Genesis G90 2019: Visionnaire
À la page 335 du Guide de l’auto 2016, l’auteur du texte, dans un (rare) moment de lucidité, écrivait, à propos de la Hyundai Equus « [Cette] première incursion dans le haut de gamme n’a pas fonctionné? Je ne serais pas surpris que ça ait été prévu. La deuxième pourrait être plus sérieuse. La troisième arrachera des larmes à Audi, Mercedes-Benz, BMW, Cadillac, Lexus. On s’en reparle dans 10 ans… » Cette deuxième tentative, c’est la G90, la berline de prestige de la nouvelle marque de luxe de Hyundai, Genesis.
Il est indéniable qu’au sein de la gamme Genesis, la G90 est éclipsée par la plus petite et plus sportive G80 et par la compacte G70, même si cette dernière vient à peine d’arriver sur le marché. En plus, un VUS s’en vient. Tout ça pour dire que la G90 ne sera jamais la Genesis la plus populaire, même si elle représente son summum, en matière de prestige.
Il faut dire que, côté style, on a déjà vu plus flamboyant. Classique à l’os, en dedans comme en dehors, on lui trouve des airs de Mercedes-Benz Classe S et de Lexus LS, mais pas suffisamment pour l’accuser de plagiat. On peut même se demander si Peter Schreyer et Luc Donckerwolke, les célèbres designers débauchés d’Audi et Lamborghini, ont vu la voiture avant sa commercialisation…
Sobriété à tous les niveaux
Il faut cependant s’approcher de l’imposante berline qu’est la G90 pour constater son indéniable qualité de construction. Pour trouver une infime faille dans l’assemblage ou dans la qualité des matériaux, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, il faut se lever de bonne heure.
Les sièges, on s’en doute, sont d’un confort suprême, à l’avant comme à l’arrière. L’écran central de 12,3 pouces diffuse des informations parfaitement claires et pertinentes. La caméra de recul, par exemple, est d’une extraordinaire précision… si ce n’est qu’elle se salisse rapidement en hiver. Le fonctionnement du système multimédia s’avère généralement facile à comprendre, bien que je n’ai pas trouvé comment mettre en mémoire mes stations SiriusXM préférées.
Si Hyundai s’est fait une place en Amérique, c’est grâce à l’excellent rapport équipement/prix de ses voitures. C’est aussi le cas avec la G90. Même la version la plus basique a droit à des phares à DEL avec système adaptatif d’orientation en virage, à une chaîne audio Lexicon de 900 watts, à des systèmes de suivi de voie et de freinage autonome avec détection de piéton. Il y en aurait pour dix paragraphes comme ça… Cette pléthore de dispositifs, d’accessoires et de bébelles se solde par une forêt de boutons, de pitons et de leviers qui, heureusement, s’apprivoisent assez rapidement.
Comme dans une pyramide
Le moteur de base de la G90 est un V6 biturbo de 3,3 litres. Monument de douceur et de souplesse, il ne laisse jamais le conducteur dans le pétrin. Cependant, la boîte automatique à huit rapports vient quelque peu ralentir son enthousiasme puisque ses réactions ne sont pas très rapides, surtout en rétrogradation. Certes, le V8 5,0 litres atmosphérique est plus vif, mais pas autant qu’on pourrait le croire et sa belle sonorité en accélération est malheureusement étouffée par des tonnes de matériel insonore. Justement, à propos de l’insonorisation… À 100 km/h sur une route en mauvais état, le niveau sonore est plus bas que dans les entrailles d’une pyramide d’Égypte. En tout cas, c’est ce que l’on chuchote.
Sur la route, la G90 se comporte à l’image de sa carrosserie, sobrement. Le châssis est indéniablement solide et le rouage intégral, livré d’office peu importe le nombre de cylindres, ajoute à l’impression de sécurité. En mode Sport, la G90 affiche un peu plus de caractère sans toutefois se transformer en une véritable auto sport. Pourquoi diable aurait-on envie de se faire plaisir au volant d’une voiture dont la direction n’est pas très dégourdie et dont les différents modes de conduite (Smart ou Normal, Sport, Eco et Individuel) ne sont pas très marqués les uns par rapport aux autres?
La suspension adaptative privilégie le confort (le contraire aurait été surprenant!), mais pas au détriment de la tenue de route, solide. Toutefois, au risque de me répéter, la G90 ne sera jamais une bagnole sport. Si c’est ce que vous recherchez, les Allemands font de fabuleuses routières. Elles sont passablement plus chères et souvent moins fiables, par contre.
La Genesis G90 ne frappera pas l’imaginaire collectif. Elle se démarque par son rapport équipement/prix, par sa bonne fiabilité anticipée et par son excellente qualité de construction. Pour l’instant, cela suffit amplement à Hyundai qui étudie encore le marché lucratif – mais complexe – de la voiture de prestige. La G90 est la deuxième salve de Hyundai et elle risque de toucher la cible. La prochaine visera le bullseye.
Feu vert
- Finition et fabrication de haut niveau
- Moteurs puissants et doux
- Silence de roulement indéniable
- Rapport équipement/prix impressionnant
Feu rouge
- Lignes trop sobres
- Direction peu enthousiaste
- Voiture en manque de prestige
- V8 plus ou moins pertinent
- Valeur de revente risque d’être faible