Honda Clarity 2019: Génie technique, agression oculaire

Publié le 1er janvier 2019 dans 2019 par Antoine Joubert

Avouons-le, la longue liste d’échecs du constructeur Honda en matière de voitures hybrides est désolante. Pensez à la Insight (deux fois plutôt qu’une), à la CR-Z, ainsi qu’aux Civic et Accord hybrides de précédentes générations, et vous avez la preuve que le constructeur a littéralement manqué le bateau.

Que s’est-il passé? Pourquoi est-ce que Toyota a réussi là où Honda a échoué? À cette question, les stratèges de la marque répondent qu’ils ne considèrent pas leurs différentes tentatives comme des échecs, et qu’il faut toujours regarder devant. Ouais... disons!

Cela dit, il est clair que le constructeur n’a pas l’intention de se retrouver dans une situation semblable à celle de Mazda, c’est-à-dire sans technologie alternative. Voilà pourquoi plusieurs variantes technologiques ont fait l’objet d’études, notamment du côté de la Californie, où le nom Clarity est connu depuis longtemps. En effet, Honda y commercialisait depuis dix ans la FCX Clarity, un modèle alimenté à l’hydrogène. Cette dernière a été remplacée en 2017 par la Clarity – tout court, qui se décline aux États-Unis en trois versions. Un modèle à piles à combustible (586 kilomètres d’autonomie), un modèle 100% électrique (143 kilomètres d’autonomie), puis une version hybride rechargeable, la seule offerte chez nous.

La Volt dans la mire
Pourquoi ne pas offrir l’électrique au Canada? Parce que l’autonomie est jugée trop faible pour notre climat, et parce que l’hybride rechargeable est en mesure de rivaliser efficacement avec la populaire Chevrolet Volt. Il faut dire que le principe mécanique de la Clarity et de la Volt est directement comparable. Ainsi, comme la Chevrolet, le moteur à essence fait ici office de génératrice pour alimenter les batteries de 17 kWh, lesquelles permettent d’obtenir une autonomie 100% électrique annoncée à 76 km (contre 83 km pour la Volt).

Toutefois, j’ai pu lors de mon essai, et sans effort, parcourir 82 km sans essence, dans des conditions qui n’étaient pas optimales. L’autonomie annoncée est donc très réaliste, voire plus que celle de Chevrolet. Et bonne nouvelle, la consommation d’essence, passé les « 76 » kilomètres, se situe à environ 5,5 L/100 km. À l’inverse de la Volt, le moteur à essence peut cependant acheminer directement sa puissance aux roues avant, par l’entremise d’un embrayage électronique. Selon Honda, il serait dans certaines situations plus avantageux de procéder ainsi qu’en alimentant la batterie à l’aide du moteur à essence.

Avantagée par rapport à la Volt? Sur le plan de l’autonomie initiale, j’oserais dire qu’elles se comparent. Maintenant, en considérant l’usage du moteur à essence, la Clarity a une petite avance, simplement parce qu’elle consomme un peu moins, passé l’étape du mode 100% électrique. Ajoutons aussi l’avantage de sa puissance combinée, chiffrée à 212 chevaux, qui rend la conduite plus agréable.

Or, le gros point fort de la Clarity face à sa rivale américaine demeure l’espace et le confort. Ici, l’habitacle est non seulement plus spacieux et convivial, mais le confort de roulement n’est aucunement comparable. Il faut dire que Honda a mis les bouchées doubles pour faire de la Clarity une routière capable d’avaler des kilomètres, ce qui est plutôt rare dans le monde des hybrides/électriques. De ce fait, la voiture est plus agréable à conduire et plus pratique. J’ajouterais que l’insonorisation constitue aussi un avantage, un élément rarement dénoté dans les produits de la marque.

Quant au poste de conduite, on lui accorde une note quasi parfaite au chapitre de l’ergonomie, mentionnant de surcroît la richesse de l’équipement, même sur la version d’entrée de gamme. Et non, pas de longues listes d’options comme sur la Volt, capable de faire grimper la facture à plus de 50 000 $.

Imaginez si elle était belle…
Chez Honda, on nous dit que le style « audacieux » de la Clarity s’explique pour une question aérodynamique. Or, le constructeur refuse de dévoiler le coefficient de traînée, qui ne serait vraisemblablement pas meilleur que celui d’une Hyundai Ioniq. Et entre nous, certains dirigeants de concession m’ont avoué être découragés par son allure, sachant quels étaient leurs objectifs de vente annuels avec ce modèle.

Quant à moi, je le crie haut et fort. Cette voiture est une horreur esthétique, capable de causer un traumatisme oculaire. Et ne soyez pas dupes! Même peinte d’un gris démesurément anonyme, cette voiture provoque des hauts le cœur. Alors, SVP Honda, foutez-moi vos designers à la porte, et réengagez ceux qui accouchaient de vos chefs-d’œuvre des années 90. Parce que si la Clarity constitue un énième échec pour Honda dans le monde des hybrides, ça ne sera uniquement que pour une question de look. Car honnêtement, outre son style, cette voiture a tout pour elle. Confortable, technologiquement efficace, frugale, spacieuse et oui, fort probablement très fiable. De plus, elle est éligible au crédit gouvernemental de 8 000 $ pour véhicules électriques!

Feu vert

Feu rouge

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