Porsche Carrera GT, drapeau à damiers

Publié le 4 février 2007 dans 2007 par Gabriel Gélinas

Le samedi 6 mai 2006 a marqué la fin d’une époque pour le constructeur de Stuttgart puisque c’est à cette date que le drapeau à damiers a salué la fin de la production de la Carrera GT à l’usine Porsche de Leipzig. Depuis ses débuts à la fin de 2003 jusqu’à cette date fatidique, 1270 exemplaires de la Carrera GT ont trouvé preneurs, dont 604 en Amérique du Nord. Comme le faisaient remarquer les dirigeants de la marque, ce chiffre représente plus de voitures que l’ensemble de la production conjuguée des McLaren F1, Ferrari Enzo et Pagani Zonda.

La surprise a été totale à l’occasion du dévoilement du véhicule concept Carrera GT qui a eu lieu à l’automne 2000 au Musée du Louvre en marge du Mondial de l’automobile de Paris. En effet, personne ne s’attendait à ce que Porsche présente une supervoiture sport conçue dans le plus grand secret comme une vitrine technologique faisant la démonstration de l’expertise technique de la marque. Le modèle de production qui a suivi trois ans plus tard marquait donc un jalon important dans l’histoire de la marque puisque la Carrera GT suivait les traces de la première supervoiture développée par Porsche, soit la mythique 959.

Un degré très élevé de sophistication technique

Le moteur de la Carrera GT est un 10 cylindres à configuration en « V » de 68 degrés, plutôt qu’un moteur de type « boxer » à cylindres opposés, ce qui a permis de placer les échappements sous les rangées de cylindres. Ceci afin de placer le moteur le plus bas possible dans la voiture en vue d’abaisser le centre de gravité au maximum. Le vilebrequin du moteur est donc situé à seulement 3,9 pouces du sol, et le poids du moteur de 605 chevaux n’est que de 472 livres… Comme la Carrera GT est équipée d’une transmission manuelle traditionnelle à six rapports, plutôt que d’une boîte séquentielle de type F1 (Ferrari, Maserati, BMW, Audi…), elle est également équipée d’un embrayage avec disques réalisés en composite de carbone dont la taille est réduite de 50 pour cent par rapport à un embrayage habituel. Ce qui représente à la fois un tour de force sur le plan technique et le principal point faible de la voiture. La manoeuvre de débrayage étant délicate au point où la meilleure technique pour la conduite sur route consiste à relâcher doucement et complètement la pédale avant d’accélérer, afin de ne pas caler le moteur. Sur la piste, je mettais 3500 tours au compteur avant de croiser rapidement les pédales, mais le bond en avant est tellement rapide qu’il vaut mieux s’assurer d’avoir beaucoup d’espace devant soi. La poussée de la Carrera GT est tout simplement ahurissante, la voiture s’arrache à la vitesse de l’éclair, et cette poussée n’arrête jamais, contrairement à certaines voitures sport où la poussée est très forte en première et en deuxième mais qui s’essouffle par la suite. De 0 à 100 kilomètres/heure en 3,9 secondes, de 0 à 200 kilomètres/heure en 9,9 secondes, et une vitesse maximale limitée à 330 kilomètres/heure. Cette poussée phénoménale se double d’une sonorité qui l’est tout autant, puisque le moteur de la Carrera GT « sonne » presque comme celui d’une Formule Un, bien que sa limite de révolutions soit fixée à 8 000 tours/minute.

Une balade sur circuit

Sur le circuit très rapide de Mosport, tous les virages se négocient en troisième vitesse, sauf le virage 2 qui demande la quatrième… Sur la piste, la Carrera GT est une voiture très sensible à la moindre sollicitation, le châssis est parfaitement équilibré, mais la transition entre une voiture collée à la piste et une voiture en glissade se fait avec la rapidité presque instantanée propre à une voiture de course. Après deux tours, je me sentais assez à l’aise pour faire crier les pneus dans au moins trois virages du circuit, ce qui en dit long sur l’excellent comportement de la GT. La stabilité à très haute vitesse, 260 kilomètres/heure sur la ligne droite arrière à Mosport, est impressionnante. Le châssis en fibre de carbone, dérivé de la GT1 victorieuse aux 24 Heures du Mans en 1998 et qui ne pèse que 100 kilos, est équipé à la fois d’un aileron mobile qui se déploie à 120 kilomètres/heure, mais surtout d’un diffuseur situé à l’arrière de la voiture, qui fait le gros du travail à cet égard. Sur la route, la Carrera GT est très sensible à la qualité du revêtement et la moindre lézarde sera télégraphiée jusque dans le volant, mais le confort est carrément surprenant et seules les bosses importantes feront en sorte que le châssis entre en contact avec le sol, la garde au sol étant sérieusement limitée.

Voiture de course avec plaque d’immatriculation. Performances démentielles à couper le souffle. Démonstration des prouesses techniques de véritables génies de l’automobile. Jouet ultime pour millionnaires désoeuvrés en quête des émotions les plus fortes. Ces quelques phrases suffisent à décrire ce qu’est la Carrera GT, l’une des deux voitures de série les plus rapides au monde, l’autre étant la Ferrari Enzo. Le degré de sophistication technique de la voiture est très élevé et ses performances transcendent celles d’une voiture de série pour atteindre des sommets dont seules les véritables voitures de course de haut calibre sont capables. Pour ceux et celles désirant vivre l’expérience unique de conduire une Carrera GT, il faudra désormais se lier d’amitié avec l’un ou l’autre des 1270 propriétaires de cette voiture ou encore convaincre l’un d’entre eux de s’en départir pour une somme considérable, la rareté de l’engin étant gage d’une valeur de revente assez stable pour des années à venir…

feu vert

Tenue de route absolument phénoménale
Puissance moteur exceptionnelle
Usage de technologies développées en course
Freinage hyper puissant

feu rouge

Prix astronomique
Embrayage difficilement modulable
Usage limité
Garde au sol négligeable

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