Toyota Venza, caractère manquant

Publié le 11 août 2009 dans 2010 par Nadine Filion

Qu’est-ce qu’on obtient en reprenant les meilleurs éléments du giron Toyota et en les réunissant dans une nouvelle robe exclusivement dessinée par et pour l’Amérique du Nord ? Une Venza. Cette sorte de « Camry-wagon », qui s’est pointée sur notre marché l’an dernier, est une excellente offre automobile : bon prix, bon niveau d’équipement, vaste habitacle. Cependant, il lui manque l’essentiel : le caractère de conduite. Comme quoi, on peut tout avoir, mais pas en même temps…

Un véhicule sport utilitaire, la Venza ? Que non ! Sur la route, elle a peut-être tout de l’utilitaire, mais rien du sportif. Montée sur une plate-forme dérivée des Camry/Highlander, elle évolue dans la catégorie très achalandée des multisegments et elle le fait avec un style imposant, merci à cette proéminente calandre qui marque le pas de la nouvelle signature Toyota. Ça « fesse dans le dash », comme dirait l’autre... Et tant pis si le commentaire qui suit fait « trop fille », mais : la Venza est ab-so-lu-ment magnifique dans sa livrée « bronze flamboyant. »

Malgré ses beaux atours, la Venza dispose malheureusement d’une conduite sans grande substance. Tant la direction que la suspension, qui sont souvent les pièces maîtresses de la première impression, manquent de rigueur. La première, électrique, n’offre guère de résistance et, longue silhouette de 4,8 mètres oblige, souffre d’un large rayon de braquage (11,9 mètres). Qui plus est, elle se manie par le biais d’un volant beaucoup trop mince pour être agréable au creux de la main.

La suspension, malgré les gros pneus de 19 ou 20 pouces (V6), mise allègrement sur le confort. C’est mou, mou, mou et ça rebondit au détriment de l’aplomb – d’ailleurs, mieux vaut prendre les virages avec modération. Certaines versions essayées faisaient entendre des cognements d’amortisseurs, comme s’ils étaient trop lâches; c’est désagréable et peu inspirant. De surcroît, l’un des véhicules, avec à peine 14 000 km à l’odomètre, n’était pas un bel exemple d’assemblage sans bruit de caisse. Ajoutez des pédales à la réaction vague et vous voilà en train de sortir votre chapelet pour plus de contrôle, pour plus d’ivresse. Si le Ciel pouvait vous répondre, il vous dirait de reluquer du côté du Mazda CX-7 ou du Ford Edge Sport…

La bonne nouvelle : les moteurs

Heureusement, côté motorisations, que des bonnes nouvelles : tant le quatre cylindres de 2,7 litres (également dans le Highlander dès cet hiver) que le V6 de 3,5 litres sont des modèles de douceur. Tous deux peuvent être livrés avec la traction intégrale; on n’a donc pas à se payer le « gros moteur » pour bénéficier d’une traction plus assurée. Ce dispositif intégral s’inspire de celui du Rav4, c'est-à-dire qu’il se met en branle quand les conditions se corsent, à raison d’une distribution équitable du couple entre les deux essieux. Ça fonctionne correctement. Si tout va bien sur la route, la puissance est conservée aux roues avant, dans un souci d’économie.

Le moteur quatre cylindres de 2,7 litres, pour 182 chevaux, est plus qu’honnête à bord de la Venza, même lorsqu’il doit propulser les 95 kilos supplémentaires de la traction intégrale. Il convient efficacement à la tâche de tous ceux qui ne désirent pas remorquer plus de 1 134 kg (2 500 livres). La boîte automatique six rapports, très discrète, nous fait oublier qu’on a affaire au « petit » moteur. De fait, on n’utilise pratiquement jamais son mode manuel – au demeurant facile à manier, avec ce levier de vitesses installé au sud-ouest sur la console de bord. Les montées abruptes exigent certes qu’on enfonce davantage l’accélérateur, mais sinon les accélérations sont fort convenables et dans l’ensemble, la motorisation est d’un grand raffinement.

Comparé au quatre cylindres, le V6 de 268 chevaux ne consomme guère, en combiné, qu’un litre de plus aux 100 km. Même que nous avons enregistré une très honorable moyenne de 10,1 L/100 km en une semaine d’essai. Ce V6 a l’avantage de remorquer presque 1 000 livres de plus (à 1 587 kg). Sa puissance, encore plus douce et plus souple, est elle aussi bien répartie par la boîte automatique six rapports. Le tout se déroule dans un si grand silence mécanique que le seul bruit qui vienne légèrement déranger les passagers à l’avant est celui du vent au pare-brise. Une note sur le freinage : celui-ci pourrait être plus convaincant – c’est qu’à plus ou moins 2 300 kg (5 000 livres), elle est lourde, la Venza…

Version de base bien équipée

Quand on reluque tout ce qui figure à bord de la Venza, on s’étonne du prix de base sous la barre des 29 000 $ — à peine 1 000 $ de plus que le petit Honda CR-V ! Avec sa réputation de qualité presque infaillible, Toyota nous a certes habitués à des prix d’étiquette plus relevés, mais force est d’admettre que la version de base est fort bien équipée.

À cette version de base, on accorde notamment les rétroviseurs chauffants, les phares antibrouillard, les commandes audio au volant et la climatisation automatique bizone – quand même ! Sans surprise, la sécurité de série y est complète, avec freins ABS, système de stabilité et sept coussins gonflables (le 7e, vous le trouvez aux genoux du conducteur). Certes, on doit débourser un peu plus pour les sièges chauffants, mais c’est de bonne guerre. Tout au plus, le hayon électrique et la caméra de recul sont réservés aux variantes plus dispendieuses – dommage pour l’assistance au recul, pourtant bien nécessaire aux manœuvres en toute sécurité. Le toit panoramique n’est pas permis non plus sur la version de base, mais sachez que si c’est bien beau au plafond, deux surfaces vitrées plutôt qu’une, ça limite considérablement l’ouverture du seul panneau coulissant.

Si la Venza de base est bien équipée, Toyota en remet avec sa V6 AWD, qui atteint presque les 40 000 $ si l’on y ajoute la communication Bluetooth, le système de navigation et le démarrage sans clé – 40 000 $, c’est le sweet spot du marché où l’on commence à reluquer les Lexus, Infiniti et Acura, non ?

Utilitaire et spacieux

Nous le disions plus haut, le comportement routier de la Venza n’a rien de sportif. En contrepartie, l’intérieur a, quant à lui, tout de l’utilitaire. Les rangements sont pratiques et nombreux, à commencer par ce mégacompartiment central aux plateaux coulissants, qui fait office d’appuie-bras et qui avale sacoches et ordinateurs. L’espace de chargement aussi est vaste : 869 litres la banquette relevée, 1985 litres la banquette rabattue (à plat et facilement, d’une simple manette), c’est dans la très bonne moyenne. J’y ai fait tenir mon attirail de camping, mon vélo… et si mère Nature n’avait pas été clémente, j’aurais eu encore assez d’espace pour y dormir !

Une seule banquette est offerte – bravo à Toyota pour avoir résisté à la tentation de la 3e rangée, qui aurait mis tout le monde à l’étroit. Au contraire, les passagers à l’arrière ne souffrent pas de claustrophobie, et ce, même si leurs comparses devant se font égoïstes en dégagement aux jambes. Les cinq places sont donc confortables, surtout qu’elles possèdent toutes un dossier qui s’incline, même à l’arrière.

Côté finition, rien à redire, si ce n’est certains plastiques de moins bonne facture – mais au moins sont-ils disséminés là où on les touche peu. Oh, le tissu de base est plus ou moins heureux en teinte beige. Le cuir ? De la cuirette, plutôt, qui n’accorde pas l’éclat et le sentiment de luxe attendu. Par contre, le bloc central en angle rend les commandes faciles à rejoindre et sans tâtonnement, en plus de dégager une impression enveloppante, accueillante. Un reproche, cependant : la climatisation est difficile à ajuster, peut-être parce qu’elle met un temps fou à réagir aux commandes.

Ces dernières années, Toyota a réussi à nous livrer des véhicules moins ennuyeux, voire plus enivrants. Je pense à la Matrix XRS, au FJ Cruiser, à la nouvelle Prius et je ne parle même pas des Lexus. Cette belle expertise, on dirait qu’on a oublié de l’insuffler à la Venza. Ce n’est pas parce que le véhicule est conçu pour l’Amérique du Nord qu’il fallait nécessairement revenir aux suspensions trop molles et aux directions électriques sans communication…

Feu vert

Quatre cylindres très efficace
Style imposant
Version de base très bien équipée

Feu rouge

Démarrage sans clé : juste avec la Venza V6 AWD
Direction électrique qui manque de substance
Suspension molle
Où est le plaisir de conduite ?

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