Bugatti Divo - Parce que l’univers est courbe

Publié le 1er janvier 2020 dans 2020 par Marc Lachapelle

Vous devinez que cette pièce rare, créée par la marque la plus chère et exclusive, ne se trouve pas ici pour ses vertus familiales, sa capacité de remorquage ou sa faible consommation. La Divo existe uniquement pour démontrer qu’une Bugatti peut aussi négocier des virages, pour le bon plaisir de quelques dizaines d’acheteurs richissimes. Elle n’en prendra pas moins sa place dans l’histoire de l’automobile, elle aussi.

Les créations d’Ettore Bugatti et de son fils Jean ont toujours été marquées par leur génie technique, leur refus de tout compromis et un goût certain pour la démesure. Voilà certainement quelques-unes des raisons qui ont poussé Ferdinand Piëch à racheter cette légendaire marque italo-française maintenant plus que centenaire en 1998, pour enrichir la collection du groupe Volkswagen.

Lui-même reconnu pour ses exploits techniques et une ambition sans limites, ce petit-fils de Ferdinand Porsche allait relancer Bugatti avec tout l’argent et tous les efforts imaginables. Sinon plus. Développée en fonction des objectifs extrêmes qu’avait fixés ce patron tyrannique, la Veyron 16.4 a régné pendant une décennie comme voiture de série la plus chère, la plus puissante et la plus rapide du globe, sans interruption ou presque.

Faire plus avec plus

La Veyron fut remplacée en 2016 par la Chiron qui reprend essentiellement la silhouette, l’architecture et la mécanique de sa devancière, sans oublier d’en bonifier la modernité, la performance et le raffinement. Elle profite d’ailleurs d’une version plus poussée du même fabuleux moteur à seize cylindres en W de 8,0 litres, suralimenté par quatre turbocompresseurs encore plus gros, qui produit désormais 1 500 chevaux métriques (1 479 chevaux SAE). C’est une moitié de plus que les 1 001 chevaux qu’affichait la première Veyron, comme l’avait exigé le redoutable Ferdinand Piëch, à l’époque.

C’est la Chiron qui devra reprendre le titre de voiture de série la plus rapide, longtemps détenu par la Veyron et ravi en 2017 par l’insolente Koenigsegg Agera RS sur une route du Nevada, à une moyenne officielle de 447,19 km/h. Il semble même qu’elle pourrait rouler à 500 km/h si l’on trouve des pneus capables de soutenir une telle vitesse.

Entre-temps, Bugatti a voulu prouver que son pur-sang costaud sait faire autre chose que de filer en ligne droite en créant la Divo, qui sera produite en seulement 40 exemplaires. Au risque de vous décevoir, je précise qu’elles ont déjà toutes été vendues, pour la bagatelle de 5 millions d’euros, soit environ 7,5 $ millions, à des propriétaires de Chiron. Toujours les mêmes, en effet. Au fait, la Divo porte le nom d’un pilote français prénommé Albert, qui a remporté deux fois la mythique épreuve Targa Florio, en Sicile, au volant d’une des sveltes et non moins célèbres Bugatti Type 35, durant les années 20.

Surtout pour l’adhérence

Puisque le poids est constamment l’ennemi, on a multiplié les composantes en matériaux légers sur la Divo pour finalement réduire le poids de 35 kg. Ce qui est très peu pour une voiture qui accuse plus de deux tonnes métriques, tous pleins faits. Elle y gagne quand même des roues d’alliage plus légères, chaussées de pneus à flanc coloré, comme en F1, dont on a augmenté l’angle de carrossage pour accroître l’adhérence en virage. La Divo peut d’ailleurs atteindre 1,6 G en accélération latérale grâce à ces modifications qui limitent cependant sa vitesse de pointe à 380 km/h alors que la Chiron peut filer à 415 km/h.

La silhouette est familière, mais la carrosserie a eu droit à de nombreuses retouches pour améliorer le refroidissement et l’aérodynamique. La déportance, qui plaque la voiture au sol à vive allure, est maintenant de 456 kg, soit 90 kg de mieux que la Chiron, grâce à un becquet avant plus grand et un aileron arrière plus large de 23%. Son angle varie selon le mode de conduite choisi et il se dresse à la verticale, comme un aérofrein, quand on sollicite les gros disques en carbone.

La fine nervure qui fait toute la longueur de la Divo, au centre, est un hommage subtil aux sublimes coupés 57 Atlantic créés par Jean Bugatti durant les années 30. Dans l’habitacle, de nouveaux sièges promettent un meilleur maintien latéral et le volant garni en partie d’alcantara est flanqué de manettes plus grandes pour la boîte à double embrayage. On a éliminé tout rangement, encore pour alléger, ce qui a permis d’ajouter des accoudoirs et d’améliorer les dégagements.

Bugatti nous assure qu’une Divo met huit secondes de moins qu’une Chiron à boucler le circuit de Nardó, en Italie. Imaginez ce que ce sera avec la Chiron R plus puissante, la Superleggera plus légère de 100 kg ou la Supersport encore mieux adaptée aux circuits que mijoteraient déjà les sorciers de Molsheim. Avant de passer à la propulsion hybride. Parce que même les jouets de milliardaires n’y échapperont pas.

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