Fiat Chrysler veut fusionner avec Renault pour former le N°3 mondial
Le constructeur automobile italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a présenté lundi un projet de fusion avec son homologue Renault, afin de donner naissance au troisième groupe mondial du secteur, une annonce saluée par les investisseurs et le gouvernement français.
Selon la proposition faite par FCA à Renault, la nouvelle entité serait détenue à 50% par les actionnaires du constructeur italo-américain et à 50% par ceux de Renault. Il serait coté à Paris, New York et Milan, a expliqué Fiat Chrysler dans un communiqué.
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Le conseil d'administration de Renault se réunit lundi matin pour étudier cette offre, a annoncé peu après le groupe français, en précisant qu' «un communiqué serait diffusé» ensuite.
Selon une source interne à Renault, le conseil a commencé à 08 h (06 h GMT) au siège de l'entreprise à Boulogne Billancourt.
Une source proche du dossier a précisé qu'aucune décision n'était attendue aujourd'hui: «Cela va prendre des jours, voire des semaines». Le conseil d'administration doit simplement décider lundi s'il étudie la proposition.
En attendant, les titres des deux groupes étaient galvanisés: vers 09 h 30 (7 h 30 GMT), FCA gagnait 14,30% à 13,094 euros à la Bourse de Milan, après avoir bondi de plus de 18% dans les premiers échanges, et Renault 13,65% à 56,81 euros à la Bourse de Paris.
Le gouvernement français est «favorable» à celle alliance, mais «il faut que les conditions dans lesquelles se réalise cette fusion soient à la fois favorables au développement économique de Renault et évidemment aux salariés de Renault», a affirmé la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.
Le syndicat CGT a lui demandé que l'État français «garde une minorité de blocage».
Fiat Chrysler souligne que ce rapprochement donnerait naissance au troisième «fabriquant d'équipement d'origine» (FEO), avec des ventes annuelles de 8,7 millions de véhicules et une «forte présence dans des régions et segments clés».
Complémentarité
Le portefeuille des deux groupes est «large et complémentaire, et fournirait une couverture complète du marché, du luxe au segment grand public», a-t-il noté.
La nouvelle société «deviendrait un leader mondial dans un secteur automobile en rapide évolution avec un fort positionnement dans les nouvelles technologies, dont les véhicules électriques et autonomes», a ajouté le constructeur.
FCA et Renault, qui fabriquent tous deux des voitures populaires, auraient la possibilité de partager de nombreux éléments techniques. Renault apporterait son savoir-faire dans l'électrique, un domaine où l'italo-américain est en retard.
Fiat Chrysler apporterait, lui, une part de marché importante en Amérique du Nord, avec des gros SUV et pick-up particulièrement rentables.
FCA a assuré que la fusion ne se traduirait par aucune fermeture de sites de production, évoquant en revanche des synergies annuelles supérieures à 5 milliards d'euros, qui s'ajouteront à celles déjà existantes dans le cadre de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
Selon une source proche du dossier, cette annonce est l'aboutissement de «discussions qui avaient commencé sous Carlos Ghosn», l'ancien patron emblématique du constructeur français, mis en examen au Japon pour des malversations financières.
Devancer Volkswagen
Son arrestation fin novembre a déclenché une crise entre Renault et son allié japonais Nissan (qui contrôle Mitsubishi Motors), à l'origine des révélations qui ont déclenché l'enquête.
Une source proche du dossier estime que «ce projet laisse la porte ouverte à Nissan» pour faire partie de ce rapprochement.
Celui-ci, en comptant Nissan et Mitsubishi, créerait un ensemble de près de 16 millions de véhicules, devançant le mastodonte allemand Volkswagen (10,6 millions) et Toyota (10,59 millions).
Une alliance franco-italo-américaine changerait profondément le rapport de forces au sein de l'attelage Renault-Nissan-Mitsubishi, en renforçant la partie française.
Renault a poussé ces dernières semaines pour une alliance renforcée avec Nissan, via la création d'une holding à 50-50. Les Japonais ont refusé catégoriquement ce plan, estimant qu'il ne tenait pas compte de leur poids supérieur à celui de Renault.
FCA, en grande difficulté en Europe, est depuis plusieurs semaines au centre de rumeurs de rapprochements. Le groupe avait assuré début mai qu'il était prêt à avoir un "rôle actif" dans la consolidation du secteur.
Début mars, le français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) avait également manifesté son intérêt pour FCA.
Les constructeurs cherchent à joindre leurs forces pour réaliser les investissements colossaux rendus nécessaires par les évolutions technologiques: électrification, conduite autonome, véhicules connectés... Ils affrontent par ailleurs une conjoncture mondiale difficile avec notamment un retournement du marché chinois.