Maserati Quattroporte 2019: Panache exclusif, sans véritable attrait
Cette marque de prestige, dont l’histoire semble tout droit sortie d’un roman, a perdu beaucoup de son lustre ces derniers temps. Les ventes semblaient sur la bonne voie, il y a quelques années, et l’arrivée du VUS Levante devait « levanter » les ventes. Malheureusement, un plan bâclé de marketing et de support du produit, selon Sergio Marchionne lui-même, a tué les chances, pour ce véhicule, de prendre une vraie place au sein de la catégorie des utilitaires de luxe.
Pendant ce temps, les Ghibli et Granturismo ramassent la poussière et la grande Quattroporte n’aide pas à la cause. Le retour en 2003 de cette sportive quatre portes, au look racé signé Pininfarina, a été remarqué par le monde entier, heureusement et malheureusement. Aujourd’hui, vous risquez de ne pas en repérer un grand nombre sur la route, mais malgré tout ce qui précède, la voiture demeure exceptionnelle.
GranLusso ou GranSport
Assurément, la Quattroporte mérite son titre. Dès le premier regard, on reconnaît prestige et exclusivité à un degré qui ne sera jamais atteint par les BMW Série 7 et même Mercedes Classe S de ce monde. L’approche uniquement italienne du design de la carrosserie de la voiture la distingue de toutes celles qui se disent rivales.
La version S Q4 de base n’a rien de banal, néanmoins, opter pour la GranLusso permet l’ajout de certains éléments distincts comme des touches de chrome, des jupes latérales et un becquet avant discret. La GranSport échange le discret pour une dose d’attitude, sans jamais laisser de côté l’élégance. Ses jantes de 21 pouces et sa calandre avant légèrement plus prononcée annoncent ses intentions plus dynamiques. Les deux ensembles d’habillage sont aussi offerts avec la GTS.
L’habitacle de la Quattroporte est un mélange de touches dignes d’une voiture de ce prix, et de restants de bacs à pièces en provenance de FCA. Il est inadmissible de retrouver des commandes vieilles de plus de dix ans, dont certaines sont faites de plastique creux et presque lisse. Ces commandes détonnent puisqu’ils sont encadrés de sublimes matériaux comme du vrai bois, du beau cuir souple et de la fibre de carbone. La finition et la disposition des commandes sont correctes bien que le design de la planche de bord, contrairement à la carrosserie, manque d’inspiration.
Heureusement, les sièges offrent un confort impressionnant, tant à l’avant qu’à l’arrière. La position de conduite par contre n’est pas idéale, car le volant télescopique ne s’ajuste qu’avec quelques centimètres de jeu. Le niveau d’équipement demeure évidemment complet et inclut Maserati Touch Control Plus, doté d’un écran tactile de 8,4 po.
Merci, Maranello, pour les moteurs
Sous les Quattroporte S Q4 se loge un moteur V6 de 3,0 litres assorti à deux turbocompresseurs. Sa puissance, qui a grimpé légèrement l’année dernière, ne fait de cette voiture rien de moins qu’un bolide redoutable en toutes saisons. Le rouage intégral Q4 figure de série chez la Quattroporte S, tout comme l’est une boîte automatique ZF à huit rapports, pour toutes les versions.
Le principal attrait de cette voiture demeure l’impression qu’elle donne à son passage. Le V6 rugit et gronde comme peut le faire un V8 – une Quattroporte ne passe jamais inaperçue, si ce n’est que pour le son exotique de ses moteurs. La boîte ZF, efficace, est une jolie surprise. La version S Q4 boucle le 0-100 km/h en seulement 4,8 secondes, ce qui est très rapide. La GTS, de son côté, justifie son prix par la présence d’un V8 de 3,8 litres, mais laisse tomber l’intégrale pour se contenter de la propulsion. Le V8 tire aussi profit de deux turbocompresseurs, mais n’offre aucun avantage en fait de performances. En réalité, il ne réussit qu’à consommer plus d’essence.
Ensuite, eh bien, la Maserati perd des plumes. La direction lourde n’est pas des plus agréables, et le réglage de la suspension, trop axé sur le « sport ». La voiture semble nerveuse et jamais parfaitement à l’aise. Du moins, c’est le cas si on la compare à l’ensemble de ses concurrentes. La tenue de route est néanmoins excellente. N’oublions surtout pas que la Quttroporte s’avère tout de même la première super berline au monde.
Contrairement aux Audi A8, BMW Série 7, Jaguar XJ et Mercedes-Benz Classe S, la Maserati Quattroporte pousse à l’excès l’aspect sportif et c’est ce qui lui fait le plus de tort. Ses rivales proposent des modes de conduite allant de confort à sport, et même sport plus, alors que l’Italienne ne dorlote pas ses occupants avec l’attention qu’ils mériteraient.
Je conclus avec le fait que la Maserati Quattroporte n’est pas destinée aux clients typiques de grosses berlines de luxe. L’image que la voiture projette est unique et son panache surclasse la concurrence. Malgré cela, elle ne se retrouverait pas sur ma liste d’achats.
Feu vert
- Exclusivité assurée
- Performances impressionnantes
- Design extérieur
- Superbe tenue de route
Feu rouge
- Réseau de concessionnaires restreint
- Habitacle qui manque de continuité
- Roulement peu raffiné
- Fiabilité et coûts d’entretien discutable