La Turquie à l'assaut du monde en voiture électrique

Publié le 31 décembre 2019 dans Blogue par Marc-André Gauthier

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, posait fièrement sur une scène il y a quelques jours, aux côtés de la plus récente création automobile issue des lubies dictatoriales.

Cette voiture, pour l’instant baptisée TOGG, une espèce d’acronyme de compagnies industrielles turques, est le fruit d’une collaboration orchestrée par l’État Turc. Le rêve derrière ce projet est d'offrir aux Turcs une voiture électrique faite par eux, pour eux. Ah, et de connaître un certain succès mondial, même si on ignore à peu près tout à son sujet, sauf qu’elle devrait être produite à près de 200 000 exemplaires annuellement d’ici 2022.

Une idée qui ne date pas d'hier

Difficile d'expliquer pourquoi les gouvernements despotiques rêvent de lancer leur propre voiture. On se rappelle les efforts communistes, en URSS et dans ses pays satellites, ou encore dans l’Espagne de Franco et l’Italie de Mussolini.

Généralement, les voitures produites dans le fascisme, de droite ou de gauche, sont de piètre qualité. Pourquoi ? Il n’est pas question ici de remettre en cause le talent des gouvernements à gérer certaines choses, mais à part quand c’est le temps de nationaliser l’électricité, les employés de l’État semblent incapables de rivaliser avec des entreprises privées pour produire un bien.

Ceux qui ont écouté l’excellente émission Chernobyl sur les ondes de HBO se rappelleront l’excellente blague d’un mineur russe : qu’est-ce qui pèse une tonne, fait beaucoup de bruit et de fumée, et qui coupe une pomme en trois ? Une machine soviétique conçue pour couper une pomme en quatre !

La seule exception est peut-être Volkswagen, créée par l’État nazi dans le but d’offrir des voitures à tous les Allemands. Encore là, c’est surtout ses produits faits après la guerre qui sont intéressants.

Et la voiture ?

Pourquoi les entreprises privées sont généralement meilleures pour fabriquer et concevoir des biens? C’est ce qu’on appelle en anglais avoir du Skin in the game, ce que je traduirais librement par avoir quelque chose à perdre. Voyez-vous, une entreprise privée qui fait un mauvais produit va inévitablement perdre de l’argent. Si elle fait beaucoup de mauvais produits, elle va disparaître. Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’économiquement, on vote avec notre dollar.

Les entreprises étatiques ne pouvant pas faire faillite, les conséquences d’un produit de mauvaise qualité n'ont pas le même impact. C’est que la collectivité qui assume le prix de l’échec.

Au final, il semblerait qu’un produit est plus abouti lorsqu’il se développe dans un environnement compétitif, plutôt que dans un environnement sans concurrence.

Regardez la belle voiture turque. Sans originalité, chaque composante ayant été empruntée ici et là. Juste à l’intérieur, on comprend qu’ils ont voulu imiter Mercedes-Benz avec les gros écrans larges, mais les Janissaires d’Erdogan n’ayant apparemment pas accès à des écrans suffisamment larges, y ont été pour un ensemble au goût discutable.

Le temps nous réserve peut-être des surprises, mais il serait surprenant que cette voiture fasse trembler qui que ce soit. Comme bien d'autres modèles du même genre qui l'ont précédée.

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