Jeep Cherokee - Toujours dans le coup?
Il y a quelques années, Jeep vendait plus de 30 000 Cherokee au pays. Et l’an dernier, un peu plus de 22 000. Des chiffres impressionnants pour un constructeur qui, jusqu’en 2012, n’offrait dans ce segment que l’exécrable Liberty, boudé du public.
En 2014, le Cherokee était donc venu combler le vide laissé depuis deux ans entre le duo Compass/Patriot et le Grand Cherokee. Et après avoir reçu quelques modifications d’importance pour 2019, le Cherokee aujourd’hui bien implanté a atteint sa maturité. Est-il toujours dans le coup?
Légèrement retravaillé pour 2019, le Cherokee a abandonné son museau bizarroïde pour finalement adopter une formule plus conventionnelle et, à mon sens, plus élégante. Chose certaine, on peut dire que six ans plus tard, le Cherokee est esthétiquement toujours actuel. Surtout lorsqu’il est question de la version Trailhawk, certes onéreuse, mais unique en son genre.
FCA affirme que la concurrence du Cherokee se nomme Ford Edge ou Nissan Murano. Une mention audacieuse considérant qu’il est même plus compact qu’un Chevrolet Equinox. Il faut toutefois comprendre que le Cherokee se positionne hiérarchiquement au-dessus du Compass, qui tente lui-même de rivaliser avec les Equinox, Escape et CR-V de ce monde. De ce fait, le Cherokee constitue le pire ennemi du Compass. Parce qu’à peine plus volumineux que son petit frère, mais qui par sa prestance et par l’offre mécanique, est tout simplement plus convaincant. Et bien sûr, il y a son nom qui, disons-le, a certainement meilleure réputation que le Compass.
Maintenant, le plus gros point faible du Cherokee demeure sans doute son volume intérieur, inférieur à celui de la concurrence. L’espace aux places arrière déçoit tout comme le volume de chargement, handicapé par un seuil de coffre beaucoup trop haut. Pas idéal pour la famille, toujours en comparaison avec la concurrence.
Heureusement, les nombreuses commodités du Cherokee viennent ajouter un peu de lumière dans cet habitacle. À commencer par cet écran central de 8,4 pouces, applaudi par l’industrie, et dont la multiplicité des fonctions n’a d’égal que sa grande simplicité d’utilisation. Une position de conduite agréable et confortable et des accessoires qui tombent tous sous la main améliorent la vie à bord. Petit bémol? L’épaisseur du pilier A qui, en certaines situations, gêne pour la visibilité. Heureusement, Jeep propose tous les systèmes de sécurité active et d’assistance à la conduite pour que le pire soit évité. Comme quoi le Cherokee, en dépit de sa conception vieillissante, a su évoluer.
Une mécanique à contre-courant
Trois choix mécaniques sont ici proposés. Un quatre cylindres de 2,4 litres, efficace sur papier, mais grognon à mourir, également utilisé avec le Compass. Soyons francs, à mécanique comparable, la concurrence fait mieux. On passe donc à la deuxième option, soit le V6 de 3,2 litres, qui a su faire ses preuves. Un moteur fiable, capable de remorquer jusqu’à 2 041 kilogrammes (4 500 livres), et au rendement d’une grande douceur. Évidemment, il a plus gros appétit que le quatre cylindres, mais vous pourrez maintenir une moyenne de consommation d’environ 11 litres aux 100 km.
Puis, il y a le p’tit nouveau. Optionnel au coût de 995 $ par rapport au V6 : un quatre cylindres turbocompressé de 2,0 litres, produisant ironiquement un cheval de moins que le V6, mais nettement plus généreux en couple. Un moteur d’origine Alfa Romeo, de fiabilité encore inconnue, qui nécessite le meilleur carburant qui soit, et qui coûtera assurément plus cher à entretenir et à réparer en cas de bris.
J’ai pu mettre ce moteur à l’épreuve lors d’un récent essai dans les Hautes-Laurentides. Et mon constat est le suivant : vaut mieux oublier. Trop risqué, mais aussi parce qu’il n’offre aucun réel avantage face au V6, si ce n’est que d’économiser environ 1 litre aux 100 km. Une économie en essence, mais pas en dollars, puisque le V6 roule aisément à l’essence ordinaire.
Et la fiabilité, elle?
Jeep se trouve dans la cave du classement des marques au chapitre de la fiabilité. Un bilan qui ne reflète toutefois pas les histoires m’ayant été relatées par différents propriétaires de Cherokee, qui sont généralement satisfaits de leur véhicule. Bien sûr, les problèmes de boîte de vitesses des modèles 2014-2015 ont été sérieux. Mais le Cherokee a aujourd’hui six ans, et les bobos de jeunesse sont sortis, minimisant ainsi les risques de problèmes. Vous dire qu’il sera aussi fiable qu’un RAV4 serait audacieux, mais cet aspect ne doit désormais plus freiner son achat.
En terminant, évitez la version Overland, inutilement trop chère, et la version de base. Un Cherokee North ou Limited demeure un choix sensé, ou encore la très charmante version Trailhawk, probablement plus facile à revendre que la moyenne.
Feu vert
- Comportement routier
- Capacités hors route
- Fiabilité en progrès
- Bonne valeur de revente (V6)
Feu rouge
- Espace intérieur décevant
- Moteurs à quatre cylindres à éviter
- Épaisseur du pilier A
- Beaucoup d’options