Ford Bronco : l’histoire d’un cheval indompté

Publié le 22 avril 2019 dans Voitures anciennes par Alain Morin

Bien que le Ford Bronco ait été lancé en août 1965 en tant que modèle 1966, son histoire débute 20 ans plus tôt, avec la fin de la Seconde Guerre mondiale. En septembre 1945, la marque Willys, qui fabrique le fameux Jeep, se retrouve avec une usine prête à fermer ses portes, le sympathique petit 4x4 militaire n’ayant plus sa raison d’être. Quelqu’un chez Willys a alors une idée de génie, faire du Jeep un véhicule civil. C’est un succès.

Willys vient de créer un marché, celui des véhicules récréatifs. En 1961, voyant que l’intérêt du public pour le rustre Jeep ne se dément pas, International Harvester, une marque se spécialisant dans les véhicules agricoles et utilitaires, présente un 4x4 récréatif, le Scout. C’est un succès.

Ford s’immisce dans la brèche

Ford, le cœur sur la main, se dit alors que puisque la société veut des 4x4 récréatifs, elle lui en proposera un elle aussi. Bienvenue au Bronco 1966, un véhicule aux lignes attachantes. C’est un succès.

Photo: Ford Motor Company

Dès ses débuts, le Bronco, un mot qui, en Amérique du Nord, réfère à un cheval indompté, est décliné en trois configurations : familiale deux portes (Wagon), camionnette (Sports Utility) et décapotable (Roadster). Malgré cette diversité, l’économie a présidé aux choix des responsables du développement du petit 4x4. Les vitres sont parfaitement plates et les pare-chocs sont d’une étonnante simplicité tandis que les portes gauche et droite de la camionnette et du modèle décapotable sont interchangeables. Dresser la liste de l’équipement de série est une activité qui se fait assez rapid… oh, c’est déjà fini! Par contre, la liste des options est interminable.

Pas gros, mais marteau

Côté mécanique, c’est aussi fort chiche. Lors de son lancement, le Bronco héberge un six cylindres en ligne de 170 pouces cubes développant 105 chevaux (85 chevaux DIN) à 4 400 tr/min et un couple net de 146 livres-pied à 2 400 tr/min. Après quelques mois, un V8 de 289 pouces cubes de 200 chevaux est offert en option. Peu importe le moteur, la boîte de vitesses est une manuelle à trois rapports. Entre cette boîte et les quatre roues motrices, on remarque un boîtier de transfert à deux rapports, dont une gamme basse. Le Bronco, à l’instar du Jeep CJ-5 et de l’International Scout, est rudimentaire, mais il passe littéralement partout.

Photo: Ford Motor Company

Dès la première année de production, Ford écoule pas moins de 23 776 unités. Le roadster sera proposé jusqu’en 1969. Le pick-up, lui, le sera jusqu’en 1972. Cette première génération du Bronco demeure au catalogue jusqu’en 1977, gagnant ici et là quelques chevaux ou éléments de confort, ce dernier mot étant largement exagéré.

Vers la deuxième génération

Vers la fin des années 70, la société change et devient plus douillette. En 1978 sort un nouveau Bronco plus gros, plus lourd, plus luxueux, plus confortable et plus cher et toujours capable d’affronter les sentiers. Ce Bronco, qui ne durera que deux ans, est présenté en une seule version, deux portes et, comme avant, la partie supérieure de la boîte peut être enlevée, ce qui en fait un utilitaire semi-décapotable, la partie du toit au-dessus des passagers demeurant en place. Les éternels concurrents que sont les Chevrolet Blazer/GMC Jimmy et Dodge Ramcharger, eux, peuvent être transformés en décapotables intégrales. Cette seconde mouture du Bronco est dotée, de base, d’un V8 de 351 pouces cubes ou, en option d’un V8 de 400 pouces cubes.

Photo: Ford Motor Company

Déjà, une troisième génération

Dès 1980 apparaît un autre Bronco, dérivé du F-150, dont il partage la partie avant. Cette fois, la mécanique et la plate-forme sont résolument modernes, comme le prouve la suspension avant désormais indépendante. D’office, on retrouve un six cylindres en ligne de 300 pouces cubes, livré uniquement avec une boîte manuelle à quatre rapports. Un V8 de 302 pouces cubes est également offert, de même qu’un 351 Cleveland, remplacé en 1982 par un 351 Windsor.

Un mini Bronco, le Bronco II

Durant les années 80, le marché du véhicule récréatif (on ne parle pas encore de VUS) change et le public commence à désirer quelque chose d’un peu plus petit, donc plus maniable. Introduit en 1983 en tant que modèle 1984, le Bronco II est basé sur la camionnette intermédiaire Ranger et vient jouer dans les plates-bandes des Chevrolet Blazer/GMC Jimmy et Jeep Cherokee. Le Bronco II vivra de 1984 à 1990. En 1991, Ford lance un VUS, l’Explorer, reléguant le mini-Bronco aux oubliettes.

Photo: Ford Motor Company

La quatrième vie du Bronco

1987. Le F-150 est entièrement remanié… le Bronco aussi. Sa carrosserie plus aérodynamique incarne le modernisme, à l’image de ses trois moteurs, qui d’ici quelques années, recevront tous l’injection électronique. Il y a un six cylindres en ligne de 2,9 litres, un V8 5,0 litres et un autre V8 de 5,8 litres.

Selon le moteur, l’acheteur peut considérer une manuelle à quatre ou à cinq rapports provenant de chez Mazda ou une automatique à quatre rapports. Pour la première fois, le rouage 4x4 est activé par un bouton plutôt que par un levier. Les temps changent!

Photo: Ford Motor Company

L’ultime génération

Comme tous les Bronco précédents, celui qui apparaît en 1992 conserve ses allures carrées, ses deux portes et son toit amovible. Cependant, dès 1993, le troisième feu de freinage arrière devient obligatoire sur les camionnettes, véhicules utilitaires et fourgonnettes. Comme il se trouve sur la partie supérieure de la section amovible, il devient illégal d’enlever ladite section. De toute façon, l’opération était tellement fastidieuse que pratiquement personne ne s’aventurait dans cette périlleuse voie!

Le châssis est encore celui du F-150. Le six cylindres en ligne poursuit sa carrière jusqu’en 1993. Durant cette lignée, les V8 de 302 et 351 sont améliorés dans le but de répondre aux normes antipollution toujours plus sévères. Les freins antiblocage deviennent standards en 1993.

Les années 90 marquent la fin des véhicules récréatifs au profit des utilitaires sport. Bien que le Bronco se soit infiniment raffiné depuis ses débuts en 1966, il demeure trop rustre pour la clientèle qui demande de plus en plus de luxe, souvent au détriment des capacités hors route. Le dernier Bronco quitte la chaîne de montage de l’usine de Wayne, au Michigan, le 12 juin 1996. Il est aussitôt remplacé par un grand VUS qui répond mieux aux nouveaux besoins des Américains, l’Expedition.

Photo: Ford

Du Bronco Concept au Bronco 2020

Malgré tout, le nom Bronco a toujours conservé sa place dans le cœur des amateurs. En 2004, au Salon de Detroit, Ford présente un Bronco Concept, basé sur celui de la première génération et construit sur une plate-forme d’Escape. Puis… plus rien.

Le Bronco sera enfin de retour dès l’année-modèle 2020. Souhaitons qu’il ait la robustesse, les capacités hors route et l’originalité du premier… mais pas son inconfort!

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