Ferrari Portofino - Dolce vita express

Publié le 1er janvier 2020 dans 2020 par Marc Lachapelle

Malgré les performances, le raffinement mécanique et le comportement exceptionnel de ses bolides sport les plus flamboyants, Ferrari n’a jamais omis de soigner une clientèle qui recherche autant le style, le confort et le plaisir de rouler cheveux au vent, en plein soleil, que la puissance et les prouesses pures. C’est la mission qui revient à la Portofino dans la gamme actuelle de la marque au cheval cabré. Et il ne faut surtout pas croire qu’elle manque de muscle ou de caractère pour autant.

Il y a trois ans, la Portofino succédait à la California qui était devenue, en moins d’une décennie, le modèle le mieux vendu de l’histoire de Ferrari. N’en déplaise aux puristes, qui n’ont d’yeux et d’oreilles que pour les créations extrêmes de Maranello, il s’agit là d’une distinction qui mérite d’être soulignée. Tout comme celles d’être devenue la première Ferrari dotée d’un toit rigide rétractable et une des deux seules à porter encore son moteur à l’avant, sous un long capot.

Le nom California est d’ailleurs le plus populaire sur la liste des vingt voitures de collection les plus chères de l’histoire, dont treize Ferrari. La plus précieuse est une 250 GT California Spider 1961 à empattement court qui fut adjugée pour plus de 25 $ millions à Paris, sans aucune restauration. Un cabriolet noir qui avait un jour appartenu à l’acteur Alain Delon. C’est dire que le palmarès en course n’est pas le seul critère de valeur. Le charme, l’élégance, l’histoire et la rareté sont tout aussi déterminants. Sans oublier que ces California étaient dotées d’un V12 de 3,0 litres compact et puissant, conçu par l'ingénieur Gioacchino Colombo. Un véritable chef-d’œuvre mécanique.

Bon sang ne saurait mentir

On peut d’ailleurs affirmer que la tradition est forte, à Maranello, puisque le groupe propulseur de la Portofino a ses lettres de noblesse, lui aussi. Son magnifique V8 à double turbo de 3,9 litres a même récolté le prix de Meilleur moteur de performance, décerné par un jury international, pour une quatrième année consécutive. Avec des couvre-culasses et un collecteur d’admission fièrement peints en rouge, ce moteur avait déjà été primé meilleur moteur des vingt dernières années, par le même jury.

La version qui propulse la Portofino produit 591 chevaux à 7 500 tr/min et un couple de 560 lb-pi à 5 250 tr/min. Ces cotes sont évidemment plus modestes que les 710 chevaux et 568 lb-pi dont profite la nouvelle F8 Tributo, mais elles conviennent parfaitement à la vocation plus large et au tempérament plus détendu de la première. Ce qui n’empêche aucunement la Portofino de promettre un sprint 0-100 km/h en 3,5 secondes, grâce au mode Départ-canon de sa boîte de vitesses à double embrayage de 7 rapports, et d’atteindre plus de 320 km/h en vitesse de pointe.

Pour tout dire, la Portofino est une version affinée de la California T qui était devenue la première Ferrari à renouer avec la suralimentation par turbocompresseur depuis la légendaire F40. Les lignes plus ciselées de sa carrosserie, sa large calandre, ses flancs très sculptés et sa partie arrière se rapprochent énormément de celles de sa grande sœur, la 812 Superfast, dont le groupe propulseur partage la même configuration. Surtout quand son toit rigide, que l’on peut rétracter en mouvement jusqu’à une vitesse de 40 km/h, est bien en place.

Des airs et du nerf de famille

L’habitacle de la Portofino – avec le compte-tours sur fond jaune qui domine le bloc d’instruments, les boutons-poussoirs de la boîte de vitesses et les grandes buses d’aération rondes – ressemble également beaucoup à la cabine de la 812 Superfast. Pour des raisons mystérieuses, Ferrari tient mordicus aux deux places arrière étriquées de la Portofino, auxquelles il aurait ajouté 5 cm de dégagement pour les genoux, par rapport à la California T. La ligne relevée de sa partie arrière a permis de hausser le volume du coffre de près de 50 litres, ce qui ajoute à ses aptitudes pour le grand tourisme.

La structure en aluminium de la Portofino aurait gagné 35% en rigidité par rapport à celle de sa devancière, ce qui a permis aux ingénieurs de raffermir sa suspension, toujours dotée d’excellents amortisseurs à variation magnétique, sans compromettre la qualité du roulement. Surtout que ce svelte coupé/cabriolet, plus long de 2 cm et plus large de 3 cm que son devancier, est néanmoins plus léger de 80 kg.

Si la Portofino partage la servodirection électrique de la 812 Superfast et qu’elle profite également des vertus d’un différentiel autobloquant électrique, le manettino qui orne son volant offre trois modes de conduite (Confort, Sport ou ESC off) au lieu des cinq de la diva. Ce qui convient, encore une fois, à sa nature moins féroce. Y en a-t-il encore pour dire que ce n’est pas une « vraie » Ferrari? Pas nous! Surtout qu’elle est même raisonnablement abordable, face à ses rivales allemandes ou britanniques les plus sérieuses.

Feu vert

Feu rouge

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