Ferrari F8 - Un cran au-dessus

Publié le 1er janvier 2020 dans 2020 par Marc Lachapelle

Il est tentant d’écrire que la 488 Pista, apparue l’an dernier, n’aura fait que trois petits tours avant de s’en aller, comme dans cette ritournelle que l’on chante avec les enfants. Or, cette version plus puissante, légère, rapide et agile de la brillante 488 GTB aura sûrement bouclé des centaines de tours sur circuit, fidèle à son nom, sa vocation et sa lignée. Ferrari a quand même choisi de les remplacer toutes deux par la F8 Tributo, qui vise encore plus haut. Pas le choix. La course est maintenant trop serrée et les rivales trop douées.

Le moteur de la 488 Pista, à lui seul, aurait suffi à confirmer son statut d’exception. D’abord pour les 710 chevaux, livrés à 8 000 tr/min, qui en faisaient le V8 le plus puissant jamais produit par Ferrari. Ce groupe de 3,9 litres livrait son couple maxi de 568 lb-pi à 3 250 tr/min, grâce à une paire de turbos modifiés pour éliminer aussi le temps de réponse. En fait, la moitié de ses composantes étaient nouvelles, l’inertie de ses pièces mobiles moindre de 17%, et il était plus léger de 18 kg par rapport au V8 de la 488 GTB, un gain substantiel. Sans compter sa cinquantaine d’étalons en plus.

Sans grande surprise, ce chef-d’œuvre mécanique a décroché, pour Ferrari, un troisième prix consécutif de Moteur de l’année et le titre de Meilleur moteur des vingt dernières années, décernés par le jury International Engine of the Year pour son 20e anniversaire. Rien d’étonnant, donc, à ce que le légendaire constructeur ait repris ce V8 quasi intégralement pour la nouvelle F8 Tributo, dont le nom lui rend d’ailleurs hommage. Son rendement est donc intact, en puissance et en couple, même s’il respecte des normes de bruit et d’émissions polluantes plus strictes.

Les formes et le fond

Vous aurez deviné que les ingénieurs, concepteurs et stylistes de Maranello n’en sont pas restés là. La 488 Pista profitait d’une impressionnante série de modifications et retouches empruntées aux versions de course 488 Challenge et 488 GTE. La plupart ont été reprises et raffinées pour la F8 Tributo. Notamment, des radiateurs inclinés vers l’arrière et des prises d’air, ailerons, extracteurs et becquets sculptés pour maximiser le refroidissement et l’admission du V8 tout en augmentant à la fois l’appui et l’efficacité aérodynamiques.

Installés dans leurs ateliers, à Maranello, les stylistes du Centro Stile ont su intégrer tous ces éléments à une silhouette fluide, racée et familière. Derrière la calandre, le grand évent découpé dans le capot est plus étroit et flanqué de blocs optiques à DEL plus minces. À l’arrière, on retrouve maintenant quatre feux ronds, comme sur la 308 GTB, pionnière de cette série, plutôt que la simple paire des 458 et 488. Une lunette ultralégère en Lexan, avec trois larges fentes, est posée au-dessus du compartiment moteur, comme un clin d’œil à la mythique F40 à V8 biturbo. En moins extrême.

L’habitacle a été largement redessiné aussi. La jante du volant, toujours magnifique, est un peu moins large. Ce dernier porte toujours des commutateurs pour les clignotants, les phares et les essuie-glaces, le gros bouton rouge pour le contact, un autre pour la fermeté des amortisseurs à variation magnétique, de nouvelles touches pour le téléphone et le célèbre manettino, qui permet de choisir à la volée un des cinq modes de conduite. La F8 Tributo profite d’ailleurs de versions plus évoluées des systèmes de contrôle du dérapage de Ferrari, qui sont d’une efficacité démoniaque. Bonne chose que les sièges, déjà très sculptés, aient été retouchés.

Sur le tableau de bord, où règnent la fibre de carbone et le cuir surpiqué de rouge, de nouvelles buses d’aération rondes bordent une nacelle où domine toujours un immense compte-tours à fond jaune, en plein centre, flanqué d’une paire d’écrans configurables. Un écran d’affichage tactile de sept pouces est offert en option, au bénéfice du passager. Les commandes pour la climatisation, les phares et l’affichage sont également plus fines et menues.

Digne héritière

Pour avoir conduit la 488 Pista sur le circuit de Fiorano et sur les routes qui serpentent les vallons derrière Maranello, je suis convaincu que la F8 Tributo, sa descendante la plus directe, affichera des performances et une tenue de route spectaculaires, doublées d’un comportement et une conduite étonnamment souple et confortable. Plus puissante et plus légère que la 488 GTB de 40 kg, elle lui vole une demi-seconde autour du circuit d’essai mythique de Ferrari. Il faut maintenant voir ce qu’elle fera contre la McLaren 720S, sa rivale directe.

Entre-temps, on peut imaginer les sommets que pourrait atteindre une version spéciale de cette F8 Tributo ou simplement attendre de découvrir ceux que visera la nouvelle berlinette à groupe propulseur hybride et V6 biturbo que Ferrari doit lancer incessamment. C’est dans l’air du temps, après tout. En F1 comme ailleurs.

Feu vert

Feu rouge

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