Voitures électriques : un meilleur réseau pour plus de voitures
D’ici quelques semaines, de nouvelles bornes de recharge rapide (BRCC) du Circuit électrique d’Hydro-Québec seront installées. Parmi elles, une première prendra le chemin des Îles-de-la-Madeleine.
En apprenant cette nouvelle, la chose m’a fait énormément sourire, sachant que la voiture électrique est sans aucun doute la pire solution environnementale que l’on puisse utiliser dans ce très joli coin de pays, où je me trouvais il y a quelques jours à peine. Pourquoi, la pire?
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Branché sur 80 000 litres de diesel!
Il faut savoir que les Îles-de-laMadeleine s’alimentent en électricité via une centrale dotée de gigantesques génératrices au diesel, lesquelles brûlent en basse saison entre 60 000 et 80 000 litres de diesel par jour. Ouch!
Pire encore, en grande période d’achalandage comme lors de la saison touristique, ce chiffre peut grimper jusqu’à 240 000 litres de diesel quotidiennement. Vous aurez donc compris que le branchement d’une voiture électrique aux îles de la Madeleine devient encore plus polluant que d’utiliser un Hummer qu’on laisserait tourner au ralenti pendant 24 heures!
En circulant sur les jolies routes des Îles de la Madeleine, j’ai pourtant pu constater la présence de quelques Tesla et Chevrolet Bolt branchées sur des bornes domiciliaires, appartenant à des locaux. Même l’animatrice Julie Snyder s’y déplace en VÉ, possédant une résidence secondaire sur laquelle se trouve une borne de recharge, dans la municipalité d’Étang du Nord. Ces propriétaires pensaient-ils faire un geste environnemental en passant à l’électrique?
Évidemment, les quelque 12 000 Madelinots ne représentent qu’une infime partie de la population du Québec, qui se voit de plus en plus intéressée à la voiture électrique, et avec raison. Inutile de le rappeler, la subvention pouvant atteindre 13 000 $ à l’achat d’un véhicule électrique impacte sur l’engouement des Québécois. Or, ces derniers ne sont pas toujours conscients de leurs réels besoins et visent trop souvent le véhicule offrant toujours la meilleure autonomie qui soit.
Pourtant, dans plusieurs cas, une Nissan Leaf offrant autour de 240 kilomètres d’autonomie (160-180 l’hiver) peut être suffisante pour une majorité d’automobilistes. Pourquoi donc débourser 10 000 $ afin d’obtenir une Leaf Plus qui offrirait 100 kilomètres de « jus » supplémentaire? Très souvent pour une simple question de tranquillité d’esprit, mais aussi pour les rares fois dans l’année où l’automobiliste aura à effectuer le traditionnel trajet Montréal-Québec.
Or, avant de passer à un modèle plus coûteux, sachez qu’il existe aujourd’hui un réseau de bornes de recharge rapides (BRCC) du Circuit électrique, deux fois plus étoffé qu’à pareille date l’an dernier. Au total, 220 bornes rapides sont installées au Québec, alors que cinq nouvelles superstations (où se trouvent 4 BRCC) seront érigées sur les deux artères reliant les deux grandes villes du Québec d’ici la fin de l’année. Sachant cela, êtes-vous certain que vos besoins vont toujours dans le sens d’un véhicule offrant plus d’autonomie?
Je vous l’accorde, le temps d’attente aux bornes de recharge demeure l’irritant majeur pour l’utilisateur d’une voiture électrique, qui souhaiterait bien sûr pouvoir recharger dans un temps comparable à celui nécessaire pour faire le plein d’une voiture à essence. Or, jusqu’à ce que cette situation devienne réalité, les BRCC demeurent l’option la plus viable. Sachez d’ailleurs qu’on débutera l’an prochain l’installation de bornes à 100kW, pour un chargement encore plus rapide, et qu’on étudiera chez Hydro-Québec la possibilité d’installer des bornes de 150kW. Ces dernières permettraient alors le chargement de 80% d’une batterie de Chevrolet Bolt en plus ou moins 15 minutes.
Quoi choisir?
Vous parcourez de longs trajets sur une base régulière et appréciez l’autonomie supérieure des derniers modèles? Je vous invite alors à consulter le match comparatif de véhicules électriques réalisé cette année dans le Guide de l’Auto 2020, lequel pourrait vous éclairer sur votre choix de véhicule.
Maintenant, rappelons que la très achalandée station de recharge de Drummondville, qui a notamment servi lors de notre match comparatif, n’est désormais plus seule. Qui plus est, la nouvelle application du Circuit électrique vous permet de savoir non seulement où se situent les bornes, mais aussi de connaître leur utilisation en temps réel. Cela permet donc de mieux planifier ses déplacements et de prévoir au besoin, des alternatives.
Évidemment, le rêve de tout utilisateur de VÉ serait de bénéficier d’un nombre exponentiel de BRCC afin qu’il puisse se déplacer partout, sans contrainte, et avec un minimum de temps d’attente. Or, sachez que chaque borne coûte environ dix fois plus cher qu’une borne de niveau 2, soit une somme approximative de 70 000 $/pièce. Puis, il faut rappeler que la recharge sur ces bornes coûte 11,50$/l’heure. Il faut donc voir les BRCC comme une alternative intéressante, mais certainement pas comme une option financièrement viable au quotidien.
Envie de faire le saut à la voiture électrique? Sachez alors que celle-ci doit impérativement s’accompagner d’une borne de recharge domiciliaire et d’une carte du Circuit électrique, vous donnant accès à un réseau de plus de 2 000 bornes. Cependant, et jusqu’à ce que l’électricité y soit acheminée par câble (prévu pour 2025), je conseille à tous les résidents des Îles-de-la-Madeleine de considérer la Prius, la Corolla, la Civic ou même…un Chevrolet Silverado à moteur V8!