Acura TL, moins, c’est mieux
Acura, la marque de prestige de Honda, ne jouit pas d’une aussi bonne perception du public que d’autres marques luxueuses comme Lexus ou Infiniti. Les raisons sont multiples, mais le fait d’offrir deux voitures aux dimensions et aux solutions technologiques à peu près identiques à des prix très différents n’aide assurément pas la cause d’Acura. Malheureusement, la voiture laissée pour compte dans cette comparaison est la RL, le vaisseau amiral, celui qui devrait recevoir toute l’attention. Et c’est la TL, moins prestigieuse, qui récolte les accolades !
La TL a droit, depuis sa refonte de l’année dernière, à une grille à l’esthétique pour le moins provocante. Alors qu’auparavant on reprochait à la TL sa discrétion, maintenant c’est tout le contraire ! Bref, on aime ou on n’aime pas ces angles vifs qui courent le long de la carrosserie, mais on ne peut pas blâmer les stylistes d’Acura d’avoir joué de prudence.
Une mer de pitons
L’habitacle a aussi connu sa part de modifications, les plus importantes portant sur le tableau de bord. Sa présentation est beaucoup plus dynamique qu’avant mais le nombre de boutons semble avoir explosé. Juste dans la version de base, le conducteur fait face à 76 boutons, dont 11 sur le volant seulement ! Malheureusement, même après deux semaines à bord de deux TL, il m’arrivait encore de confondre le bouton du système audio et celui du système de navigation... Lorsque ledit système de navigation ne fait pas partie des accessoires, on retrouve un écran diffusant des informations sur plusieurs paramètres de la voiture. La conduite de nuit s’avère des plus plaisantes, gracieuseté de phares très puissants.
Les sièges avant font preuve d’un bon confort et ils retiennent bien en virage serré. Celui du conducteur offre suffisamment de recul pour accueillir les grandes personnes. Le volant se prend bien en main et l’infinité de boutons tombe généralement sous la main. L’assemblage du tableau de bord et la qualité des matériaux peuvent difficilement être pris en défaut. On découvre plusieurs espaces de rangement, dont un de chaque côté de la console centrale, imitant un peu la Toyota Yaris. Comme quoi, on peut toujours apprendre des plus petits ! Cependant, ce tableau de bord pourrait ne pas convenir aux esprits déprimés tant il est noir. Et les quelques appliques d’aluminium brossé, au demeurant très jolies, n’apportent que bien peu de gaieté dans l’habitacle.
Les deux tiers des gens assis à l’arrière ont droit à des sièges confortables. L’autre tiers doit se taper la place centrale... Et 100 % de ces personnes ont à vivre avec une habitabilité restreinte. Malheureusement, les dossiers ne s’abaissent pas pour agrandir le coffre. On retrouve seulement une trappe à skis. Parlant du coffre, ses dimensions sont intéressantes mais le seuil de chargement est très élevé, ce qui n’aide en rien le transport d’objets lourds. Et son ouverture n’est pas très grande.
Traction ou intégrale ?
Techniquement, il existe deux Acura TL. Il y a tout d’abord la TL de base qui cache sous son capot un V6 de 3,5 litres de 280 chevaux. Une transmission automatique à cinq rapports achemine la cavalerie aux roues avant. Ce moteur est puissant à souhait et fait généralement preuve de frugalité… de super sans-plomb. La transmission passe les rapports avec douceur et possède même un mode Sport. Alors que la voiture tout entière suggère la conduite placide, le simple fait de mettre cette boîte sur le mode Sport la fait rétrograder de deux rapports, ce qui occasionne une augmentation très rapide des révolutions du moteur. C’en est quasiment violent ! Mais ce qui déplait le plus, c’est l’effet de couple ressenti dans les roues avant lors d’accélérations vives. 280 chevaux et traction font rarement bon ménage...
Pour remédier à la situation, Acura a donné à sa TL l’excellent système SH-AWD (Super Handling – All Wheel Drive) qui figure sur le MDX, le RDX et aussi sur la RL. Ce rouage intégral répartit le couple du moteur de façon à le distribuer le plus efficacement possible entre les quatre roues pour obtenir une adhérence optimale. Cette TL SH-AWD a, en plus, droit à un V6 de 3,7 litres de 305 chevaux. Et là, aucune crainte d’avoir un effet de couple dans le volant ! Cependant, la transmission demeure la même, soit l’automatique à cinq rapports. Acura fait un peu chiche, quand on sait qu’une vulgaire Ford Fusion propose une boîte à six rapports. Un rapport de plus aiderait à diminuer la consommation, qui est un peu élevée avec ce moteur et ce rouage.
Comme nous l’avons déjà mentionné, la TL affiche un comportement plutôt placide. Pourtant, la tenue de route, surtout de la version SH-AWD, est très, très relevée. Les ingénieurs de Honda/Acura ont même pensé à ceux qui chatouillent leurs limites et ont concocté plusieurs systèmes électroniques visant à calmer les excès de fougue. Il est heureusement possible de désactiver ces systèmes, ce qui peut être très apprécié si la voiture s’enlise dans la neige par exemple. La direction électrique s’avère précise mais son feedback, surtout dans la version de base, n’est pas très relevé. À basse vitesse, je l’ai souvent trouvée lourde.
La TL n’est pas parfaite, loin de là, mais obtenir un tel niveau de sophistication technique, de confort, de tenue de route et de fiabilité dans une voiture de moins de 45 000 $ (SH-AWD) tient quasiment de l’exploit. Il faut, bien entendu, être prêt à accepter son physique…
Feu vert
Confort relevé
Performances très correctes
Prix étudiés
Intégrale de haut niveau (SH-AWD)
Excellente tenue de route
Feu rouge
Style qui plait… ou pas !
Effet de couple (3,5 litres)
Essence super seulement
Trop de boutons sur le tableau de bord
Coffre mal dessiné