Toyota Sienna 2019: Le triomphe ennuyant de la raison
En cette ère de domination outrancière des utilitaires sport et multisegments, il n’existe toujours aucun véhicule plus pratique qu’une fourgonnette pour transporter plusieurs personnes, et tout leur fourbi, dans la joie, en tout confort. Et dans cette spécialité, aucune n’est aussi compétente et complète que la Sienna, qu’on peut même se procurer avec quatre roues motrices, pour faire le pied de nez à l’armada des VUS à longueur d’année.
Le premier constructeur japonais n’a jamais cessé de raffiner sa fourgonnette Sienna depuis le lancement de la première, il y a plus de vingt ans. Partageant son architecture et ses groupes propulseurs avec la Camry, elle n’a jamais cessé d’être un modèle de fiabilité, fidèle à son code génétique. Sauf pour une vieille histoire de V6 gommés par des résidus d’huile. Eh oui, ça arrive dans les meilleures familles.
Chose certaine, la Sienna a fait du chemin depuis que Toyota a renoncé à cet ovni qu’était la Previa, avec son moteur central couché sous le plancher pour adopter la formule classique du moteur avant transversal. La deuxième génération était plus grande et la troisième, lancée en 2011, plus puissante et moderne, sous une carrosserie redessinée. Curieusement, Toyota ne l’offre toujours pas avec un groupe propulseur hybride alors qu’elle est la pionnière et la championne incontestée de cette technologie. Là-dessus, elle s’est fait damer le pion par la Chrysler Pacifica hybride. On ne perd rien pour attendre.
Fonctionnelles d’abord et ensuite aussi
La silhouette des Sienna a pris un coup de jeune l’an dernier, avec une de ces immenses calandres en sablier qu’on retrouve maintenant sur une majorité de Toyota et Lexus. Le dessin du tableau de bord, des affichages et des commandes est impeccablement fonctionnel, à défaut d’être beau. On y retrouve même deux coffres à gants superposés. Les Sienna proposent une kyrielle de systèmes de sécurité et de divertissement, avec les branchements pour en profiter. Les intéressés seront ravis d’apprendre qu’Apple CarPlay est désormais disponible de série sur toutes les versions. Meilleure chance la prochaine fois pour les amateurs d’Android.
L’accès aux places avant est ultra-facile. On s’y glisse presque à l’horizontale, sans le moindre déhanchement. La position de conduite se trouve très juste, avec un repose-pied décalé vers le centre et plutôt étroit vers le haut. La présence d’une pédale pour le frein de stationnement est tolérable, puisqu’elle pend à la gauche du repose-pied. La visibilité s'avère excellente de tous les angles, grâce à des rétroviseurs bien dégagés des montants avant et aux petites glaces découpées juste derrière. Le grand hayon électrique est parfois récalcitrant. Il bloque et on est alors incapable de l’ouvrir de l’extérieur sans la télécommande. Très frustrant.
La Sienna roule doux en conduite normale, mais la suspension est trop souple et paraît sous-amortie sur chaussée raboteuse ou bosselée. Sans doute à cause du poids additionnel des pneus « à mobilité continue », un choix malgré tout excellent pour un véhicule dont l’usage familial est prédominant. Il faudrait toutefois que les amortisseurs et ressorts y soient mieux adaptés. Le roulement serait peut-être en outre moins bruyant. Dans ce dernier cas, c’est possiblement la rigidité de la structure entière qui est en cause. Pas évident pour un véhicule de cette taille, avec d’énormes ouvertures.
Pure et sûre
Remarquez que la reine des Sienna affiche quand même un bel aplomb en virage et que la sécurité de son comportement ne suscite aucune inquiétude. Ce qui ne signifie certainement pas qu’elle est le moindrement excitante à conduire. On se croirait plutôt au volant d’un autobus, si petit soit-il. Ce qui est d’ailleurs assez réaliste.
Le moteur, un V6 de 3,5 litres et 295 chevaux, est souple et musclé, avec de belles notes rondes en accélération. La XLE Limited à rouage intégral, la plus chère et lourde des Sienna, expédie néanmoins le sprint 0-100 km/h en 7,8 secondes, ce qui en fait la plus performante des fourgonnettes actuelles. Sa boîte automatique à huit rapports est douce, nette et rapide en pleine accélération, mais proteste parfois par des saccades en accélérant après un arrêt complet.
Côté freinage, elle stoppe de 100 km/h sur une distance de 45,9 m, un résultat moyen. La modulation des freins est par contre très bonne en conduite normale, avec une pédale ferme et constante.
La Sienna offre encore les meilleurs outils pour transporter plein de gens de toutes les tailles et plein d’objets de toute nature, avec l’amalgame le plus réussi d’agrément, de confort, de sécurité et de fiabilité. Pour le pur plaisir de conduire, prière de garder aussi une petite sportive dans le garage.
Feu vert
- Habitacle immense et pratique
- Moteur souple et puissant
- Sièges accessibles et confortables
- Rouage intégral optionnel exclusif
- Polyvalence et fiabilité inégalées
Feu rouge
- Conduite soporifique
- Roulement ferme sur pavé méchant
- Présentation intérieure un peu morne
- Fausses boiseries franchement laides (XLE)
- Hayon électrique parfois récalcitrant