Audi RS Q8 2020 : le VUS le plus rapide dans l'Enfer Vert du Nürburgring

Publié le 5 novembre 2019 dans Premiers contacts par Gabriel Gélinas

Nürburgring, Nordschleife – Entre les virages Pflanzgarten et Schwalbenschwanz, le RS Q8 décolle des quatre roues alors que Frank Strippler saute le vibreur au point de corde d’une courbe à gauche au sommet d’une crête précédant les esses portant le nom du regretté Stefan Bellof.

Assis à droite, je suis très impressionné, non seulement par la grande maîtrise de Stippler, vainqueur de la dernière édition des 24 Heures du Nürburgring au volant d’une Audi R8 LMS, mais aussi par l’aplomb dont le RS Q8 fait preuve en subissant la torture infligée par un tour de la boucle nord du Nürburgring, soit le mythique Nordschleife…

Le 28 octobre 2019 restera à jamais gravé dans ma mémoire. Être passager à bord d’un véhicule piloté, à fond la caisse, par un pilote titré sur ce circuit légendaire, long de 20,832 kilomètres et comportant 73 virages, est une expérience absolument fabuleuse. Et si j’ai eu l’occasion de la vivre, c’est parce que la division Audi Sport a convié un très petit nombre de journalistes à monter à bord d’un RS Q8 de pré-série, pour faire la démonstration de la démarche adoptée lors de la mise au point de tous les véhicules recevant la désignation RS, incluant le nouveau RS Q8.

Chacun des modèles RS subit des tests de durabilité sur le Nordschleife, souvent appelé Green Hell ou Enfer vert, tellement ce circuit est exigeant et sans pitié. Dans le cas du RS Q8, plus de 18 000 kilomètres ont été parcourus ici, alors que des prototypes de pré-série ont été poussés à l’absolue limite par des pilotes comme Frank Stippler, lequel fait partie de l’équipe de pilotes-essayeurs pour Audi Sport en plus de défendre les couleurs de la marque en sport automobile.

Le RS Q8 dans lequel j’ai été passager est absolument conforme aux spécifications du modèle de série. Les seules modifications apportées étant l’ajout d’une cage de sécurité, de sièges avant de compétition et deux harnais à cinq points d’ancrage. Pour compenser le poids de ces équipements, notre RS Q8 était dépourvu d’un toit panoramique en verre et d’une banquette arrière, afin que son poids soit absolument identique à celui d’un modèle de série, soit plus de 2 000 kilos. Même les pneus, chaussés sur les jantes de 23 pouces offertes en option, sont les mêmes que ceux qui seront montés sur les RS Q8 de série, soit des Pirelli P Zero aux spécifications Audi Sport, et non des Corsa ou des Trofeo. Bref, Audi Sport ne se lance pas à la chasse aux chronos sur le Nordschleife en sélectionnant des pneus de course plus performants, qui seraient inutilisables sur des routes publiques par temps pluvieux, simplement pour faire un temps canon et épater la galerie. Son approche est beaucoup plus rationnelle, voire toute germanique…

Photo: Tobias Sagmeister

Un chrono record sur le Nordschleife

Et pourtant, avec Frank Stippler au volant, le RS Q8 a réalisé un chrono de 7 minutes 42 secondes et 253 millièmes sur le Nordschleife, devenant ainsi le VUS le plus rapide sur ce circuit légendaire. Incidemment, ce chrono signifie que la vitesse moyenne sur ce tour était de 162,238 kilomètres/heure, rien de moins…

Officiellement, la marque précédente était détenue par le Mercedes-Benz GLC 63 S avec un chrono de 7 minutes 49 secondes et 369 millièmes.

Officieusement, le Lamborghini Urus aurait fait 7 minutes 47 secondes. Pour Audi Sport, réaliser un nouveau record n’était pas le but premier de l’exercice, ce fut plutôt une heureuse résultante du sérieux de la démarche.

Photo: Tobias Sagmeister

Un V8 biturbo de 590 chevaux

Sur le plan technique, Le RS Q8 emprunte le V8 biturbo développant 590 chevaux et 590 livres-pied de couple de la RS 7, ainsi que de la RS 6 Avant.

Ce moteur est jumelé au rouage intégral quattro, adoptant une calibration spécifique aux modèles RS, par l’entremise d’une boîte automatique à huit rapports et la direction aux quatre roues fait partie de la dotation de série, afin de bonifier la dynamique, tout comme la suspension pneumatique. De plus, le différentiel arrière sport, offert en option, ainsi que les barres antiroulis électromécaniques actives, équipaient le RS Q8 à bord duquel j’ai roulé.

Si le RS Q8 est aussi véloce sur un tour du Nordschleife, c’est en grande partie grâce aux progrès réalisés en électronique. À titre d’exemple, le différentiel vectoriel de couple est capable de faire une transition presque instantanée de 800 newtons-mètres, ou 590 livres-pied, d’un côté à l’autre du véhicule dans l’enchaînement Wehrseifen.

Photo: Tobias Sagmeister

Dans le célèbre virage incliné Caraciolla-Karussel, le RS Q8 atteint 1,6 G d’accélération latérale alors que les liaisons au sol, ainsi que la boîte de vitesses, sont mises à très rude épreuve par les inégalités du revêtement.

À plus de 300 km/h sur la ligne droite longue de deux kilomètres qui suit le virage Döttinger Höhe, une très légère courbe vers la gauche provoque le patinage de la roue intérieure gauche pendant une fraction de seconde avant d’être maîtrisée. Toutes ces données ont été recueillies par la télémétrie embarquée à bord et ont servi afin de peaufiner les calibrations des divers systèmes électroniques du RS Q8 et le rendre aussi performant.

Assis à droite, c’est un grand plaisir d’observer Frank Stippler conduire cette bête de plus de 2 000 kilos. Il a plu abondamment la veille, ce qui fait que la piste est encore détrempée par endroits et parfaitement sèche sur d’autres sections.

Photo: Tobias Sagmeister

En outre, le Nordschleife présente des changements d’élévation avec un écart de plus de 300 mètres entre le virage Bergwerk, qui est au point le plus bas, c’est aussi l’endroit où Niki Lauda a subi son terrible accident en 1976 au Grand Prix d’Allemagne, et le virage Hohe Acht qui est son point culminant, et c’est pourquoi nous avons parfois roulé dans un épais brouillard. Heureusement, Frank Stippler connaît intimement chacun des 73 virages de ce circuit. Tout en roulant à très vive allure, il commente le parcours et les réactions du RS Q8, et c’est un véritable atelier de maître auquel j’assiste.

Il ne reste plus qu’à prendre le volant du RS Q8 pour pouvoir en faire l’expérience par moi-même. En attendant, être le passager de Frank Stippler sur le circuit de l’Enfer vert aura été toute une entrée en matière.

Photo: Tobias Sagmeister
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