Ford Fusion, dans un marché en perte de vitesse
Des trois constructeurs américains, Ford est celui qui est le moins affecté, du moins pour le moment, par les problèmes financiers. Il faut dire que chez Ford, le Way Forward Plan (qui pourrait se traduire, bêtement, par « En avant toutes ! ») a été entrepris il y a déjà quelques années. Ce plan prévoyait, bien avant GM et Chrysler, des fermetures d’usines et, évidemment, des mises à pied. Une partie de ce plan ambitieux concernait l’accélération du développement des produits. Les plus récentes créations de Dearborn ont été pensées dans le sillon du Way Forward Plan.
La dernière Fusion n’est pas tellement différente du modèle 2009, mais les designers lui ont apporté suffisamment de retouches ici et là pour qu’on sache immédiatement à quel millésime on a affaire. Les phares et la grille, dont les trois barres horizontales sont plus larges, sont tout nouveaux. Les feux arrière aussi ont été révisés. On ne parle donc pas d’une refonte majeure mais l’ensemble fait chic et, surtout, permettra à la voiture de poursuivre sa carrière sous sa forme actuelle durant encore quelques années. Les ingénieurs ont profité de ce léger restylage pour améliorer l’insonorisation.
Un habitacle convivial
Dans l’habitacle, c’est aussi réussi. Il n’est pas le plus vaste de la catégorie, mais la qualité de la plupart des matériaux se compare avantageusement à ce que fait la concurrence même si l’assemblage pourrait, à l’occasion, être réalisé un peu plus minutieusement. Les plastiques noirs dominent, surtout dans les versions de base. Pour le modèle Sport, Ford a prévu des sièges avant garnis de cuir avec insertions de la même couleur que la carrosserie et des appliques au tableau de bord, toujours de la même couleur. Ces appliques, qui égaient l’habitacle, sont recouvertes d’une fine couche de caoutchouc qui laisse une impression bizarre quand on les frotte du bout des doigts. Souhaitons que ces moulures vieillissent bien…
Les sièges avant, peu importe la version, s’avèrent confortables, même sur de longues périodes. À ce chapitre, ils sont, selon Ford, plus fermes et ils retiennent mieux latéralement que les sièges utilisés jusqu’à l’an dernier. Le volant se prend bien en main et les différentes commandes du tableau de bord sont faciles à comprendre et à utiliser. Les jauges affichent un bleu glacier fort sympathique, mais le compteur de vitesse n’est pas toujours aisé à lire puisque les lignes les plus longues indiquent la vitesse impaire (10 km/h – 30 km/h, etc.), tandis que les plus courtes montrent la vitesse paire (20 km/h - 40 km/h, etc.), ce qui est le contraire de la plupart des voitures. On retrouve plusieurs espaces de rangement, ce qui est sans doute une première pour une voiture conçue en Amérique… Comme c’est maintenant de mise, le système SYNC, mis au point avec Microsoft, permet d’intégrer un téléphone cellulaire Bluetooth et à peu près n’importe quel baladeur multimédia avec une facilité déconcertante.
Les gens assis à l’arrière n’ont pas à se plaindre, sauf les plus grands dont le coco communiquera un peu trop facilement avec le plafond... Les dossiers s’abaissent de façon 60/40, sauf dans la Hybrid, pour agrandir un coffre déjà passablement vaste. Cependant, nous aurions aimé que ces dossiers, une fois baissés, forment un fond parfaitement plat, ce qui n’est pas le cas. De plus, le seuil de chargement est élevé. Au moins, l’ouverture du coffre est grande, ce qui est de plus en plus rare.
Bon choix de modèles
La Fusion se décline en plusieurs modèles. Cette année, on en trouve cinq, sept si on compte leurs différentes livrées. Le modèle de base « S » débarque avec un quatre cylindres de 2,5 litres et la traction (roues avant motrices). Certes, le niveau d’équipement de la « S » est un peu moins relevé que les autres mais ce n’est pas non plus l’indigence. Viennent ensuite les « SE » et « SEL », cette dernière étant livrable avec le quatre cylindres ou un V6 de 3,0 litres qui s’accommodent de la traction ou de l’intégrale. Puis, il y a la Sport avec son V6 de 3,5 litres à traction ou à rouage intégral. Enfin, on retrouve la spectaculaire Hybrid.
Les unités qui se déplacent grâce au 2,5 litres (une évolution du 2,3 des années passées) ne sont assurément pas les plus véloces mais leur prix moins élevé, leur comportement routier plaisant, leur équilibre général qui satisfera les besoins de la plupart des utilisateurs et, surtout, leur soif retenue en hydrocarbures en font des modèles de choix. En effet, outre la sophistiquée version hybride, les modèles 2,5 à roues avant motrices s’avèrent parmi les berlines intermédiaires les plus économes présentement sur le marché. Il est aussi possible d’adjoindre au moteur 2,5 litres un rouage intégral qui, par contre, ajoute quelque 100 kilos à la voiture. Le modèle de base est une traction à transmission manuelle. Ce type de transmission dans une berline intermédiaire est rarement désiré, ce qui est malheureux puisqu’on ne peut rien lui reprocher dans la Fusion. Même remarque pour la boîte automatique à six rapports bien que sur une de nos voitures d’essai, elle était un peu brusque lorsqu’elle passait du premier au deuxième rapport.
L’autre Fusion à privilégier est la Sport avec son puissant V6 de 3,5 litres. Seule l’automatique à six rapports est offerte et il est possible de l’associer à la traction ou au rouage intégral. Inutile de préciser qu’avec 263 chevaux sous le capot, le rouage intégral est à recommander pour éviter l’effet de couple dans le volant. Grâce à ses suspensions sport et ses larges Goodyear Eagle RS-A, la Fusion Sport colle à la route et s’avère aussi confortable et agréable, sinon plus, que bien des créations japonaises. Certes, elle boit plus que la version à quatre cylindres mais c’est le prix à payer pour avoir de la puissance sous le pied droit !
Coincée entre les économiques, mais très réussies, SE et SEL et la délurée Sport, on retrouve la Fusion SEL V6 offerte avec un V6 de 3,0 litres. Ce moteur a fait ses preuves depuis longtemps, reste que sa consommation est à peine meilleure que celle du 3,5 litres, plus puissant. Puisque Ford ne communique pas les capacités de remorquage de la Fusion, il est difficile de recommander ce moteur plus qu’un autre à ce chapitre.
Tout le monde en parle
S’il est une Fusion qui a fait beaucoup parler d’elle (mais qui, à l’inverse devrait être celle qui se vendra le moins !), c’est l’Hybrid. Il faut avouer que Ford a fait de l’excellent boulot et offre une voiture hybride qui consomme peu et dont l’autonomie est passablement bonne. Il y a quelques mois, une Fusion Hybrid américaine a effectué 1 445 milles (2 325 km) avec un seul réservoir d’essence, pour une moyenne de 2,9 litres/100 km. Mais il ne faut pas se laisser impressionner par de tels chiffres qui ont été réalisés dans des conditions parfaites. Lors du lancement de la Fusion, dans la ville de Québec, ma collègue Nadine et moi avions réussi une moyenne de 5,3 litres aux 100 km, tout en étant conscients de nous faire des ennemis sur les routes. Alors pour obtenir 2,9, il faut sans doute la protection de la police ! Ce système hybride, le même que celui du Ford Escape mais amélioré, possède un moteur à essence 2,5 litres à cycle Atkinson auquel on a greffé un moteur électrique de 70 kW. Si on est gentil à l’extrême, il est possible, selon Ford, de monter jusqu’à 75 km/h sur le seul moteur électrique. La transmission est de type eCVT, c'est-à-dire électronique à rapports continuellement variables.
Le tableau de bord de cet hybride est différent de celui des autres versions et propose plusieurs fenêtres que le conducteur peut choisir. Il est d’ailleurs possible d’y voir de belles feuilles vertes s’accumuler si la conduite est respectueuse de l’environnement ! C’est beau, efficace et pas compliqué, ce que ne peuvent prétendre les tableaux de bord de plusieurs autres hybrides… Malgré tout, la différence de prix et les coûts plus élevés d’entretien sont des facteurs à prévoir avant de signer un contrat. Un modèle à quatre cylindres fait presque aussi bien en termes de consommation même s’il ne crie pas au monde entier l’amour de son propriétaire pour la planète… De plus, les dossiers du siège arrière ne s’abaissent pas à cause des batteries et le coffre contient 133 litres de moins (467 contre 334).
Le marché de la berline intermédiaire n’est plus ce qu’il était il n’y a pas si longtemps. D’ailleurs, les intermédiaires tendent de plus en plus vers le grand format pour attirer les consommateurs qui se tournent davantage vers des utilitaires sport souvent moins utiles et moins sportifs que bien des berlines… dont la Ford Fusion !
Feu vert
Lignes jolies
Moteur 2,5 économe
Comportement routier agréable
Tableau de bord impressionnant (Hybrid)
Technologie intéressante (Hybrid)
Feu rouge
Réputation de Ford à refaire
V6 3,0 litres inutile
Hybride spectaculaire… en apparence !
Appliques « bizarres » au tableau de bord (Sport)