Bentley Continental - La forme et le fond
Si on l’a maintes fois raconté, jamais on ne pourra exagérer le rôle qu’a joué la première Continental GT dans la renaissance de Bentley, après son entrée dans le giron de Volkswagen. La première du nom a tout bonnement décuplé les ventes de cette noble marque britannique, maintenant centenaire. Du même coup, elle a amorcé la croissance du segment des voitures de grand luxe, dont la taille a vite quintuplé. Son défi est maintenant de s’y maintenir.
À vrai dire, ce grand coupé, qu’on a entièrement redessiné il y a deux ans, tient désormais un nouveau rôle au sein de la gamme. Après y avoir longtemps joué les locomotives, la Continental GT a passé le relais à son costaud de jeune frère, le Bentayga, qui profite de la vague irrépressible qui porte les utilitaires sport pour gonfler les ventes à son tour.
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La GT peut donc se concentrer sur sa mission première et honorer ses initiales en offrant les vertus d’une opulente grand-tourisme. Elle combine d’ailleurs, comme très peu de voitures, le confort, le luxe, la performance, le style et le comportement portés à un très haut niveau.
Soigner les formes
Le constructeur s’en est assuré en lui offrant d’abord une carrosserie autoporteuse dont tous les panneaux extérieurs sont faits d’aluminium chauffé à 500 degrés et moulé sous pression. La silhouette affiche une interprétation plus fraîche et moderne des lignes déjà magnifiques de la première Continental GT, lancée en 2003. Les stylistes ont même réussi l’exploit d’évoquer les Bentley de la glorieuse époque où elles s’offraient la victoire aux 24 Heures du Mans, sans jouer la carte rétro. Grâce à une calandre grillagée plus large, bordée de grands phares ovoïdes, surtout.
Les lignes sont plus fluides, les flancs plus galbés et si la GT paraît plus basse et longue, même si ses dimensions extérieures demeurent les mêmes, c’est qu’elle est posée sur un empattement allongé de 104 mm et de grandes roues d’alliage de 21 ou 22 pouces. Le coupé a été rejoint par une version décapotable dont le toit en tissu peut se rétracter en 19 secondes, jusqu’à une vitesse de 50 km/h. On choisit entre sept couleurs différentes pour cette capote, dont une qui offre une texture en tweed véritable, rien de moins.
Il est essentiel de souligner ensuite que ces nouvelles Continental sont construites sur l’architecture adaptable SMB qu’elles partagent avec la tout aussi récente deuxième génération de la Porsche Panamera, ce qui n’est certainement pas pour nuire au comportement. Le coupé est d’ailleurs plus léger que son devancier de 80 kilos, malgré un équipement toujours plus pléthorique.
Bentley n’a évidemment pas lésiné sur l’habitacle, dont le dessin, la présentation et la finition sont parfaitement conformes aux normes et à la tradition d’opulence qui la caractérisent. Il n’y a que cette marque pour couvrir tableau de bord et console de boiseries noires laquées, de moulures en métal ouvré et de boutons et commandes dont le chrome est si lisse et brillant qu’on le croirait transparent. Saluons, du même trait, l’immense bloc rotatif à trois faces qui permet de passer de l’excellent écran tactile de 12,3 pouces que se partagent les marques du groupe VW à un trio de cadrans ronds classiques ou simplement à une surface lisse au centre du tableau de bord.
Côté finition, on a l’embarras du choix entre sept essences différentes pour les boiseries et quatorze couleurs de cuir pour la sellerie, qu’on peut agencer à volonté. Il faut toutefois choisir d’abord entre 84 couleurs de carrosserie, en sept gammes différentes, dont dix-neuf teintes, seulement pour le bleu. Il y a plusieurs couleurs chics, uniques et franchement superbes dans le lot.
Sortir le muscle
Les Continental GT comme accessoires de mode et quasiment objets d’art, c’est donc plutôt réussi. Elles ne sont pas mal non plus en performance. La version bonifiée de leur W12 à double turbo de 6,0 litres produit 626 chevaux et surtout, un couple maxi de 664 lb-pi à seulement 1 350 tr/min. Elle permet au coupé d’atteindre 100 km/h en 3,6 secondes, grâce au mode départ-canon inégalé qui accompagne sa nouvelle boîte automatique à double embrayage et huit rapports, jumelle de la merveilleuse PDK de Porsche. Ce moteur a été rejoint par un V8 biturbo familier de 4,0 litres qui livre 542 chevaux et atteindrait la même vélocité en 3,9 secondes.
Il faut avoir un jour conduit une Continental GT sous une pluie battante, à des vitesses inavouables, pour connaître son aplomb extraordinaire. Or, la nouvelle est immanquablement plus souple, agile, performante et sûre, avec un rouage intégral qui répartit le couple en continu, selon l’adhérence et les circonstances. Sans compter ses parachutes dernier cri pour les situations extrêmes. Dans un monde parfait, tout le monde devrait avoir la sienne. Et pour le monde réel, nous verrons même bientôt des Continental GT à propulsion hybride ou électrique.
Feu vert
- Silhouette classique et magnifique
- Finition et présentation remarquables
- Puissance et aplomb d’exception
Feu rouge
- Poids encore substantiel
- Prix et consommation à l’avenant
- Roues de 21 et 22 pouces vulnérables