Nissan Frontier / Suzuki Equator, toyota le fait souffrir

Publié le 7 août 2009 dans 2010 par Antoine Joubert

Il se vend au Canada huit fois plus de Toyota Tacoma que de Nissan Frontier. Et si c’est comme ça, c’est en grande partie parce que Toyota met les efforts nécessaires pour attirer la clientèle et promouvoir son produit. Puis, il faut aussi dire que Toyota propose un plus vaste choix de versions, répondant ainsi aux exigences d’un plus grand nombre d’acheteurs. Pendant ce temps, chez Nissan, on laisse les choses aller. Rien ne semble être fait de la part de Nissan Canada pour attirer le public vers son camion, ce qui explique sa part de marché marginale.

Évidemment, ce n’est pas la même chose chez nos voisins du Sud. Certes, le Frontier n’est pas aussi populaire que le Tacoma ou le Dakota, mais on parvient là-bas à connaître un certain succès. C’est sans doute pourquoi Suzuki a choisi de s’associer à Nissan en ajoutant à sa gamme l’Equator, un camion directement dérivé du Frontier. On a remplacé la grille de calandre et quelques autres éléments esthétiques, mais hormis ces exceptions, l’Equator a absolument tout d’un Frontier.

Pour le marché canadien, c’est toutefois symbolique. Une seule version de l’Equator existe, proposant une cabine double, une caisse longue, quatre roues motrices et un équipement relativement de base. Puis, histoire d’égayer les salles d’exposition où les quelques Equator amasseront la poussière avant d’être vendus au rabais, Suzuki a décidé de ne l’offrir qu’en trois teintes: blanc, noir et gris. Bonjour la fantaisie ! Bref, pour les concessionnaires Suzuki, l’Equator n’est rien d’autre qu’un boulet, un échec lamentable, et ce, même si le produit n’est pas mauvais.

Car si vous désirez un Frontier, pourquoi l’acheter chez Suzuki ? Nissan vous le vend au même prix, avec un choix de couleurs et d’équipements plus élaboré, et possède en prime une connaissance du produit que n’ont certainement pas les concessionnaires Suzuki. À mon sens, ce n’est donc qu’une question de temps avant que l’Equator soit chose du passé, du moins au Canada.

Et le Frontier, lui ?

Bon, il est clair que Nissan, qui a été précurseur dans le domaine de la camionnette compacte (aujourd’hui de taille intermédiaire), ne peut continuer à se laisser damer le pion par la concurrence. Et il est évident qu’à moyenne échéance, on remplacera ce camion, âgé de six ans. Mais pour l’instant, l’insuccès du Frontier constitue pour ma part une erreur stratégique et non de produit. Les versions proposées chez nous ne répondent pas nécessairement aux besoins des acheteurs canadiens, et on ne fait absolument rien pour faire connaitre le produit.

Pourtant, j’ai toujours affirmé que le Frontier, en dépit de certaines faiblesses en matière de finition, était un camion de qualité, très solide et capable de travailler durement. Son châssis qui dérive de celui du géant Titan est d’une rigidité étonnante, sa suspension est très bien calibrée et capable d’accepter de lourdes charges, et sa capacité de remorquage de 2 858 kilos (6 300 livres) se rapproche dangereusement de celle du Dodge Dakota, renfermant un moteur V8.

Sur la route, on le sent robuste et costaud. Son confort est honnête, mais moins avec les versions à empattement court. Bref, c’est un camion, un vrai. Son seul véritable défaut en matière de comportement réside en fait dans son diamètre de braquage qui, sur la version à empattement long, est d’un ridicule déconcertant. Faire un virage en U avec un Frontier tient de l’exploit, et je ne vous parle pas des manœuvres serrées en milieu urbain...

Le Frontier vient avec un choix de deux moteurs. Le premier, un quatre cylindres de 2,5 litres, n’est malheureusement monté que dans la version de base à cabine allongée et deux roues motrices. Peu gourmand, il se prêterait pourtant bien à une version 4x4, comme on l’offre chez Toyota, mais Nissan ne semble pas y croire. L’autre moteur, de loin le plus couru, est un V6 de 4,0 litres très puissant et surtout, très fort en couple. Mais attention, ses 261 chevaux requièrent une quantité ahurissante de carburant pour fonctionner, à un point tel qu’on se rapproche de la consommation d’un camion pleine grandeur à moteur V8 ! Bref, n’achetez pas ce camion en ayant en tête qu’il sera moins gourmand qu’un gros joueur.

Un luxe impressionnant

Téléphonie mains libres, sièges en cuir chauffants, ordinateur multifonction et chaine audio Rockford Fosgate sont parmi les équipements figurant dans certaines versions du Frontier. Nissan a donc su conjuguer avec ce modèle, le luxe et l’utilité. Puis, il faut aussi admettre que les sièges sont d’un confort honorable. Toutefois, ce camion faisant partie de la vieille génération des produits Nissan, il affiche une qualité de finition intérieure déplorable. Les plastiques sont durs, se grafignent facilement et sont de surcroît souvent mal assemblés. Dommage.

Pourquoi favoriser le Frontier face à Tacoma ? Dans la majorité des cas, cette question demeure sans réponse. Car dans ce créneau, Toyota est véritablement le joueur à battre. Toutefois, ceux qui recherchent de la robustesse et une relation mécanique un peu plus sentie préféreront le Nissan.

Feu vert

Camion robuste
Bonne capacité de remorquage
Mécaniques éprouvées
Confort de la cabine
Choix d’empattements

Feu rouge

Finition intérieure décevante
Diamètre de braquage important
Consommation du V8
Intérêt du constructeur pour son produit
Modèle vieillissant

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