Lexus GX 470, entêtement et orgueil

Publié le 21 août 2009 dans 2010 par Denis Duquet

Lorsque General Motors s’est placée sous la loi de la protection des faillites aux États-Unis, le très influent magazine spécialisé Automotive News publiait un article soulignant que Toyota, si la tendance se poursuivait, pourrait connaître d’importantes difficultés dans les années à venir. Bien installé au poste de numéro un mondial et possédant d’importantes réserves financières, il semble presqu’improbable que le géant nippon puisse être inquiété un jour. Pourtant, l’accession au titre de numéro un planétaire n’a pas été sans difficultés.

Car pour atteindre cet objectif, Toyota a été dans l’obligation de multiplier les modèles, d’ouvrir une multitude de nouvelles usines et de supporter coûte que coûte les produits qui ne sont pas populaires afin de se sauver la face et de ne pas offrir une image amoindrie au public, qui croit toujours à l’invulnérabilité de Toyota et de ses filiales. Même si la direction de ce géant mondial ne cesse d’offrir une image très humble en public, il est certain qu’on bombe le torse en privé et qu’on commence à se prendre très au sérieux. Détail intéressant, ce sont surtout les Occidentaux à l’emploi de Toyota qui ont tendance à adopter une telle attitude.

Pourquoi cette longue introduction? Tout simplement parce que le modèle qui nous intéresse, le GX470, est justement issu de cette lutte pour la première place. Il doit également son existence à la suffisance de certains dirigeants qui croient que le public va acheter tout ce que Toyota/Lexus produit, justement parce que c’est de marque Lexus. Pourtant, les ventes du GX sont catastrophiques et le ralentissement du marché en raison de la crise économique ne fait rien pour améliorer les choses. Alors que la raison devrait forcer l’élimination de ce modèle qui ne rapporte rien mais qui ajoute même aux pertes financières, on est trop orgueilleux pour agir. Pire, une nouvelle version est prévue.

 Un 4Runner « pimpé »

Cette obsession qui semblait dicter les gestes des responsables de Lexus dans le but d’avoir un véhicule dans chaque catégorie du marché les a poussés à cannibaliser des modèles en provenance de Toyota afin de réduire les coûts. Curieusement, on a souvent reproché à GM de transformer des Chevrolet en Cadillac; cette fois, ce sont des Toyota qui deviennent des Lexus. Il faut par contre s’empresser de souligner que le constructeur nippon fait un bien meilleur travail dans cette métamorphose. On ne se contente pas de remplacer un écusson par un autre et d’ajouter quelques petites touches à un tableau de bord qui est virtuellement identique. Chez Lexus, il est vrai que le châssis autonome et plusieurs des éléments mécaniques sont identiques au 4Runner et que plusieurs des éléments de la carrosserie semblent communs. Par contre, d’astucieuses petites retouches ici et là font une différence assez marquée. Mais puisque le GX470 connaît une distribution confidentielle, les chances de pouvoir les comparer sont quasiment nulles. Dans l’habitacle, le tableau de bord est plus ou moins similaire à celui des autres véhicules Lexus, avec également des appliques en bois et des matériaux de grande qualité. La sellerie en cuir des sièges est impeccable tandis que les espaces de rangement sont nombreux. Les places avant sont spacieuses et confortables bien que le support latéral des sièges soit assez faible merci. La seconde rangée conviendra à des gens d’assez grande taille, tandis que la troisième rangée est plus symbolique qu’autre chose. Mais si l’habitacle est luxueux, il n’est pas très pratique, alors que les la configuration des sièges dans le but de transporter des objets n’est pas tellement conviviale.

L’écologie mon œil !

Décidément, ce Lexus est le véhicule des contradictions. On ne cesse de vanter les visions écologiques de Toyota, qui nous a donné la Prius, la Camry Hybride, la GS450 et une pléthore d’autres véhicules à propulsion hybride. Mais puisqu’on voulait être le fameux numéro un, il fallait offrir de tout à tous. Ce qui explique l’existence de ce modèle à moteur V8 de 4,7 litres consommant en moyenne un peu en deçà de 16 litres aux 100 km! Et cela lorsque le véhicule est légèrement chargé. On est en droit de se demander où est la logique, alors que ce constructeur tente de nous faire croire qu’il est le plus écologique de tous et celui produisant le moins de véhicules polluants. Si tel est le cas, la GX améliorerait encore la position de Toyota si elle était abolie.

Si au moins ce mastodonte était agréable à conduire. D’accord, il est silencieux, son moteur d’une grande douceur, tandis que la boite automatique à cinq rapports effectue le passage des rapports sans à-coups. Une autre chose qui est à porter dans la colonne des plus est son rouage intégral efficace de série, qui permet de franchir tout ou presque. Mais la présence d’un second levier servant à verrouiller le différentiel central est un indice qui ne trompe pas quant aux origines assez anciennes de ce rouage.

Sur une note moins positive, il est important de souligner que le véhicule est plus haut que large, ce qui devrait inciter tout conducteur sain d’esprit à aborder les courbes serrées avec prudence. Sur mauvaise route, l’essieu arrière rigide explique le sautillement exagéré du train arrière. Le véhicule a beau être doté d’une suspension pneumatique et adaptative à l’arrière, ce n’est pas fort. Cette suspension trop souple est également la cause d’un important roulis dans les virages. Ajoutez à cela une direction engourdie et des freins dont la performance est assez aléatoire pour conclure avec nous que personne n’achète ce modèle pour sa conduite. Au mieux, on peut se convaincre de signer son nom en bas du contrat d’achat en se disant que le cuir des sièges est de grande qualité et que les quatre roues motrices seront un atout en hiver. Mais de grâce, négociez avant d’acheter, vous allez être surpris du peu de résistance de votre représentant des ventes. Il se peut même que celui-ci vous envoie une carte de souhaits dans le temps des Fêtes si vous devenez propriétaire d’un GX470 !

Feu vert

Excellent en conduite hors route
Mécanique fiable
Finition impeccable
Possibilité de rabais à l’achat
Modèle de remplacement prévu

Feu rouge

Tenue de route quelconque
Aménagement des sièges arrière à revoir
Roulis en virage
Direction engourdie et floue

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