Ford Transit Connect 2020 : question de volonté

Publié le 7 janvier 2020 dans Essais par Antoine Joubert

Même s’il roulait sa bosse en Europe depuis déjà belle lurette, le Transit Connect est débarqué chez nous il y a maintenant dix ans, dix-huit mois après la disparition de la fourgonnette Freestar. Est-ce que Ford avait alors l’intention de remplacer sa fourgonnette par un véhicule à la base conçu pour une vocation commerciale? Bien sûr que non! À l’époque, le Ford Flex était celui qui était prédestiné pour reprendre le flambeau de la fourgonnette. Or, en novembre dernier l’usine d’Oakville en Ontario assemblait ses derniers Ford Flex, un véhicule qui n’a jamais su se renouveler en dix ans.

Est-ce donc un hasard si Ford a voulu nous faire redécouvrir le Transit Connect qui, dans sa déclinaison tourisme, peut certainement convenir à de nombreuses familles? Qui sait! Chose certaine, la majorité des Transit Connect vendus en Amérique du Nord sont toujours destinés à une vocation commerciale, au point où plusieurs acheteurs qui pourraient être intéressés par une version passager, ignorent même son existence. C’est donc au volant d’une luxueuse version Titanium à six occupants que j’ai récemment pu parcourir quelques centaines de kilomètres, histoire de voir si cette dernière possède les qualités nécessaires pour intimider les fourgonnettes bien connues de Chrysler, Honda, Kia et Toyota.

D’abord, sachez que le Transit Connect pour passagers se décline en trois versions, lesquelles sont toutes offertes avec l’empattement allongé. Sur les versions XL et XLT, il est possible de remplacer le hayon arrière par deux portes à battant, tandis que la version Titanium propose d’emblée le hayon. Ici, pas de portes latérales coulissantes motorisées, pas plus que pour le hayon. Les gènes de fourgon commercial demeurent évidents, même si Ford a fait de gros efforts pour embourgeoiser l’habitacle et pour rehausser le niveau de confort au maximum.

Le conducteur se retrouve donc face à un poste de conduite bien conçu et au goût du jour. Ne soyez cependant pas étonnés si plusieurs éléments rappellent la défunte Ford Focus, puisque le Transit Connect partage avec elle son châssis, son moteur ainsi que sa planche de bord. La forme des sièges et le levier de frein d’urgence traditionnel rappellent les origines du Transit Connect, lequel propose une position assise très basse, comme dans une voiture. Cela engendre d’ailleurs un sentiment plutôt curieux car la garde au toit est immense, donnant presque l’impression qu’une mezzanine est perchée au-dessus de notre tête! Et dans les faits, c’est pratiquement le cas, puisque le Transit Connect est doté d’une tablette de rangement logée au sommet avant du pavillon, ce qui s’avère non seulement astucieux, mais aussi très pratique.

Photo: Antoine Joubert

Dans sa livrée Titanium, le Transit Connect affiche un certain niveau de luxe. Sellerie en cuir avec assise chauffante, chargeur de téléphone mobile par induction, feux de route automatiques et j’en passe. Il faudra néanmoins débourser davantage pour obtenir l’écran tactile de 6,5 po avec navigation, lequel comporte aussi l’application Apple CarPlay/Android Auto. Un supplément sera nécessaire pour le régulateur de vitesse adaptatif, le toit vitré panoramique et le démarreur à distance.

Côté configuration, le Transit Connect propose de série six places assises avec deux baquets repliables séparément, autant à la deuxième qu’à la troisième rangée. Sans pouvoir se glisser sous le plancher de l’espace utilitaire, ces sièges amovibles se replient ingénieusement à plat, pour offrir un volume de chargement maximal dépassant 3 000 litres. À titre de comparaison, celui d’une Dodge Grand Caravan - plus encombrante - avoisine les 4 000 litres, ce que le Transit Connect surpassera légèrement si les sièges arrière y sont complètement retirés.

Besoin de sept places assises? Sachez que vous pouvez obtenir sans frais une banquette pleine à la troisième rangée. Une alternative intéressante, mais qui vous obligera hélas à retirer le siège d’appoint pour enfant afin d’accéder à la troisième rangée. Voilà pourquoi, à moins que cela soit absolument nécessaire, il est à mon sens plus pratique et polyvalent d’opter pour la configuration à six occupants, laquelle propose plus de latitude.

Photo: Antoine Joubert

Cœur de Focus

Alors oui, le Transit Connect fait toujours appel au moteur 2 litres précédemment utilisé avec la Focus, et qui équipe aussi l’Ecosport à quatre roues motrices. Heureusement, les ingénieurs de Ford ont cru bon de remplacer la boîte SelectShift à six rapports, reconnue pour sa fiabilité désastreuse, par une nouvelle boîte automatique SelectShift à huit rapports. Cette dernière sera-t-elle plus fiable que sa devancière? Espérons-le…

Sur la route, l’impression de conduire une voiture est palpable. D’une voiture lourdement chargée même, ce qui s’avère encore plus problématique avec six personnes à bord. Ainsi, la puissance devient un peu juste et les transferts de poids se font davantage sentir en décélération. Évidemment, avec 162 chevaux sous le capot, le Transit Connect n’offre pas la douceur, la puissance et le couple d’une fourgonnette à l’américaine. Et les capacités de remorquage ne sont pas aussi élevées, puisque l’on affiche ici une capacité maximale de 907 kg (2 000 lb).

Photo: Antoine Joubert

Est-ce que le rendement énergétique peut cependant constituer un gros avantage? Plus ou moins, dans la mesure où le Transit Connect consomme à peine moins qu’une Honda Odyssey. La moyenne enregistrée oscillait autour de 10 litres aux 100 km lors de l’essai, alors que Ford annonce 9,1 litres aux 100 km. Grosso modo, cela signifie une économie d’environ 15% par rapport à une fourgonnette Honda, un peu plus par rapport à Chrysler, Kia et Toyota.

Structure solide, direction précise et maniabilité supérieure font partie des points forts de ce petit fourgon, capable de se faufiler en milieu urbain avec plus d’aisance que n’importe quelle fourgonnette traditionnelle. J’ajouterais cependant que le rendement de la boîte SelectShift n’est pas toujours agréable, le passage des rapports étant parfois saccadé.

Histoire vraie

Une de mes amies - aujourd’hui en fauteuil roulante - devait se procurer un véhicule adapté à ses besoins. Le Transit Connect était de loin la formule la plus intéressante pour elle. Or, en se présentant chez deux concessionnaires (Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Hyacinthe), on lui a mentionné qu’il serait très difficile de mettre la main sur un tel véhicule. Un des vendeurs a même tenté de lui vendre un Escape en lui disant que ce véhicule pourrait « faire l’affaire » dans sa situation. Pauvre imbécile…

Découragée, elle n’a eu d’autres choix que de se diriger chez Chrysler, où elle s’est procuré une Dodge Grand Caravan. Un véhicule qu’elle s’était juré de ne jamais acheter, parce qu’elle a passé sa jeunesse à bord des nombreux « Autobeaucoup » de son père!

Cette histoire illustre l’incompétence de certains vendeurs, mais surtout le manque de volonté de Ford de vendre ce produit qui pourtant, n’est pas dépourvu de qualités. Très peu répandu, le fourgon Transit Connect en version passager n’est la plupart du temps offert que sur commande, et à un taux de financement ou de location qui est loin d’être avantageux. Ne vous demandez donc pas pourquoi ce produit est si méconnu du public. Ford n’en fait pas la promotion et n’encourage pas non plus les concessionnaires à passer des commandes, exception faite des modèles utilitaires destinés à la livraison.

Photo: Antoine Joubert

Bien sûr, il ne faudrait pas s’attendre à ce que Ford fracasse des records de ventes avec ce modèle, mais pour plusieurs petites familles, il peut s’agir d’une solution efficace et intéressante par rapport à une fourgonnette trop encombrante ou à un VUS moins polyvalent. Et puisque ni Nissan (NV200) ni Ram (ProMaster City) ne fabriquent de version passager de leurs modèles respectifs, Ford a ici un produit exclusif qui, clairement, mérite plus de succès qu’il n’en connaît.

Alors, s’agit-il d’une menace pour les fourgonnettes actuellement offertes sur notre marché? Non pas du tout. Or, si Ford en faisait la promotion, ce modèle gagnerait en popularité.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Ford Transit Connect 2020
Version à l'essai Fourgon Titanium
Fourchette de prix 33 055 $ – 39 025 $
Prix du modèle à l'essai 43 794 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 9,9 / 8,2 / 10,0 L/100km
Options Chauffe-moteur (100$), Toit panoramique (1 750$), Dégivreur de pare-brise (260$), Régulateur de vitesse adaptatif (784$), Assistance au stationnement (1 000$), Attache-remorque (425$), Démarreur à distance (350$)
Modèles concurrents Chrysler Pacifica, Dodge Grand Caravan, Honda Odyssey, Kia Sedona, Mercedes-Benz Metris, Nissan NV200, Ram ProMaster City, Toyota Sienna
Points forts
  • Construction sérieuse
  • Polyvalence de l'habitacle
  • Espace intérieur
  • Maniabilité en milieu urbain
Points faibles
  • Disponibilité chez les concessionnaires
  • Puissance un peu juste
  • Rendement/fiabilité de la transmission à prouver
  • Beaucoup d'options
Fiche d'appréciation
Consommation 3.0/5 Raisonnable, mais loin d'être impressionnante.
Confort 3.0/5 Les sièges offrent un confort étonnant mais la douceur de roulement n'égale pas celle d'une fourgonnette traditionnelle.
Performances 2.5/5 La puissance est un peu juste, surtout lorsque le véhicule est chargé.
Système multimédia 3.5/5 L'écran multimédia tactile est efficace mais malheureusement optionnel dans la plupart des versions.
Agrément de conduite 3.0/5 Sans être réellement amusant à conduire, on y trouve son compte en milieu urbain lorsque vient le temps de se faufiler dans le trafic.
Appréciation générale 3.0/5 Le plus grand défaut de ce produit demeure sa disponibilité et le désir réel de Ford à en faire un véhicule à succès.
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