Ma première auto: Chrysler New Yorker Fifth Avenue 1990
Les membres de l’équipe du Guide de l’auto fouillent dans leur mémoire et vous parlent de la première voiture qu'ils ont achetée. Voici celle de Jean-Nicolas Gagné, une Chrysler New Yorker Fifth Avenue 1990.
Quand je l’ai vue, j’ai tout de suite su qu’elle était faite pour moi. Le chic, le confort, le look, les bancs moelleux, le demi-toit coussiné, la roue décorative… elle était parfaite!
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J’insiste sur le fait qu’elle avait une roue décorative à l’arrière parce que c’est elle qui faisait toute la différence. Par exemple, « grâce » à elle, tous les bonhommes de 65 ans et plus s’arrêtaient pour me parler. Ce n'était pas exactement un aimant pour attirer les cheerleaders du Rouge et Or football de l’Université Laval que je fréquentais à l’époque, mais elle était parfaite pour me faire sentir comme le king du club de l’âge d’or du coin!
Cette voiture haut de gamme de Chrysler était, pour le jeune homme que j’étais, hyper luxueuse. Surtout si je la comparais à la Geo Metro de ma mère. Vitres électriques, finition en bois d’acajou, air climatisé, sièges électriques, luminaires sur chaque porte, régulateur de vitesse, etc. On se sentait comme dans une limousine. Je regardais ma pauvre mère de haut avec sa modeste sous-compacte.
À la fin des années 1990, la mode des grosses voitures était passée depuis longtemps. Comme celles de la banquette avant à trois places, des voitures qui tanguaient de gauche à droite à tous les coins de rue et des bras de vitesse sur le volant.
Les jeunes de mon âge se promenaient plutôt avec une Golf, une Tercel, une Cavalier ou une Civic. Les petites voitures économiques faisaient légion. Mais je n’ai pas pu résister à la tentation de rejeter la mode de l'époque. La New Yorker avait quelque chose de spécial qui me poussait à faire un achat original.
Même si je fus la cible de nombreux quolibets au départ, ma voiture a contribué à l'atteinte de mon objectif d'universitaire à la recherche d'éléments distinctifs. Tout le monde la reconnaissait. Après quelques mois à parader sur le campus, je pouvais voir poindre de la jalousie chez ceux qui m’avaient d’abord tiré la pipe en me demandant quelle idée j’avais eue d’acheter « un bateau ».
Tranquillement, tout le monde se ralliait : cette voiture était « cool » (à l’époque c’était cool de dire cool ). Pour plusieurs, c’était cette roue décorative à l’arrière qui s’abaissait grâce à un petit mécanisme de chaînette - que seul le propriétaire de la voiture et quelques initiés pouvaient connaître - qui la rendait si spéciale.
Après tout, la Chrysler New Yorker avait une longue histoire derrière la cravate. Le premier modèle date de 1940 et le dernier produit l’a été en 1996. La mienne, fabriquée en 1990, était de l’avant-dernière génération. J’ai gardé cette voiture deux ans. Même si j’étais souvent à la station d’essence pour abreuver son moteur à 6 cylindres et de 3,3 litres, que je me battais avec la rouille sur les planchers et que j’ai passé mes derniers mois au garage à essayer de sauver la suspension, la New Yorker reste, à ce jour, la voiture qui m'a appartenu dont je suis le plus fier encore aujourd’hui.