Tesla Roadster, La diva électrique

Publié le 12 août 2009 dans 2010 par Marc Lachapelle

La voiture électrique n’a rien de nouveau. Elles étaient des milliers à rouler au début du 20e siècle avant que le moteur à essence et le Modèle T de Henry Ford ne les rendent désuètes. La marque Tesla a fait les manchettes à maintes reprises depuis sa création, surtout parce qu’au lieu d’une autre minuscule voiturette, ses créateurs ont proposé une voiture sport électrique qui allait pouvoir atteindre 100 km/h en quatre secondes et rouler sur plus de 200 kilomètres avant de nécessiter une recharge. Et ils ont tenu promesse.

Lancée par de riches entrepreneurs du Web, la marque Tesla s’est retrouvée constamment dans les médias pour la saga qui a entouré le développement de sa première voiture. Développée sur l’excellent châssis tout aluminium de la Lotus Elise, la Roadster est construite dans l’usine du légendaire spécialiste britannique. Le groupe propulseur électrique est fourni par Tesla et la carrosserie est en fibre de carbone. Le prototype de la Roadster a été dévoilé en 2006 et la production du modèle de série s’est amorcée en mars 2008.

Tesla a livré sa 500e voiture au début de juin 2009 et lancé officiellement les ventes pour le Canada au mois de mars précédent, avec livraison des premières à l’automne. Tesla affirme que la recharge d’une Roadster dans une province comme le Québec, où l’hydroélectricité domine, amènerait une réduction des gaz à effets de serre de l’ordre de 98 %.

Dans un magasin (un peu) plus près de chez vous

Tesla aura bientôt huit points de vente et de service en Amérique du Nord, dont un premier en territoire canadien à Toronto et trois en Europe. Les premiers ont été ouverts en Californie en 2008 et Tesla a inauguré un magasin dans le quartier chic et branché (!) de Manhattan à New York en juillet 2009. Il faut parler de magasins Tesla, puisque cette voiture ne nécessite pratiquement aucun entretien; certainement, aucune des vidanges d’huile auxquelles nous a habitués le moteur à explosion. Tesla se réserve aussi l’exclusivité de tout entretien ou de toute réparation.

Ces magasins sont la propriété du constructeur et offrent accès Internet sans fil, boissons et choses à grignoter pour leurs clients qui peuvent observer le travail des techniciens sur leur voiture. On se réclame ici ouvertement d’Apple plutôt que de Mercedes-Benz. Cela dit, le doyen des constructeurs automobiles n’est aucunement insensible au potentiel de Tesla. Daimler a récemment pris une participation de 10 % dans Tesla, qui fournira les piles à ions de lithium pour une version électrique de la Smart Fortwo.

Batteries incluses

La pile à ions de lithium est d’ailleurs au cœur de la Tesla Roadster. Baptisée « Energy Storage System » (ESS), cette batterie de minuscules accumulateurs est à la fois sa force, pour sa puissance et l’autonomie sans précédent qu’elle promet pour un véhicule électrique, mais également sa faiblesse à cause des risques qui y sont associés. L’ESS de la Roadster pèse près d’une demi-tonne et il s’agit en fait de l’amalgame de 6831 cellules aux ions de lithium semblables à celle qui alimente votre ordinateur portable. Or, chacune de ces piles d’un diamètre de 18 mm et longues de 65 mm dégage une quantité étonnante de chaleur. Rassemblez-en quelques milliers et vous vous retrouvez avec un intéressant casse-tête pour les ingénieurs. L’ESS est d’ailleurs constamment refroidie par liquide, que la Roadster soit en mouvement ou pas, si le niveau de recharge est de plus de 90 %. L’ESS aurait une vie utile de 7 ans et devrait permettre de parcourir 160 000 km. Son coût de remplacement est actuellement de 12 000 $ US.

La plus récente version du modèle Roadster affiche une puissance de 248 chevaux (soit 185 kilowatts) à un régime maximal de 14 000 tr/min et un couple de 180 lb-pi à tout régime, le propre d’un moteur électrique. Le moteur lui-même ne pèse que 52 kg et Tesla jure qu’on pourrait le transporter dans un sac à dos. Il faut par ailleurs un NIP pour faire démarrer une Tesla. Le prix de base actuel de la Roadster est de 129 000 $ en dollars canadiens, ce qui inclut un chauffe-batterie qui permet de recharger jusqu’à une température de -20 Celsius. Des options telles que la sellerie cuir, des moulures en fibre de carbone pour l’habitacle, un toit rigide amovible, un chargeur rapide, un groupe qui ajoute la connectivité Bluetooth, la radio satellite et une chaîne audio avec caisson de graves peuvent gonfler la facture de plus de 40 000 $ US.

En janvier dernier, Tesla a lancé la version Sport de la Roadster. La puissance de son moteur dont les bobines sont enroulées à la main passe à 288 chevaux au même régime, ce qui lui permettrait d’atteindre 100 km/h en 0,2 seconde de moins. La suspension de la Sport est dotée d’amortisseurs à réservoir séparé réglables à dix positions et de barres anti-roulis qui s’ajustent sur trois positions différentes. Elle roule également sur des jantes d’alliage forgé noires qui sont chaussées de pneus Yokohama A048 plus mordants. Ce groupe optionnel coûte la bagatelle de 25 000 $. Le constructeur a également de grandes ambitions pour la « Model S », dont la production a été annoncée pour 2011. Cette fort jolie berline pourrait accueillir sept passagers et rouler près de 500 km sur une seule recharge. Son prix serait d’un peu moins de 60 000 $ US et le projet est assez sérieux pour que le gouvernement américain ait accordé à Tesla un prêt de 465 millions $ US pour sa réalisation. On peut sourire et demeurer sceptique, mais Tesla tient bon et livre des voitures. Il ne reste plus qu’à vérifier si elles ont ce qu’il faut pour la conduite au Québec.

Feu vert

Performances exceptionnelles
Entretien presque nul
Tenue de route
Exclusivité assurée
Conception sérieuse

Feu rouge
Autonomie très limitée
Recharge problématique
Confort aléatoire
Prix d’achat élitiste
Polyvalence nulle

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