Volvo S80, hey ! C’est une Volvo !
Vous savez, lorsque Porsche réussit à écouler davantage de Boxster au Canada que Volvo le fait avec sa S80, c’est signe que le porte-étendard de la firme suédoise manque d’attrait. Les dirigeants de la marque ont donc choisi d’apporter à la S80 quelques modifications pour 2010, dans l’objectif d’un meilleur positionnement aux côtés des Audi A6 et Mercedes de Classe E. Pour ce faire, il fallait renforcer l’image de la voiture en l’associant davantage à la marque, tout en proposant une conduite répondant aux exigences de plus d’acheteurs.
La première étape aura été de mieux définir la voiture, notamment en lui greffant un plus gros logo au centre de la nouvelle grille de calandre. En redessinant partiellement le pare-chocs ainsi que quelques autres artifices mineurs, les gens de Volvo parlent aujourd’hui de la S80 comme d’une voiture au style plus menaçant. Mais ça, c’est franchement tiré par les cheveux. Car la S80 reste une voiture d’allure sobre. Il faut d’ailleurs avoir l’œil averti pour distinguer la nouvelle version de l’ancienne. À tout le moins, on peut affirmer qu’en dépit de son manque de caractère, cette berline demeure d’une rare élégance et affiche une superbe finition extérieure.
À bord, les changements sont tout aussi discrets. Volvo a modifié l’aspect de certains matériaux, la couleur des cuirs et des plastiques, ainsi que l’interface du système de navigation, qui était inutilement complexe. On remarque également la présence d’un nouveau volant, effectivement plus joli. Fort heureusement, les ingénieurs n’ont pas touché aux superbes sièges de cette voiture, qui sont à mon sens parmi les plus confortables au monde.
Évidemment, chacun peut avoir une notion différente de ce qu’est le confort, mais pour moi, il suffit de m’assoir derrière le volant de cette voiture pour ne plus jamais vouloir en ressortir ! Et comme tout à bord respire la qualité et est agencé avec soin, on ne peut faire autrement que d’être comblé.
Des mécaniques discutables
Le principal défaut de la S80 depuis son arrivée aura été d’offrir des motorisations plus ou moins bien adaptées. En effet, on propose un six cylindres de 3,2 litres dont la puissance modeste ne parvient pas à faire honneur au reste de la voiture, ainsi qu’un V8 Yamaha carrément trop lourd, qui affecte négativement le comportement du véhicule, uniquement en raison de la masse supplémentaire juchée à l’avant.
Il faut aussi mentionner que le vrombissement d’un V8 sous le capot d’un produit Volvo demeure étrange et ne cadre pas vraiment avec l’image que l’on se fait des produits de cette marque. D’ailleurs, les stratèges de Volvo sont à ce point conscient qu’un V8 greffé à la S80 peut nuire à l’image de la marque, qu’ils ont décidé de retirer tout logo pouvant identifier la mécanique présente sous le capot.
Heureusement, il reste une option mécanique mieux adaptée à la voiture : le six cylindres turbocompressé de 3,0 litres, offert avec la version T6. Ici, la puissance et le couple sont à la hauteur, et on obtient une souplesse et une douceur franchement appréciables. Il faut de plus savoir que cette motorisation est automatiquement accompagnée de la traction intégrale, à l’instar du V8.
Sur la route, la pantouflarde version 3.2 nous laisse sur notre appétit, alors que le V8 placé en porte-à-faux limite véritablement les manœuvres en conduite sportive. Cette année, le constructeur offre donc en option une suspension raffermie et abaissée, dotée de plus grosses barres antiroulis et de coussinets plus durs, pour une meilleure sensation de conduite. Toutefois, l’option du châssis actif 4C permettant au conducteur de modifier à son gré le degré de fermeté et de débattement des amortisseurs en demeure une de choix. On peut ainsi obtenir une conduite plus sentie, tout en améliorant la tenue de route. Mais comme la clientèle n’est pas toujours en quête d’un dynamisme à la BMW, cette berline propose avec cet équipement un heureux compromis en matière de conduite. Mais assurément, il lui manque encore du caractère.
Toujours la sécurité
Depuis ses débuts, le constructeur est identifié comme maître dans l’art de la sécurité. Et la S80 ne déroge pas à cette règle. Par exemple, la voiture peut anticiper une collision et ainsi freiner automatiquement de façon urgente pour limiter les dommages corporaux et matériels, détecter la présence d’un obstacle dans votre angle mort, ou encore vous avertir si vous déviez de votre voie. Au moyen d’un témoin lumineux et sonore, on va même jusqu’à vous prévenir si vous suivez le véhicule qui vous précède de trop près. Oui, dans certains cas, tous ces gadgets énervent, mais ils peuvent souvent vous éviter le pire.
Bref, l’insuccès commercial de la S80 n’est pas dû à son manque de qualités. Certes, on aimerait y trouver des motorisations mieux adaptées, mais la voiture demeure néanmoins intéressante au chapitre du comportement. Son véritable problème reste en fait son manque flagrant de caractère. Puis, il faut admettre que la facture de cette Volvo grimpe rapidement, surtout lorsqu’on se prête au jeu des options. Et ne serait-ce que pour cette raison, il serait valable de se tourner du côté de Lincoln qui propose une MKS à traction intégrale plus puissante, aussi luxueuse et tout aussi confortable.
Feu vert
Confort royal
Qualité de finition superbe
Habitacle chaleureux
Voiture très sécuritaire
Traction intégrale efficace
Feu rouge Manque flagrant de personnalité V8 mal adapté Beaucoup d’options coûteuses Consommation importante