Kia K900 2019: Le vaisseau amiral réapparaît
Lorsque Hyundai et Kia ont respectivement introduit leurs grandes berlines de luxe, les Equus et K900, il y a quelques années, les acheteurs de voitures haut de gamme, la presse spécialisée et aussi, probablement, les constructeurs allemands se sont collectivement esclaffés un bon coup. Comment les Coréens pouvaient-ils rivaliser avec les marques établies, surtout avec des voitures portant fièrement le même écusson qui se retrouve sur des sous-compactes à 13 000 $?
Et pourtant, ces berlines étaient sérieusement à point, et plus on les conduisait, plus on réalisait à quel point le constructeur Hyundai/Kia s’était efforcé de concevoir une voiture de luxe de classe mondiale. L’absence d’un rouage intégral pour le marché canadien, entrelacée de la perception persistante du public que les Coréens ne peuvent que créer des véhicules bas de gamme, a toutefois relégué dans l’ombre ces deux bagnoles.
L’Equus devenant la Genesis G90, et la K900 devenant la… K900, cette deuxième génération a corrigé des lacunes et s’impose plus que jamais comme étant une solution beaucoup moins dispendieuse à une Mercedes-Benz Classe S, un BMW Série 7 ou une Audi A8. Si Hyundai a adopté la bonne stratégie en créant la marque Genesis, Kia tente toujours de vendre sa berline pleine grandeur avec le même logo que celui de la petite Rio, du Soul tout mignon et de la fourgonnette Sedona. Ça ne sera pas facile.
Une question d’image
Présentée au Salon de l’auto de New York, en 2018, la berline a été repensée de A à Z, et aux dires de la marque, seul le nom K900 a été conservé. La voiture affiche une silhouette moderne, fort élégante, avec une ligne de toit étirée vers l’extrémité du coffre, comme le veut la tendance stylistique actuelle. On a conféré beaucoup de détails dans les blocs optiques, les feux arrière et la grille de calandre, créant une perception de richesse, bien que les filets éclairés aux DEL tout juste sous les phares donnent l’impression que la voiture est cernée.
Les gens n’ayant pas mis le pied chez un concessionnaire Kia depuis dix ans seront vraisemblablement étonnés par la qualité des matériaux et la finition irréprochable de l’habitacle de la K900. Le cuir doux avec motifs de coutures en losange et passepoils contrastants ainsi que les fines boiseries à pores ouverts qui tapissent le tableau de bord, les panneaux de porte et même le volant ont de quoi surprendre.
En tant que berline exécutive, les passagers arrière sont traités aux petits oignons avec des sièges à réglages multiples, chauffants et ventilés de surcroît. En abaissant l’accoudoir central, on découvre une deuxième série de commandes pour le système de climatisation et la chaîne audio. Sans compter l’espace très généreux pour s’étirer les jambes et relaxer. Engager un chauffeur privé pour se faire reconduire dans une Kia… c’est une possibilité bien réelle.
On peut également profiter d’un éclairage d’ambiance avec un choix de 64 couleurs, et le système multimédia mise sur un grand écran tactile de 12,3 pouces, fonctionnant avec le système d’exploitation UVO de Kia. Devant le poste de pilotage se trouve, au choix, un écran numérique de 7,0 ou de 12,3 pouces, comme chez la concurrence. Enfin, on a installé une horloge analogique au centre du tableau de bord, conçu avec la collaboration d’un certain Maurice Lacroix. Un horloger suisse qui, après vérification, vend des montres à plus de 10 000 euros sur Internet…
Une écurie dans le compartiment moteur
Dans la nouvelle K900, on ne proposera qu’une seule motorisation, soit un V6 biturbo de 3,3 litres développant 365 chevaux et un couple de 376 livres-pied, jumelé à une boîte automatique à huit rapports.
On ne refera pas l’erreur d’offrir une K900 à propulsion, mal adaptée aux hivers canadiens, puisque la voiture profite désormais du sophistiqué rouage intégral mis au point avec l’aide de Magna Powertrain. À l’instar du système dans la Stinger, on favorise les roues arrière en conduite normale, et lors d’une perte d’adhérence, jusqu’à 50% de la puissance disponible peut être instantanément acheminée aux roues avant.
La K900 propose aussi un comportement routier plus dynamique – ou plutôt, moins spongieux – grâce aux réglages effectués par l’équipe d’Albert Biermann, chef du développement des performances chez Kia. Évidemment, on ne sacrifie pas le confort de roulement pour autant, mais une rigidité accrue de la caisse aide à procurer un roulement silencieux, solide et raffiné.
Il ne reste plus qu’à convaincre le public qu’une Kia est capable d’être tout aussi luxueuse, confortable et rapide qu’une grande berline allemande, pour beaucoup moins cher. Ça va prendre du temps pour en arriver là, mais si Kia persiste et continue de démontrer tout son savoir-faire, la K900 pourrait bien trouver une petite place dans le cœur des consommateurs de voitures de luxe.
Feu vert
- Habitacle somptueux
- Moteur musclé
- Design séduisant
Feu rouge
- Forte dépréciation prévue
- Pas de motorisation hybride rechargeable
- Perception de la marque encore et toujours à bâtir