Quand le sport n'en est pas un
Ford nous a invité cette semaine à la présentation du Bronco Sport, celui que l’industrie surnomme déjà le bébé Bronco. Un produit que Ford intègre juste avant l’arrivée du « vrai » Bronco, qui débarquera pour sa part au printemps prochain.
Évidemment, le constructeur de Dearborn mise gros avec cette nouvelle famille de VUS. En ramenant sur le marché un nom aussi mythique, Ford n’a pas droit à l’erreur. Et si l’on se fie aux carnets de commandes déjà bien remplis du côté américain, ça augure assez bien.
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Le bébé Bronco porte donc l’appellation Sport. Partageant sa plate-forme et ses composantes mécaniques avec l’Escape, il se classe dans la catégorie des VUS compacts en adoptant un look plus costaud qui reprend les traits du design du Bronco.
Ce véhicule, en y pensant bien, aurait aussi pu porter le nom de Bronco II, faisant ainsi référence au petit Bronco du passé. Cela dit, les stratèges de la marque ont préféré y aller pour une nomenclature simple et très à la mode, laquelle est d’ailleurs surexploitée dans l’industrie automobile, et ce, depuis la nuit des temps. Suffit de revenir dans les années 90, alors que Ford apposait le mot « Sport » sur certaines versions des Festiva, Escort, Explorer, allant même jusqu’à rebaptiser l’Aerostar en Aerosport!
Sport, vraiment?
Il y a évidemment lieu de s’interroger sur les raisons qui poussent les constructeurs automobiles à faire appel à cette désignation pourtant claire. Une nomenclature qui laisse sous-entendre un tempérament sportif ou du moins, plus sportif que celui des autres versions d’un même modèle. Et pourtant, rares sont les voitures arborant ces cinq lettres qui peuvent se vanter de leurs aptitudes.
En y pensant bien, la tendance depuis quelques années est d’utiliser le mot « Sport » pour identifier des modèles qui ne le sont aucunement. Des véhicules portant aussi bien leur nom qu’un Martin Petit de 6 pieds 4 pouces! Pensez par exemple à l’ensemble des versions de base vendues chez Jeep (Renegade, Compass, Cherokee Sport, etc…), au Ford Eco…Sport (!), aux Honda Fit, Civic et CR-V Sport, aux Mitsubishi Outlander Sport et Nissan Rogue Sport vendus au Canada sous les noms RVR et Qashqai, ou même à la Sonata Sport! Oh, et comment oublier le Volkswagen Atlas Cross Sport. Avouez que ça déborde de performance, tout ça.
En fait, la tendance de plusieurs constructeurs est actuellement d’utiliser le mot « sport » pour identifier un modèle plus bas de gamme ou plus petit que l’original. Les Outlander, Rogue, ainsi que le nouveau Bronco Sport en sont d’ailleurs la preuve, au même titre que l’ancienne Outback Sport, ancêtre de la Subaru Crosstrek. À une certaine époque, le nom « sport » s’accompagnait souvent de jantes d’alliage et d’un aileron. Chez Ford, c’était légion. L’Escort, la Contour, la Windstar…avec un joli becquet de couleur à l’arrière!
Et le Bronco Sport?
Lors de la présentation du Bronco Sport, je me suis donc entretenu avec les stratèges de la marque afin de connaître quel avait été le processus décisionnel menant à ce nom, en suggérant du même coup que l’appellation Bronco II aurait aussi pu être considérée.
À cette question, on m’a répondu qu’il ne s’agissait pas d’un véhicule de second rang et que l’appellation Bronco II aurait été inappropriée, mentionnant d’autant plus que ce modèle du passé n’avait pas été à ce point mémorable pour qu’on ressuscite son nom. Répliquant alors en mentionnant qu’il s’agissait assurément d’un véhicule moins « sport » que l’autre Bronco qui arrivera dans six mois, on m’a, disons…concédé le point. Cela dit, on a pris soin de mentionner que je serais étonné du comportement sportif de ce Bronco Sport. Parce qu’il fallait tout de même bien répliquer quelque chose.
Retenez donc ceci. Un vrai véhicule sport ne sera jamais ainsi nommé. Parce qu’on n’a pas besoin de vous le dire pour que vous le sachiez. Une Mustang Sport? Un F-150 Raptor Sport? Non. Mais un EcoSport, ça oui. Une règle de marketing à mon avis brûlée, mais que les constructeurs continuent d’exploiter à outrance…