Mercedes-Benz AMG ONE - La licorne se fait attendre

Publié le 1er janvier 2020 dans 2020 par Marc Lachapelle

Le fantasme d’une formule 1 pour la route est certainement un des plus tenaces de la mythologie automobile moderne. Même la sublime McLaren F1 ne s’en approcha guère, malgré son nom, avec son gros V12 atmosphérique de 6,0 litres. La nouvelle bagnole sport de Mercedes-AMG a sans doute les meilleures chances de le satisfaire, mais elle prend du retard, au grand dam des chanceux qui ont déjà acheté toutes celles qui seront produites.

L’équipe Mercedes-AMG a complètement dominé la formule 1 depuis le début de l’ère de la motorisation hybride, en 2014, décrochant les titres constructeur et pilote cinq années de suite. Personne n’était donc mieux placé qu’elle pour créer une voiture qui sache concrétiser le rêve fou d’adapter la technologie actuelle de la F1 à la conduite sur route. Et c’est ce que Mercedes-Benz a promis de faire au salon de Francfort de septembre 2017, en dévoilant son spectaculaire prototype Mercedes-AMG Project One, qui couronnait du même coup le 50e anniversaire d’AMG, sa précieuse division de course et performance.

Promesse confirmée

Une année plus tard, au salon de Paris cette fois, le doyen des constructeurs annonçait que sa future automobile s’appellerait finalement Mercedes-AMG ONE. Il nous apprenait du même coup que l’aérodynamique « active » de la voiture était déjà à l’essai et qu’elle allait comporter un aileron arrière extensible en parties multiples, lequel se déploie sur deux paliers. On savait depuis le premier dévoilement que cette nouvelle exotique serait dotée d’une version du groupe propulseur hybride des voitures de l’équipe de F1 qu’on allait adapter à la conduite sur route. Rien de moins, en effet.

On parle ici d’un V6 de 1,6 litre avec turbocompresseur électrique, d’un premier moteur électrique de propulsion relié au vilebrequin et d’une paire de moteurs de 120 kW pour les roues avant qui viennent doter ce projectile d’un rouage intégral, en prime. Avec une puissance ciblée de plus de 1 000 chevaux, on nous promet un sprint 0-200 km/h en moins de six secondes et une vitesse de pointe de plus de 350 km/h. Que le pilote y arrive en jouant avec les manettes de la boîte de vitesses mécanique automatisée à huit rapports, comme sur les F1, ou en la laissant faire les choses elle-même. À l’autre extrême du spectre, une batterie lithium-ion rechargeable fournira également 25 km de pleine autonomie électrique, avec récupération de l’énergie cinétique au freinage pour la recharger, en conduite.

Le moteur thermique de la Mercedes-AMG ONE est installé en position centrale arrière, au cœur d’une coque en fibre de carbone, avec des suspensions novatrices à poussoirs et bras multiples aux deux essieux. Les grands freins à disque carbone-céramique et les larges pneus allaient de soi. L’habitacle est inspiré de la F1, avec une abondance de surfaces en fibre de carbone et alcantara, des écrans pour les données et un volant rectangulaire truffé de boutons et de diodes colorées. Il est toutefois infiniment plus confortable et spacieux, grâce à des sièges pour deux, intégrés à la coque, avec pédalier et volant réglables, pour la position de conduite. La climatisation, les lève-vitres et la chaîne multimédia sont également installés de série.

Des stocks vite épuisés

Tout ça était plus que suffisant pour que Mercedes-AMG vende rapidement les seuls 275 exemplaires qu’elle compte produire, pour en assurer et préserver l’exclusivité. Même à un prix pharaonique de plus de 3 millions de nos dollars, avec un dépôt d’environ 750 000 $. Et c’est là que ça se gâte un peu, puisque l’amorce de la production accuse déjà une année de retard.

Malgré sa maîtrise largement démontrée de la propulsion hybride en course, Mercedes-AMG aurait beaucoup de mal à rendre le V6 turbo conforme aux normes écologiques actuelles. Les ingénieurs se buteraient surtout au fait que ce moteur tourne habituellement à 5 000 tr/min au ralenti alors que son régime maxi est de 15 000 tr/min. Le fait de ramener cette limite à 11 000 tr/min n’abaisse pas le ralenti d’autant, hélas. Parions que le fait qu’Aston Martin ait annoncé une puissance totale confirmée de 1 160 chevaux pour sa Valkyrie, conçue avec Red Bull Racing dans le même but de mettre la F1 sur la route, a solidement agacé l’équipe du constructeur allemand.

Entre-temps, Mercedes-AMG essaie de rendre l’attente de ses riches acheteurs plus supportable en leur faisant fabriquer des gants de conduite sur mesure, après avoir obtenu une empreinte de leurs mains grâce à boîte de moulage spéciale. Vous direz que c’est sans doute la moindre des choses, au prix demandé, mais c’est une quand même une bonne idée.

Et qui sait, ravi de recevoir un jour enfin sa Mercedes-AMG ONE, le collectionneur et passionné québécois Olivier Benloulou laissera peut-être le Guide de lauto la découvrir et même la conduire. Juste un peu, juste assez.

Feu vert

Feu rouge

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