Saab 9-5, incertitude
L’an dernier, on s’interrogeait sur l’avenir de ce modèle. Cette année, l’incertitude règne non seulement par rapport à ce qui va advenir de la 9-5, mais également de la compagnie. Au cas où vous vous seriez retrouvé sur une île déserte au cours de la dernière année, General Motors a abandonné le constructeur à son sort en raison de difficultés financières considérables, ce qui a forcé Saab à effectuer un dépôt de bilan. Selon les lois de la Suède, on ne parle pas de faillite mais de réorganisation structurée!
Au moment d’écrire ces lignes, même si le constructeur suédois de voitures ultra sportives Konnisegg est le nouveau propriétaire, il est impossible de savoir quel est l’avenir de Saab, que ce soit en Europe ou sur notre marché. Mais une chose est certaine, si ce modèle est reconduit pour 2010, il ne connaîtra aucun changement majeur et si sa carrière se termine en 2009, vous serez peut-être tenté de profiter de l’occasion pour acquérir une voiture de qualité à prix réduit.
Comme hier
Si vous êtes de ceux et celles qui sont toujours nostalgiques des modèles du passé, il y a de fortes chances que la 9-5 vous intéresse, car elle a été initialement lancée en 1999 et a connu peu de transformations majeures à son architecture mécanique et à son design. Les stylistes ont beau avoir effectué plusieurs retouches à la présentation extérieure il y a deux ans, on ne peut dire que cette voiture fait tourner les têtes. Elle possède ce petit air vieillot qui indique à coup sûr que les stylistes l’ont dessinée il y a deux décennies. Bill Clinton était alors président des États-Unis et la chanson Mambo No 5 de Lou Bega était le hit de l’été.
Il faudrait être de mauvaise foi pour affirmer que la 9-5 est une voiture laide ; elle est plutôt discrète et quelque peu vieillotte, mais plusieurs lui trouvent une élégance raffinée. À chacun son opinion. Il faut souligner que la familiale appelée Sport Combi affiche une silhouette plus moderne.
L’habitacle est tout aussi rétro que la carrosserie, mais c’est moins évident d’autant plus que la planche de bord de la 9-5 a plusieurs points en commun avec celui de sa cadette 9-3. On y retrouve les mêmes commandes de la climatisation et les mêmes buses de ventilation, avec leur bouton pivotant permettant de régler les ailettes de diffusion sous tous les angles. Les cadrans indicateurs sont de grande dimension et faciles à consulter. Oh, avant d’oublier, sachez que comme toute Saab authentique, la clé de contact est placée sur la console, entre les deux sièges. Pour les inconditionnels de la marque suédoise, c’est un must. Pour la petite histoire, les ingénieurs avaient décidé de placer la clé de contact sur la console centrale afin de verrouiller la transmission et décourager les voleurs. De nos jours, la clé est de type à infrarouge et ne peut verrouiller la transmission.
La personne qui est confrontée pour la première fois à une voiture Saab devra passer quelques minutes à déchiffrer la nature de certaines commandes. De plus, la climatisation a un esprit d’indépendance poussé et il est parfois décourageant d’avoir le dernier mot. Il est plus facile de choisir la position Auto, de régler le degré de température voulu et laisser l’ordinateur se charger du reste. Il faut ajouter que la position de conduite est impeccable, que les sièges sont très confortables et dotés d’un appui-tête actif afin de prévenir le coup de lapin en cas de collision arrière. Il est pertinent de souligner le fait que toutes les Saab obtiennent des cotes de sécurité fort rassurantes, bien que ce constructeur ne fasse pas autant état de la chose que Volvo, son concurrent de toujours. Par contre, l’absence d’un rideau de sécurité témoigne des origines lointaines de la voiture.
Le turbo, toujours le turbo
Saab a joué le rôle de pionnier dans l’utilisation des moteurs turbocompressés dans les voitures de tourisme et il continue de faire appel à son expertise sur ce modèle. Ici, pas de moteur V6 ou de V8, mais un petit quatre cylindres de 2,4 litres d’une puissance de 260 chevaux couplé à une transmission automatique à cinq rapports ou une boîte manuelle à cinq rapports. Cette dernière n’est pas tellement inspirante en raison de l’imprécision du levier de vitesses. Cela a toujours été l’un des points faibles chez Saab. On a apporté plusieurs améliorations au fil des années, mais la boîte automatique est un meilleur choix.
Malgré sa cylindrée relativement modeste pour une voiture de cette grosseur, les accélérations sont assez nerveuses et il est possible de boucler le 0-100 km/h en un peu plus de 8 secondes. Et ce moteur est passablement doux malgré les efforts qu’il doit déployer pour vaincre l’inertie. Et si la fiabilité de la 9-5 était inquiétante il y a quelques années, elle est maintenant dans la bonne moyenne, ce qui lui vaut la mention « recommandée » par le très sérieux magazine Consumer Reports, ce qui est non négligeable. Le comportement routier est comme la silhouette : correct, mais pas trop époustouflant.
La loi de la raison n’a pas toujours raison, et c’est ce qui se produit avec cette voiture qui est homogène, relativement économique en fait de consommation de carburant, dotée d’une bonne habitabilité en plus d’être agréable à conduire et sécuritaire. Malgré tout, Saab a toujours eu de la difficulté à convaincre les acheteurs. Et c’est d’autant plus vrai que la 9-5 soutient assez mal la comparaison avec sa petite sœur, la 9-3. Il faut aussi avouer que le fait qu’elle soit distribuée par GM en Amérique du Nord ne convient pas toujours au profil de l’acheteur type de cette marque, qui préfère les structures financières à échelle plus normale. Il aurait été intéressant de voir quel sort cette marque aurait connu si elle avait été distribuée par son propre réseau indépendant au lieu d’être associée avec Saturn.
Feu vert
Bonne tenue de route
Moteur performant
Excellente habitabilité
Version Combi
Équipement complet
Feu rouge
Avenir incertain
Forte dépréciation
Certaines commandes énigmatiques
Silhouette rétro
Boîte manuelle peu agréable