Ces Porsche dans l’ombre de la 911

Publié le 11 octobre 2020 dans Voitures anciennes par Frédéric Mercier

L’histoire de Porsche passe inévitablement par la 911. Un modèle mythique qui fait la fierté du constructeur depuis près de 60 ans.

La Porsche 911 jouit d’une réputation si forte qu’elle en vient même à éclipser celle des autres voitures sport produites par le constructeur de Stuttgart au fil des décennies.

Les quatre modèles de Porsche à moteur avant en sont le meilleur exemple. Impossible de nier les qualités routières des 924, 928, 944 et 968. Des véhicules bien construits et dont le design a habilement traversé les époques… mais qui demeurent boudés par encore trop d’amateurs de la marque.

Pourquoi? La position d’entrée de gamme de ces modèles dans le catalogue de Porsche en a fait des produits moins désirables, parfois même désignés comme étant les « Porsche des pauvres ». Pourtant, avec leur configuration à moteur avant et à transmission à l’arrière, ces véhicules produits entre le milieu des années 70 et le milieu des années 90 proposent une conduite équilibrée, avec une répartition de poids qui frôle la perfection.

Le Guide de l’auto a réuni deux de ces modèles, une 944 1986 et une 968 1994, que vous pouvez observer de plus près dans la vidéo ci-haut. Cela nous a donné l’idée de faire un bref résumé de l’histoire de ces Porsche qui mériteraient assurément une meilleure reconnaissance.

La 924, une Porsche avec du sang de Volkswagen

L’idée de concevoir une Porsche à moteur avant est venue quelque part au début des années 70, quand est venu le temps de penser au remplacement de la 914.

Il faut savoir que la 914, une petite bagnole sport à moteur central, était le résultat d’un travail conjoint entre Porsche et Volkswagen. Les deux constructeurs allemands ont répété l’expérience dans le développement de ce qui allait devenir la 924, que l’on souhaitait alors commercialiser sous les deux marques. Quand on y pense, il s’agissait d’une association plutôt logique. Volkswagen avait besoin d’une voiture sport pour mousser son image tandis que Porsche avait besoin d’un véhicule plus abordable pour côtoyer la 911.

Au cours du développement du véhicule, la crise pétrolière de 1973 est venue jeter une douche froide sur l’industrie automobile. Volkswagen s’est finalement désistée du projet, laissant à Porsche le champ libre pour une commercialisation en solo. La Porsche 924 voyait ainsi le jour dès 1976, avec un design différent de celui de la 911 ou même de la 914 qu’elle venait remplacer.

La motorisation avant permettait à Porsche d’offrir un espace de chargement intéressant dans le coffre, surplombé par une immense baie vitrée. Sous le capot, on abandonnait la technologie des moteurs refroidis à l’air pour se tourner vers des moteurs conventionnels refroidis à l’eau. Pour vous donner une idée, il a fallu attendre jusqu’en 1997 avant que la 911 s’y convertisse!

La 924 amenait donc une touche de modernité au sein de la marque allemande, mais les amateurs de 911 pouvaient dormir sur leurs deux oreilles. La 924 était peu performante, avec un petit bloc à quatre cylindres de 2,0 litres générant un peu moins de 100 chevaux.

La 924 allait ensuite adopter une mécanique de 2,5 litres dans sa version S, poursuivant sa carrière pendant plus d’une décennie. Mais pendant ce temps-là, Porsche avait d’autres ambitions avec ses modèles à moteur avant…

La 928, tueuse de 911

Parallèlement à la 924, Porsche travaillait sur un projet d’envergure dans les années 70 : celui de remplacer la 911. À l’époque, Porsche considérait que ce modèle avait atteint son plein potentiel et qu’il était temps de lui trouver une héritière. On développa ainsi la 928 dans le triste but d’envoyer la 911 aux oubliettes.

Elle aussi construite à partir d’une architecture à moteur avant et à transmission arrière, la 928 était munie d’un moteur V8 en aluminium d’une cylindrée de 4,5 litres, qui allait par la suite passer à 5,0 litres. La voiture se démarquait également par un châssis en aluminium de même que par un essieu arrière multibras, une première à l’époque pour un véhicule de production. 

Au fil des années, on ajouta notamment une variante GTS, dotée d’un moteur de 5,4 litres déployant 345 chevaux. Il y eut même un prototype de 928 à quatre portes, mais l’idée n’atteignit jamais le stade de production.

La 928 eut une carrière de près de 20 ans, pour être finalement abandonnée en 1995. Cependant, elle n’aura jamais réussi à détrôner l’iconique 911, qui demeure le fer de lance de Porsche encore aujourd’hui.

De 924 à 944

Au début des années 80, la transition vers les véhicules à moteur avant se poursuivait chez Porsche. Dès l’année modèle 1982, un troisième joueur venait s’ajouter à la gamme, aux côtés de la 924 et de la 928. Il s’agit de la 944, un modèle dérivé de la 924, adoptant des ailes bombées et une mécanique légèrement plus puissante, avec un bloc à quatre cylindres de 2,5 litres développant environ 160 chevaux. 

Contrairement à ce que plusieurs croient, la 944 n’a pas remplacé la 924. Du moins, pas immédiatement. La 924 a poursuivi son bout de chemin jusqu’en 1988, les dernières années étant réservées à la production de la 924S, qui utilisait justement la mécanique de la 944.

De son côté, la 944 allait poursuivre sa carrière jusqu’en 1991. Une variante Turbo était offerte, de même qu’une configuration décapotable à partir de 1989. Porsche a également introduit des 944 S et S2 qui faisaient appel à des moteurs de plus grosse cylindrée.

Pas moins de 163 302 unités de la 944 ont été construites par Porsche. Cela en fait le modèle le plus vendu parmi les quatre Porsche à moteur avant de cette époque. Il faudra attendre l’arrivée du Cayenne, au début des années 2000, pour qu’une Porsche à moteur avant obtienne plus de succès.

La 968 : finir en beauté

Au tournant des années 90, le règne des Porsche à moteur avant tirait à sa fin. Alors que la 911 s’adressait aux puristes avec son moteur toujours refroidi à l’air, Porsche introduisit la 968, qui venait remplacer la 944.

La légende veut qu’elle devait d’abord s’appeler 944 S3, mais les dirigeants de Porsche ont convenu que les changements étaient assez majeurs pour justifier une nouvelle nomenclature. La 968 arriva donc pour l’année modèle avec une allure nettement plus arrondie et avec des phares visibles en tout temps, quoique toujours rétractables.

La mécanique, un bloc à quatre cylindres de 3,0 litres, produisait environ 240 chevaux et pouvait être associée à une transmission manuelle à six vitesses ou automatique à quatre rapports. Construite seulement entre 1991 et 1995, la 968 est la plus rare des Porsche de sa génération. Un peu moins de 13 000 unités du modèle ont été fabriquées.

La fin d’une époque

En 1995, donc, l’aventure se terminait. Porsche abandonnait la 968, que l’on allait remplacer par la Boxster à moteur central dès l’année suivante. C’était la fin des sportives Porsche à moteur avant.

D’un petit projet né en partenariat avec Volkswagen dans les années 70, Porsche réalisa finalement une dynastie de voitures au comportement routier équilibré dont le plaisir de conduire est encore intact à ce jour.

La bonne nouvelle, c’est que quelques-uns de ces modèles ont été entretenus méticuleusement par leurs propriétaires au fil des années et peuvent encore être conduits aujourd’hui. Et comme ces produits n’ont jamais été aussi désirables qu’une 911 aux yeux des « porschistes », il est aujourd’hui possible de se procurer une 924 ou une 944 en bon état pour moins de 10 000 $. Les 928 et 968 ont une valeur plus élevée, mais elles demeurent nettement plus atteignables que les 911 de la même époque.

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