Toyota 4Runner 2019: Technophobie

Publié le 1er janvier 2019 dans 2019 par Antoine Joubert

Faites un sondage et interrogez M. Tout-le-Monde sur le constructeur à qui l'on attribuerait la palme des innovations technologiques. Nul doute qu’à cette question, Toyota reviendrait souvent dans les réponses. Or, paradoxalement, Toyota est assurément le constructeur qui accuse le plus grand retard technologique dans le domaine des camions légers. Bien sûr, nous évoquons ici les camions. Les vrais. Pensez au Tundra, au Sequoia et bien sûr, à notre sujet.

Pour illustrer à quel point le 4Runner est dépassé sur le plan technique, mentionnons d’entrée de jeu qu’il s’agit du seul VUS intermédiaire (hormis le Jeep Wrangler) encore doté d’un châssis à échelle. Du seul à faire appel à une boîte automatique à seulement cinq rapports. Du seul qui ne propose aucune détection de changement de voie, d’obstacle aux angles morts ou en marche arrière.

Enviable réputation

Le 4Runner jouit pourtant d’une enviable réputation. Au point où les innovations technologiques ne sont pas nécessaires, puisqu’on vend tout ce qu’on produit, sans octroyer un sou de rabais, et en offrant des taux de financement quasi usuraires. Pourriez-vous en dire autant du Ford Explorer? Du Jeep Grand Cherokee?

Il faut néanmoins admettre que Toyota a su adapter son 4Runner (qui fête cette année son 35e anniversaire) à différents types de consommateurs. Une version de base pour l’acheteur recherchant une bonne valeur, une version Limited offrant luxe et commodités ainsi que deux déclinaisons TRD, pour séduire l’authentique coureur des bois. Ce sont d’ailleurs ces versions qui, depuis quelques années, innovent en proposant un look de plus en plus musclé, et des aptitudes toujours plus impressionnantes. Du moins, hors des sentiers battus.

Difficile de ne pas applaudir les efforts déployés pour faire du TRD Pro un monstre redoutable, affichant d’impressionnants angles d’attaque et des capacités hors route ahurissantes, notamment en raison d’une suspension composée d’amortisseurs Fox (nouveaux pour 2019) et de ressorts TRD. Les plaques de soubassement viennent évidemment protéger l’attirail mécanique tout en contribuant au style quasi militaire de cette version. Quant aux pneumatiques de marque Nitto, ils ont l’avantage d’être non seulement très performants en terrain accidenté, mais également sur le bitume.

La réputation du 4Runner est, toutefois, essentiellement attribuable à son invincibilité. Au fait qu’après de longues années de service, le véhicule affiche une fiabilité exceptionnelle. Ne vous demandez pas pourquoi son taux de dépréciation s’avère si faible. On se l’arrache sur le marché d’occasion, sachant qu’en plus de ses capacités, il se classe dans le Top 10 des véhicules parcourant le plus grand kilomètrage, toutes catégories confondues.

Ferez-vous des concessions?

La fiabilité, la durabilité, les capacités hors route sont indéniables avec le 4Runner. Maintenant, ce dernier exige que son propriétaire fasse beaucoup de concessions, surtout lorsque comparé avec des véhicules de conception plus moderne. Vous serez par exemple déçus du confort des sièges qui manquent de support, de la finition très plastique et aucunement luxueuse, ainsi que du manque flagrant d’équipement, surtout en considérant sa facture passablement élevée. Même la version Limited, fardée de chrome et chaussée de jantes de 20 pouces, se montre chiche, au point de friser l’insulte.

Autre concession, la mécanique. Effectivement, Toyota nous sert toujours cet infatigable, mais ô combien vétuste V6 de 4,0 litres, aussi fiable que grognon, et qui consomme sans gêne plus d’essence que le V8 HEMI du Grand Cherokee. Évidemment, il faut considérer dans l’équation la présence d’une boîte automatique complètement dépassée, ainsi que l’aérodynamisme déficient du véhicule. Or, il n’en demeure pas moins que ce moteur, aussi sûr soit-il, est mûr pour la retraite. Qu’attend donc Toyota pour nous offrir ici la motorisation du récent Tacoma?

J’ajouterais que le conducteur du 4Runner passe son temps à corriger sa trajectoire. Une bourrasque de vent, et le véhicule perd le cap. Un pavé dégradé, et la caisse sautille aussitôt. Et comme si ce n’était pas assez, on nous livre une direction tellement imprécise qu’on a l’impression que les roues et le volant sont reliés par des élastiques.

Alors oui, le 4Runner procure un sentiment d’invincibilité remarquable. D’ailleurs, ce seul élément séduit nombre d’acheteurs qui ne trouvent pas d’équivalent chez la concurrence. Et il est clair que la qualité, la durabilité et les faibles coûts d’entretien viennent embellir le bilan de ce camion. Pour toutes ces raisons, il m’est donc impossible de ne pas le recommander. Maintenant, nous sommes en 2018, bientôt 2019. Et ce qu’on nous sert ici sur le plan technique, ce n’est même pas du réchauffé. C’est du « passé date ». Alors, s’il vous plaît, Toyota, amenez-nous quelque chose de neuf. Ça urge!

Ou “mais ils sont également efficaces sur le bitume ».

Feu vert

Feu rouge

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