Vers une ère automobile d’une grande tristesse

Publié le 4 décembre 2019 dans Blogue par Antoine Joubert

N’avez-vous pas déjà eu l’impression que toutes les voitures se ressemblent? Qu’on fait difficilement la différence entre une Hyundai, une Volkswagen ou une Ford?

N’avez-vous pas déjà eu le sentiment qu’on vous servait du prémâché, des véhicules sans âme, sans personnalité? Personnellement, la très forte ressemblance au chapitre du design entre une Chevrolet Impala, une Chrysler 200 et une Ford Fusion explique en partie leur disparition. Des véhicules n’affichant aucune originalité et qui n’ont conséquemment pas su se distinguer.

Il y a quelques années, on pouvait également affirmer la même chose à la vue d’un Ford Escape, d’un Honda CR-V, d’un Hyundai Tucson et d’un Nissan Rogue, tous dessinés à partir du même moule, avec cette petite glace de custode triangulaire soi-disant sculptée pour tonifier leur allure. D’un ennui mortel…

On peut évidemment retourner plus loin en arrière en se remémorant aussi des périodes sombres de l’automobile. Pensez à la fin des années 70, où rares étaient les voitures qui se démarquaient ou même, qui innovaient. Une période beige et brune, alors que 20 ans plus tard, l’automobile allait tomber dans le vert foncé.

Suffit de penser aux innombrables constructeurs qui proposaient des véhicules aux lignes insipides, pour la plupart vendus en différentes teintes de vert. Les parcs de location à court terme étaient d’ailleurs tapissés de Chrysler Intrepid, Chevrolet Cavalier et Ford Windstar qui auraient pu se fondre dans une forêt d’épinette, tellement on les produisait tous de la même couleur. Et à cela s’ajoutait bien sûr le fait que la plupart des équipes de design accouchaient de produits moches, peu inspirants. Suffit de repenser aux Nissan Sentra et Altima de la fin des années 90, laides à mourir, alors que quelques années auparavant, Nissan proposait une pléiade de voitures sport toutes plus inspirantes les unes que les autres.

Il faut dire qu’à cette époque, la plupart des constructeurs abandonnaient les coupés sport et les cabriolets pour ne se concentrer que sur des berlines et sur les utilitaires, qui commençaient déjà à se multiplier. La fourgonnette prenait aussi une place importante dans le marché automobile nord-américain, alors que les voitures familiales commençaient elles aussi à disparaître.

Hélas, à la vue du marché actuel, en pleine transformation, il me semble clair qu’une autre période aussi sombre est sur le point de survenir. Une période où les constructeurs cesseront de se distinguer pour plutôt entrer dans les rangs, sans déranger. Oubliez évidemment Tesla qui, à coup de battages publicitaires, réussit à faire réagir la planète tout entière.

Or, il est clair que le paysage automobile deviendra ces prochaines années d’un ennui mortel. Un paysage gris noir blanc, où l’utilitaire qu’il soit à essence, hybride ou électrique, sera omniprésent. Oubliez les coupés, les sportives, les petites voitures urbaines, aussi mignonnes soient-elles. Parce que les constructeurs iront là où se trouve le profit, avec des produits faciles à écouler. Des commandes spéciales? Peut-être, mais que du côté des marques de luxe, où il est encore permis de se distinguer. Et encore, même à 100 000$, les acheteurs de Porsche Cayenne les choisissent tous à peu près de la même couleur, et avec les mêmes options…

Il faut aussi dire que la législation en matière de sécurité ou de collision limite de plus en plus les constructeurs vers des designs excentriques. Ne vous demandez donc pas pourquoi il est aujourd’hui difficile de distinguer plusieurs véhicules appartenant au même segment. Ces derniers sont régis par des règles qui obligent les stylistes à demeurer pragmatiques.

Alors oui, la voiture sport est sur son déclin. Depuis longtemps. Mais il est clair qu’on assistera aussi à l’élimination prochaine des berlines qui, d’ici une décennie, pourraient ne se compter que sur les doigts d’une main. Même chose pour les voitures à deux ou trois portes, qu’il s’agisse de grands coupés de luxe ou de petites voitures économiques. Ne parlons pas non plus des familiales, pour ainsi dire déjà disparues, ou même des cabriolets.

Maintenant, est-ce que tout le monde souhaite conduire un Hyundai Santa Fe, un Volkswagen Atlas, un Mustang Mach-E ou un Tesla Model Y? Est-ce que ce format peut plaire à tous? J’ai des doutes. Mais il faudra malheureusement s’y faire, puisque la plupart des nouveautés que vous verrez débarquer ces prochaines années seront des variations de ce genre de véhicules. Mi-camion, mi-utilitaire, avec un zeste de voiture familiale et une belle grosse tablette électronique en guise de tableau de bord…

Zzzzz…

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