacement. Sur des routes enneigées, les différents systèmes de contrôle de la traction ou de la stabilité latérale ne se sont pas montrés trop intrusifs, chose rare sur une voiture japonaise. La direction a beau être précise, sa légèreté lui enlève des points. Anecdote : Lorsqu’on est assis au volant, les ailes très bombées de la Maxima donnent l’impression de conduire une Corvette. Mais c’est juste une impression!

La Nissan Maxima est l’exemple typique de la voiture mal équilibrée. Trop puissante pour son châssis et jouant à la fois la carte du luxe et de la sportivité, elle finit par rater toutes ses cibles, pas de beaucoup, mais aujourd’hui, dans un contexte de compétitivité extrême, il faut viser le centre du « bull’s eye », pas sa périphérie. Alors, une Altima pour quelques milliers de dollars de moins ou une Infiniti G37 pour quelques milliers de dollars de plus?

Feu vert

Lignes intéressantes
Transmission CVT sérieuse
Moteur puissant et économe
Tenue de route à la hauteur
Équipement de série relevé

Feu rouge

Quel est son public cible?
Effet de couple dans le volant
Habitacle triste
Direction trop légère
Dossiers arrière non rabattable

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