Land Rover 2010, une marque traînée dans la boue... pour son plus grand plaisir!

Publié le 7 octobre 2009 dans Premiers contacts par Alain Morin

Sans doute la plus british des marques british, Land Rover tente de garder les narines hors de l’eau durant la tempête. En effet, la plupart des marques de prestige ont récemment connu des mois pénibles et il y a fort à parier qu’il y en a d’autres à venir. Quand une entreprise met des centaines de travailleurs à pied, son président serait très mal vu de changer son Range Rover 2007 pour un 2010…

Dans ce contexte particulier, Land Rover, qui fabrique à peine 100 000 véhicules par année, doit trouver des moyens de se démarquer tout en préservant une tradition que les amateurs de la marque ne sont pas près de laisser tomber. Mais surtout, trouver un moyen de survivre tout en continuant à produire des véhicules qui consomment comme des Boeing!

Pour contrer, un peu, la consommation d’essence de ses immenses 4x4, Land Rover a sorti quelques cartes de sa manche. Tout d’abord, dès l’an prochain, la firme britannique, qui appartient désormais à l’Indien Tata après avoir été quelques années sous le giron de Ford, dévoilera un petit 4x4, le LRX. Lors d’une conférence organisée récemment, la direction de Land Rover  a mentionné que ce nouveau véhicule, dévoilé au Salon de l’auto de Détroit en 2008 sous le nom de LRX Cross Coupe Concept, sera produit dès 2011. Il s’agit du premier coupé de Land Rover.

Il y a à peine une semaine, le Guide de l’auto a eu l’occasion de se rendre à Manchester, au Vermont, pour la présentation des Land Rover LR4, Range Rover et Range Rover Sport 2010. Malheureusement, le VUS compact LR2 n’avait pas été invité. Manque de temps pour en faire l’essai? Problème de logistique? Manque d’intérêt de la part de Land Rover? Peut-être tout simplement parce qu’il ne connaît cette année aucun changement. Allez savoir.

LR4

Selon Land Rover, les propriétaires de l’ancien LR3 (produit jusqu’à l’année dernière) le jugeaient trop brutal, autant au niveau des lignes extérieures que de celles du tableau de bord. Son remplaçant, le LR4, montre des lignes moins carrées et sa calandre reprend la grille de rasoir des autres modèles. De plus, le tableau de bord a été joyeusement transformé. Mais, de toute évidence, le LR4 n’est autre qu’un LR3 modernisé.

Là où ça change davantage, c’est au niveau de la motorisation. Exit le V6 de 4,0 litres mal adapté tandis que le V8 passe de 4,4 à 5,0 litres. Sa puissance est de 375 chevaux pour un couple équivalent. Land Rover le donne bon pour 7,9 secondes sur le 0-100 km/h, ce qui nous semble réaliste. Aussi, on dit ce moteur moins gourmand en essence que le 4,4 qu’il remplace. Soit. Mais on ne parle sans doute pas ici d’une économie majeure. Comme tous les moteurs modernes et puissants devant déplacer de lourdes masses (ici 2646 kilos), il est assez frugal sur la grand route, à une vitesse régulière, avec un vent de dos. Mais accélérez le moindrement brutalement et l’essence s’évapore comme de l’eau dans une bouilloire. Ce carré sur roues peut remorquer jusqu’à 3 500 kilos ( 7 716 livres) si la remorque est équipée de freins.

Le LR4 a beau être plus petit que les Range Rover et Range Rover Sport, son habitacle s’avère tout de même très, très confortable. Les grandes surfaces vitrées combinées à des rétroviseurs extérieurs de bonnes dimensions assurent une excellente visibilité tout le tour. Si les places de la deuxième rangée sont très correctes, il en va autrement pour celles de la troisième, difficilement accessibles. Leur manipulation s’avère ardue et donne plus envie de sacrer que de s’y asseoir.

Le comportement routier des produits Land Rover est toujours très relevé mais c’est surtout en hors route que ces véhicules se démarquent. Le LR4 ne fait pas exception. Au centre du tableau de bord, on retrouve un gros bouton qui gère un système appelé « Terrain Response ». Le conducteur n’a qu’à choisir entre certains modes (Régulier, neige, boue et racines, sable et roches) et le véhicule fait quasiment tout le reste! Ce système est surtout contrôlé par les freins ABS et le système de stabilité latérale et prend en considération plusieurs paramètres du moteur, de la transmission et des différentiels. En complément, on retrouve le « Hill Descent Control » qui permet au véhicule de descendre des pentes difficiles sans intervention humaine, ou presque. Aussi, dès que la gamme basse « Low mode » est choisie, les suspensions s’élèvent pour augmenter la garde au sol (elle passe donc de 185mm à 240 mm). Le LR4 est, d’ailleurs, le plus performant des produits Land Rover en hors route avec ses 37,2 degrés d’approche, 29,6 degrés de départ et 27,9 degrés d’angle ventral (ces chiffres sont valables lorsque les suspensions sont à leur hauteur maximale). Bref, si vous restez pris avec un LR4, c’est qu’il y a eu un tsunami ou que vous êtes sur une planète encore non explorée par l’Humain!

Range Rover

Si le Range Rover, 4x4 haut de gamme s’il  en est un, n’a pratiquement pas changé, c’est tout simplement parce que les clients ne voulaient rien y changer! On s’est donc contenté de revoir les phares, la grille, les feux arrière mais il faut avoir l’œil pour voir les différences du premier coup. Par contre, tout le système électrique est nouveau, une bonne nouvelle quand on connaît la piètre réputation de fiabilité des produits Land Rover…
Le moteur de base est le même que celui du LR4, soit un V8 de 5,0 litres de 375 chevaux. Même s’il est plus long que le LR4 et qu’il semble plus gros, le Range Rover concède quelques millimètres ici et là et, surtout, 62 kilos. Remarquez que l’habitacle est tellement feutré que les quelques dixièmes de secondes de moins pour effectuer le 0-100 km/h ne sont pas perceptibles. Mais on sent qu’il y a amplement de puissance!

Si les 375 chevaux de la version régulière du Range Rover sont suffisants, alors pourquoi payer 18 000$ de plus (93 830$ contre 111 900$) pour les 510 du Supercharged? D’autant plus qu’ils ne remorquent pas une once de plus. Quoiqu’il en soit, cette bête de puissance permet de dépasser à peu près n’importe qui, à peu près n’importe quand sur à peu près n’importe quelle route. Pour les gens vivant en altitude et pressés de s’y rendre, il s’agit du véhicule parfait!

Dans l’habitacle, Supercharged ou pas, le luxe côtoie la noblesse et le confort est roi et maître. Par contre, l’accès et la sortie du véhicule n’est pas de tout repos puisque le véhicule est très haut sur patte. Des marchepieds seraient les bienvenus mais seraient contraires aux règles les plus élémentaires de bienséance en hors-route.

Le Land Rover, ce palace roulant, peut affronter à peu près toutes les conditions routières comme nous avons pu le constater lors du lancement. Certes, sur une piste extrêmement difficile, il doit parfois laisser passer son confrère LR4 mais pour en arriver là, il faut posséder des connaissances très pointues en matière de 4x4. Notre véhicule d’essai possédait même cinq caméras qui montraient ce qui se passait autour : deux sous le pare-chocs avant, une sous chaque rétroviseur extérieur et la caméra de recul. Dans des sentiers difficiles, ces caméras peuvent éviter bien des problèmes s’il n’y a personne pour diriger le conducteur (spotter).  Comme on peut s’y attendre, peu de gens sont portés à mettre un véhicule de plus de 90 000 dollars dans la boue (d’ailleurs peu de propriétaires de VUS compacts de 30 000$ vont dans la boue…) mais, selon les dirigeants de Land Rover plusieurs propriétaires d’anciens Land Rover n’hésitent pas à explorer des contrées inconnues avec leur véhicule. Ainsi, dans vingt ans, on retrouvera des Land Rover 2010 dans les bois!

Range Rover Sport

Le Range Rover Sport (RRS pour les intimes) connaît un peu plus de changements que le Range Rover. À l’extérieur ça ne paraît pas trop mais le tableau de bord a été complètement revu.

Même si ses lignes en font un Land Rover pur, le Range Rover Sport fait un peu figure d’anachronisme dans la gamme. Dans le cas présent, le mot « sport » n’est pas superflu.  Dès les premiers mètres, on remarque les suspensions plus dures, la direction beaucoup plus vive et les transferts de poids moins prononcés que ceux du Range Rover tout court. Curieusement, même s’il affiche un tempérament effectivement plus sportif, le Range Rover Sport a droit aux mêmes moteurs et à la même puissance, soit un V8 de 5,0 litres de 375 chevaux tandis que le Supercharged a droit à 510 chevaux. Les amateurs de conduite sportive seront servis mais je serais curieux de mettre un RRS sur une piste de course avec un Porsche Cayenne…

Même s’il ne donne pas sa place quand la route ne porte plus ce nom, le Range Rover Sport demeure le moins capable des Land Rover, exception faite du LR2. Mais qui voudrait bien aller crever un pneu de dimensions 275/40R20 (Supercharged) sur une roche pointue? D’ailleurs, lors du lancement, nous n’avons pas fait de piste hors route avec ce véhicule.

Même si le Range Rover Sport est plus dynamique que les autres membres de la famille royale, pardon, de Land Rover, le confort n’est en rien altéré. Ni la qualité des matériaux, ni celle de la finition, à l’égale des autres.

Et la fiabilité?

Lors de l’événement qui s’est déroulé sur deux jours, les sympathiques gens de Land Rover étaient disponibles si nous avions des questions et y répondaient au meilleur de leurs connaissances, par ailleurs élevées. Par contre, il est un sujet qui semble tabou… la fiabilité. Genre qu’entre la fin de la question et le début de la réponse, j’aurais eu le temps de démonter une transmission et de la rebâtir (et comme je n'ai jamais fait ça de ma vie…) Je ne me souviens plus exactement des mots choisis avec soin par les gens de Land Rover mais pour résumer : « Non, Land Rover n’est pas très fiable mais nous travaillons très fort pour améliorer nos véhicules. Et soyez assurés que Land Rover ne laissera jamais tomber un propriétaire. »  Souhaitons à Land Rover et aux propriétaires de Land Rover que la fiabilité générale s’améliore, elle qui, selon J.D. Power, est présentement au 35ième rang sur 37 marques…

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